Le tweet d’après-visionnage :
SYNOPSIS: Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : « Les garçons et Guillaume, à table ! » et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : « Je t’embrasse ma chérie » ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus.
Que ça fait du bien! Dans le paysage d’une comédie française atone et relativement formatée pour plaire au plus grand nombre, il est plus que revigorant de tomber ça et là sur des auteurs originaux, avec un véritable univers, une intelligence et un vrai talent dans l’écriture et la pertinence du propos. C’est le cas du premier film totalement atypique de Guillaume Gallienne, Les garçons et Guillaume à table!, une vraie pépite qui sous couvert d’une comédie, dit des choses importantes sur l’identité que l’on se forge et celle que l’on se crée, mais aussi sur l’identité sexuelle, mais qui finalement ne raconte rien d’autre qu’une véritable histoire d’amour entre une mère et son fils. Présenté au dernier Festival de Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, Les garçons et Guillaume à table! truste depuis les récompenses, les standing ovation et les commentaires dithyrambiques et a phagocyté la dernière nuit des César en remportant pas moins de cinq statuettes. Adapté de son propre spectacle, Guillaume Gallienne, sociétaire de la Comédie Française, réussit une première œuvre extrêmement drôle mais il parvient également à insuffler une certaine émotion et l’équilibre entre les deux est magnifiquement dosé.
Sujet on ne peut plus personnel, Guillaume Gallienne fait preuve de courage et se dévoile avec suffisamment de recul et de pertinence pour que l’on n’ait pas un sentiment de voyeurisme à la vision de son film. Évitant l’écueil du théâtre filmé mais en faisant un lien direct avec son spectacle, l’acteur réalisateur se permet la gageure de jouer son propre rôle à la fois ado et adulte, mais de camper également celui de sa mère. Ce qui aurait très vite pu virer au théâtre de boulevard ou à la comédie burlesque pure façon Tootsie ou Madame Doubtfire, passe parfaitement tant du côté comique que du côté des relations mère-fils qui sont très subtilement dépeintes. Kaléidoscope des souvenirs de Guillaume Gallienne posés pèle mêle mais savamment distillés, le film est alerte et rythmé et réserve son lot de scènes hilarantes, puis, alors que la tendresse affleure, l’émotion est vite désamorcée par une réplique amusante.
Acceptant toutes les situations rocambolesques que son histoire lui imposait, Guillaume Gallienne n’a peur de rien et surtout pas du ridicule. Que ce soit la séquence devant le psy de l’armée, ou lors des « soins » prodigués en Bavière par une Diane Kruger à l’accent allemand prononcé, de la tentative de rencontre d’un soir qui vire au fiasco à l’apprentissage de sports censés développer sa virilité, les scènes comiques se succèdent avec un rythme de métronome. La finesse de l’auteur lui permet de ne pas oublier de développer des thématiques sérieuses derrière la drôlerie, comme le fait de devoir faire face à ses peurs, notamment celle de décevoir sa mère et de parvenir à se lancer seul dans la vie d’adulte.
La performance d’acteur de Guillaume Gallienne est réellement bluffante, le comédien parvenant en conservant la même apparence à passer de l’enfant à l’ado puis à l’adulte avec une vraie facilité et une incroyable justesse. De la même façon, sous les costumes de sa mère, il est tout simplement parfait, tant et si bien, qu’on oublie bien vite que c’est un homme qui joue le rôle d’une femme, le travestissement ne constituant jamais un frein à l’histoire et à sa vérité. Flirtant avec le surréalisme et l’absurde, Guillaume Gallienne se joue des codes en vigueur pour construire sa propre vérité et sa propre identité, celle d’un garçon élevé d’abord comme une fille puis d’un homme dont l’entourage est tellement persuadé qu’il est homosexuel, que lui même viendra à en douter, devant finir par assumer son hétérosexualité. Les garçons et Guillaume à table! révèle un metteur en scène qui impose d’emblée sa patte et sa singularité et dont le talent d’auteur déjà remarqué à la télévision ou sur les planches, prend ici une nouvelle dimension. Pour un premier essai, c’est absolument divin et on peut déjà dire LE Gallienne comme on parle d’un grand cru.
DETAIL DES SUPPLEMENTS:
De la scène à l’écran, un documentaire de Patrick Fabre (40 min.)
Retour sur les origines du film grâce aux interviews de Guillaume Gallienne, Olivier Meyer (directeur du théâtre de l’ouest parisien à l’initiative des 1ères représentations de la pièce) et Claude Mathieu (metteuse en scène de la pièce, conseillère et collaboratrice artistique du film).
Titre original: LES GARÇONS ET GUILLAUME A TABLE!
Réalisé par: Guillaume Gallienne
Casting: Guillaume Gallienne, Diane Kruger, Françoise Fabian,
Reda Kateb, André Marcon, …
Genre: Comédie
Disponible en DVD et Blu-ray le 20/03/2014 chez Gaumont
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Catégories :Critique Blu-Ray, Sorties Vidéo