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DANS L’OMBRE DE MARY – LA PROMESSE DE WALT DISNEY (Critique)

3 STARS BIEN

dans l'ombre de mary afficheSYNOPSIS: Lorsque les filles de Walt Disney le supplient d’adapter au cinéma leur livre préféré, “Mary Poppins”, celui-ci leur fait une promesse… qu’il mettra vingt ans à tenir ! Dans sa quête pour obtenir les droits d’adaptation du roman, Walt Disney va se heurter à l’auteure, Pamela Lyndon Travers, femme têtue et inflexible qui n’a aucunement l’intention de laisser son héroïne bien aimée se faire malmener par la machine hollywoodienne. Mais quand les ventes du livre commencent à se raréfier et que l’argent vient à manquer, elle accepte à contrecoeur de se rendre à Los Angeles pour entendre ce que Disney a imaginé… Au cours de deux semaines intenses en 1961, Walt Disney va se démener pour convaincre la romancière. Armé de ses story-boards bourrés d’imagination et des chansons pleines d’entrain composées par les talentueux frères Sherman, il jette toutes ses forces dans l’offensive, mais l’ombrageuse auteure ne cède pas. Impuissant, il voit peu à peu le projet lui échapper… Ce n’est qu’en cherchant dans le passé de P.L. Travers, et plus particulièrement dans son enfance, qu’il va découvrir la vérité sur les fantômes qui la hantent. Ensemble, ils finiront par créer l’un des films les plus inoubliables de l’histoire du 7ème art…

Sur le papier, Dans l’ombre de Mary a tout du candidat taillé pour les Oscars : biopic historique mettant en scène la rencontre entre P.L. Travers, l’auteure d’origine australienne de Mary Poppins, et un personnage très aimé du grand public – en particulier des américains – alias Mr Walt Disney en personne. Le film montre le passage dans l’antichambre des coulisses dorées d’Hollywood avec mise en lumière de la genèse compliquée d’un projet cher au patron du studio aux grandes oreilles – en l’occurrence Mary Poppins. Doté d’un casting prestigieux composé d’acteurs adoubés par l’Academy (Tom Hanks, Emma Thompson, Paul Giamatti), productrice tout autant chérie (Alison Owen, lauréate d’un prix pour sa participation au film de Shekhar Kapur, Elizabeth), réalisateur choyé par les siens (John Lee Hancock, The Blind Side, environ 256 millions de dollars amassés sur le sol américain et statuette dorée pour sa vedette Sandra Bullock). Pourtant, Saving Mr Banks (le nom du film en version originale) n’a guère retenu l’attention des membres de l’Academy : coup de flair d’un nanar type Hitchcock l’an dernier, concurrence trop rude cette année, ou dénigrement illégitime ? Réponse en quelques paragraphes:

dans l'ombre de mary 1Tout le monde connaît Mary Poppins. Personne ou presque ne connaît Pamela Travers, la romancière qui créa en 1934, à travers un livre, cette super-nanny aux pouvoirs ensorcelants. En offrant un éclairage sur l’adaptation mouvementée de Mary Poppins sur grand écran par Walt Disney, John Lee Hancock propose quelque chose d’assez nouveau, finalement peu traité au cinéma : une visite du processus créatif extrêmement laborieux de la transposition d’un roman en un film culte. Pour se faire, le réalisateur, épaulé par la scénariste Kelly Marcel, qui a potassé son cours en se penchant sur les archives, développe intelligemment les conflits d’intérêts entre les deux protagonistes centraux, figures charismatiques aux ego surdimensionnés, mais finalement aptes à concéder leurs caprices et leurs manies (l’allergie à toute forme de fantaisie chez l’une, l’impatience et la rigidité psychique démesurée chez l’autre) au profit de l’Art. A la clé donc, un discours lucide et honorable sur les liens ambigus partagés durant de nombreuses années. Il faut avouer que si ce face-à-face émouvant vaut le détour, c’est aussi et surtout grâce aux interprètes : Emma Thompson est formidable en écrivain fragile, éventail de jeu nuancé pour témoin, et Tom Hanks livre, comme à son habitude, une performance magistrale. dans l'ombre de mary 2

Dans l’ombre de Mary pâtit toutefois d’une mise en scène convenue, dénuée d’incarnation et d’ambitions – saluons néanmoins la douce et juste composition musicale de Thomas Newman – d’une écriture dépourvue de grâce et surtout d’une construction narrative maladroite et tire-larmes, avec montages parallèles et présentation de deux époques qui peinent réellement à s’imbriquer l’une dans l’autre. Ainsi, les excursions dans l’enfance de P.L. Travers, sous forme de flash-backs ayant comme objectifs principaux de clarifier et d’adoucir la personnalité complexe de l’auteur australienne, sont mécaniques et grossières (Colin Farrell hyper fade en père alcoolo-dépendant mentalement torturé, élément assez raccord avec la réalité). Le comble vers la fin : John Lee Hancock maquillant la réalité et érigeant Walt Disney tel le psychanalyste de la romancière à l’aide d’une pirouette scénaristique plus que douteuse (n’oublions pas la logique cela dit : le film est produit par Walt Disney Pictures). Un mensonge difficile à encaisser, qui discrédite un peu l’œuvre, avouons-le.

dans l'ombre de mary 3Enfin, relativisons tout de même et savourons la légèreté qui parfume ce Saving Mr Banks, fiction drôle et tendre, quoique parfois un peu niaise (pas merci les compositeurs Sherman et le scénariste Don DaGradi, pas merci le passage à Disneyland), haute en couleurs, traversée par une volonté de rendre hommage aussi bien à l’œuvre littéraire qu’au chef d’œuvre musical avec Julie Andrews, et offrant aux spectateurs une furieuse et impérieuse envie de revoir ce bon vieux classique qu’est Mary Poppins.

dans l'ombre de mary affiche miniTitre Original: SAVING MISTER BANKS

Réalisé par: John Lee Hancock

Casting: Emma Thompson, Tom Hanks, Paul Giamatti,

Colin Farrell, Ruth Wilson, Bradley Whitford….

Genre: Biopic, Drame, Comédie

Sortie le: 05 Mars 2014

Distribué par : The Walt Disney Company France

3 STARS BIEN BIEN

 

 

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