Le tweet de sortie de projo:
SYNOPSIS:Les services de police inventent une nouvelle arme infaillible, Robocop, mi-homme, mi-robot, policier électronique de chair et d’acier qui a pour mission de sauvegarder la tranquillité de la ville. Mais ce cyborg a aussi une âme…
Qui a oublié l’inestimable Robocop, ce super-flic mi-homme mi-robot immortalisé en 1987 par Paul Verhoeven (réalisateur) & Peter Weller (son interprète) ? Le célèbre film du réalisateur néerlandais avait à l’époque – et encore aujourd’hui – amplement marqué les esprits par son approche originale d’un genre ‘à la mode’ (surfant ainsi sur la vague du succès de Terminator ), offrant une satire politique über-violente et percutante (un pamphlet contre l’Amérique Reaganienne pro-armes à feu et new technologies). Resté en mémoire également l’aspect ‘comic-book movie avant l’heure’ du long-métrage, qui érigeait Robocop au rang de (super) héros traumatisé et bousculé dans son humanité. À l’heure où Hollywood mitonne des remakes et des reboots en un temps record, il paraissait évident que le chef-d’œuvre de Paul Verhoeven allait lui-aussi passer à la moulinette des « nouvelles adaptations ». C’est en toute logique donc qu’il se voit offrir aujourd’hui une manucure gratos (quoique, 100 millions de dollars de budget) au pays de l’Oncle Sam. Une pas si mauvaise idée que ça sur le papier tant les corporations et l’ultra-libéralisme sont toujours la norme aux USA et le miroir de réflexions en cours sur la place des nouvelles technologies. Réalisé par José Padilha, l’auteur de l’excellent Troupe d’Elites, Robocop version 2014 sort en salles le 5 février.
Remaker Paul Verhoeven, 2nd round. Après l’accident industriel Total Recall en 2012, place à Robocop cette année. La parution en ligne d’une bande-annonce médiocre et la confirmation d’une classification de censure PG-13 ont fait jaser la toile il y a quelques mois. Les craintes deviennent hélas réalités aujourd’hui, quasiment sur tous les plans. Tandis que le génial Paul Verhoeven dressait un tableau satirique intelligent du capitalisme (le pouvoir offert aux multinationales libérales remis en cause) dans un Detroit de série B façonnée à la John Carpenter, le réalisateur brésilien José Padilha, bridé par son studio, se contente malheureusement d’un blockbuster insipide et fade, à la mise en scène tantôt terne et impersonnelle, tantôt terriblement fonctionnelle. Tout semble ici brouillon (quelques saillies politiques sorties de nulle part, le spectacle télé mondialisé comme dans Hunger Games , thème à peine développé ici) ou malheureusement fondé sur une mécanique huilée. Le propos corrosif contre l’anarchie et les rues puantes, remplies de crapules sans cœur, a disparu. José Padilha utilise simplement son robot pour interroger l’ambiguïté de la lutte contre le crime, ou encore l’humanité de son héros. Rien de très bandant. Les seuls enjeux « nouveaux » qu’il développe sont hélas à peine esquissés, comme l’acceptation de soi à travers le regard du fils, ou encore la perception ambivalente de Robocop par l’opinion publique, tantôt héros d’une nation fragile, tantôt prothèse médicinale désincarnée. Le metteur en scène brésilien s’est également affranchi – à tort – de la dimension religieuse qui parcourait la version Verhoeven, avec cette fameuse scène de « crucifixion » d’Alex Murphy lorsque ce dernier se faisait abattre par Clarence Bodicker et ses sbires, avant sa résurrection en créature mi-homme mi-machine. Aucune image de cette ampleur ici.
Alors évidemment, les scènes d’action qui défilent remplissent le cahier des charges, assurant un divertissement syndical, quoique l’une d’entre elle parait terriblement datée (pour un film SF produit en 2014, on attendait bien mieux), mais on pouvait espérer davantage d’une relecture d’un tel chef-d’œuvre. Dans ce paysage, on salue tout de même la séquence d’entraînement de Robocop, conçue esthétiquement comme un univers gamer de shoot’em up’, qui fait sensiblement mouche. Côté casting, le freluquet Joel Kinnaman succède au charismatique Peter Weller dans la peau du cyborg flic, et livre une prestation conventionnelle (Avant que le choix de Joel Kinnaman ne soit acté pour le rôle de Robocop, plusieurs acteurs avaient été pressentis parmi lesquels Michael Fassbender, Matthias Schoenaerts et Russell Crowe. De même, Darren Aronofsky a un temps été approché pour réaliser ce remake).
Samuel L. Jackson a rarement été aussi mauvais en présentateur vedette d’un show télévisé, Michael Keaton cachetonne à max, incarnant un méchant de pacotille. La jolie Abbie Cornish fait office de faire-valoir du héros. Seul acteur à réellement tirer son épingle du jeu, quoique reprenant à peu de choses près les traits du Commissaire Gordon, qu’il a interprété dans la trilogie Dark Knight : Gary Oldman. L’acteur joue le démiurge du robot, attaché à son bébé tel le Dr Frankenstein avec sa créature hideuse (LA bonne idée du film). Beaucoup trop sage, Robocop version 2014 souffre de la comparaison avec le modèle de Paul Verhoeven. Si elle est efficace sur certains plans (une scène de combat réussie, les questionnements identitaires du robot héros), cette nouvelle mouture, dirigée par le brésilien José Padilha, est hélas bas-de-gamme côté enjeux, mise en scène et esthétique visuelle.
Texte: Piwi
Cinéphile invétéré qui bouffe de la pellicule depuis toujours, passionné qui transmet ses coups de coeur et ses coups de gueule en toute objectivité, matinée de la mauvaise foi qui caractérise le cinéphage! Me suivre: @Piwi_47
Titre Original : ROBOCOP
Réalisé par: José Padilha
Casting: Joel Kinnaman, Gary Oldman, Samuel L. Jackson,
Michael Keaton, Abbie Cornish, Jay Baruchel….
Genre: Action, Science-fiction
Sortie le: 05 Février 2014
Distribué par : StudioCanal
PAS GENIAL
Catégories :Critiques Cinéma
Belle entrée en scène, Robin!
C’est vrai que Aronofsky et Fassbender au générique, ça aurait eu beaucoup plus de gueule quand même! Pas encore eu le courage d’aller voir ce film en salles, je ne sais pas si j’irai finalement…
Merci 🙂
C’est une très bonne critique. Même si je ne vois pas quelle est la scène d’action réussit… 😉
Le Robocop de Paul Verhoeven était un Frankenstein moderne et il abordait de nombreux sujets sociaux et politiques : la privatisation à outrance (police, armée…), le contrôle du pouvoir (la directive 4), le fait que les employés continuent d’appartenir à leur société même après leur mort… Tout a été aseptisé ici comme tu le montres bien.
Autre détail, pour moi, l’original comporte la scène de réanimation la plus réaliste de l’histoire du cinéma et là aucun effort n’est fait de ce côté : on voit qu’il ne possède plus qu’un coeur et des poumons mais vous pouvez me dire à quoi ça sert un coeur qui bat s’il n’est pas relié à des artères ? Ridicule en tout point.
Je ne condamne qu’en parti José Padilha qui a du être très limité par ses producteurs car troupes d’élite 1 et 2 sont vraiment des chefs d’oeuvre. (tout comme l’avait été Irvin Kershner, réalisateur de l’Empire contre-attaque, pour Robocop 2).
C’est vrai le 1 et 2 sont très bien,mais le 3,c’est le foutage de gueule.