Le tweet de sortie de projo
SYNOPSIS: Pour financer leur Spring Break, quatre filles aussi fauchées que sexy décident de braquer un fast-food. Et ce n’est que le début… Lors d’une fête dans une chambre de motel, la soirée dérape et les filles sont embarquées par la police. En bikini et avec une gueule de bois d’enfer, elles se retrouvent devant le juge, mais contre toute attente leur caution est payée par Alien, un malfrat local qui les prend sous son aile…
En voilà un ovni, un film à nul autre pareil qui débarque sur les écrans tous bikinis dehors, avec ses couleurs acidulées, ses bimbos outrageusement sexys, icônes d’un empire Disney dont l’âme serait passée au vitriol ou qui les auraient vues plonger dans un immense bassin de cocaïne. Harmony Korine délivre un film qui fait preuve d’un indéniable savoir faire visuel, mais qui en fin de compte se révèle plutôt vain, tant le scénario creux ne dit rien, ne pose aucun enjeu dramatique ce qui ne permet aucune empathie envers des personnages intéressants sur le papier, mais sous exploités à l’écran et dont la quête devient vite ennuyeuse et prétexte à ne nous montrer que des filles splendides dans des poses lascives! Où comment en creux, parler de la culture du vide, mais en adoptant un mode narratif semblable à ces clips sans âme diffusés en boucle ou ces émissions de télé réalité qui ne racontent rien d’autre que le désœuvrement et la recherche de reconnaissance médiatique d’une jeunesse hyper-sexualisé et sous-éduquée.C’est au point où l’on se demande si le réalisateur démontre ou dénonce un tel état de faits, car rien dans son film ne donne clairement une réponse. Sa caméra suit ses héroïnes dans leurs pérégrinations, elle caresse leurs formes dans le moindre détail de manière extrêmement ostentatoire jusqu’à créer une espèce de malaise. Car s’il comptait évoquer une jeunesse au bord du gouffre, le propos se dilue dans des images colorées, saturées de filtres fluo, jusqu’à en devenir un spectacle racoleur avec aucun discours intéressant au final. Une coquille vide en quelque sorte, d’où un désintérêt croissant devant ce qui ressemble à un fantasme traité à la manière d’un exutoire par le réalisateur.
Et pourtant, derrière tout ce vide ostensible, Harmony Korine parvient à conférer à son film une ambiance immersive devant laquelle on finit par lâcher prise. Car le bonhomme connait son affaire et sait visuellement créer des choses qui flattent la rétine, de vraies et belles images de cinéma, et il nous entraine dans une expérience sensorielle assez décomplexée, sublimée par une B.O débridée qui comprend quelques moments épiques. Accompagné dans son trip par ses quatre comédiennes qui cassent leur image avec jubilation, le metteur en scène compose des séquences assez dingues, entre conte de fées amoral sous acide et expérience mystico-branchouille.
Après, le spectacle n’est pas à mettre devant tous les yeux, les adolescentes notamment qui suivront leurs actrices fétiches risquent de tomber de haut et de ne pas retrouver les ambiances High School Musical ou Pretty Little Liars auxquelles elles étaient habituées. C’est aussi toute la roublardise d’un réalisateur qui a compris l’utilisation qu’il pouvait faire de comédiennes formatées à l’image lisse pour s’attirer tout à la fois un nouveau public et le mettre face à ses dérives et paradoxes. Reste donc un film vraiment particulier, avec un James Franco absolument hallucinant (notamment dans une scène au piano où il reprend du…. Britney Spears), quatre actrices filmées parfois comme dans un film érotique des années 70, et pas grand chose du thriller sexué qu’on aurait pu attendre . Une espèce de gros bonbon acidulé au goût finalement amer.
Titre Original : Spring Breakers
Réalisé par: Harmony Korine
Casting: Ashley Benson, Rachel Korine, Selena Gomez,
Vanessa Hudgens, James Franco…
Genre: Drame, Policier
Sortie le: 06 Mars 2013
Distribué par : Mars Distribution
Moyen
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2010
prétexte à ne nous montrer que des filles splendides dans des poses lascives ~~~~> j’y vais!
Non mais ça ça me surprend pas trop je dois dire;)
Je n’en attendais pas moin wildgunslinger ! Bravo pour cette critique réussite!
Très bonne critique ! Et merci wildgunslinger pour ces doux mots! 😉
Très mauvaise critique ^^
C’est sur que si tu t’attendais à un thriller, c’est pas vraiment ça… Faut mater ce qu’a fait Harmony Korine avant. C’est un super film d’auteur, qui décrit avec brio la génération nourri justement à cette imagerie pop de Disney et puis de MTV qui arrive à l’age adulte, mais s’emmerde sec dans leur patelin de merde. C’est un superbe tableau de l’Amérique d’aujourd’hui, avec une déconstruction du ciné à suspens et fleur bleu, et en creux une critique de tous les symboles de l’Amérique qui ronfle sur son histoire >> voir les films qui sortent depuis quelques années sur des moments d’histoire des USA.
L’overdose de seins nus et d’images frénétique montre bien la vacuité de la recherche de la jouissance en soi, c’est d’ailleurs pour cela que les héroïnes sont mélancoliques par moment, mais elles l’expriment avec leurs références. Et tout cela bien est voulu par l’auteur.
Le suspens du scénario réside dans le questionnement permanent du sens de cette recherche, et qui n’en a pas, d’où le malaise finale. L’auteur ne prétend pas donner une réponse, ce qui est une preuve d’humilité, et d’objectivité.
Tu aurais pu te contenter de dire que tu n’as pas aimé le film, et/ou de préciser seulement qu’il ne faut pas aller le voir pour voir un thriller.
J’aurais pu m’en contenter en effet mais je me suis dit que si ça pouvait embêter tous ceux qui y voyaient un grand film, je n’avais aucune raison de m’en priver;)
C’est un peu plus intéressant d’argumenter quand on n’a pas aimé un film.
Cette critique est au contraire très bonne, parce qu’elle explique précisément ce que son auteur n’a pas aimé.
Dire qu’une critique est très mauvaise parce que l’avis de son auteur diffère du sien…hum…
Il se trouve que je n’ai pas aimé du tout ce film non plus et que je le trouve très mauvais, mais j’écoute ou je lis parfois des avis contraires aux miens que j’apprécie quand ils sont argumentés et cohérents, comme c’est le cas ici.
C’est déjà arrivé pour Looper par exemple, dont Cliffhanger a fait une excellente critique selon moi…alors que je ne suis pas du tout d’accord avec lui sur le fond.
Bref, chacun son point de vue, tout est entendable et défendable si c’est argumenté.
J’avoue que je partage le scepticisme de Manu et l’analyse sur la recherche. Mais en revanche je n’ai pas aimé le film non plus, j’ai trouvé que la démarche de Korine (intéressante au demeurant) s’effondrait dans le flou de ses intentions et que l’énergie s’échappait. J’ai beaucoup aimé ce passage dans ta critique qui exprime bien cela :
« C’est au point où l’on se demande si le réalisateur démontre ou dénonce un tel état de faits, car rien dans son film ne donne clairement une réponse. Sa caméra suit ses héroïnes dans leurs pérégrinations, elle caresse leurs formes dans le moindre détail de manière extrêmement ostentatoire jusqu’à créer une espèce de malaise. Car s’il comptait évoquer une jeunesse au bord du gouffre, le propos se dilue dans des images colorées, saturées de filtres fluo, jusqu’à en devenir un spectacle racoleur avec aucun discours intéressant au final. Une coquille vide en quelque sorte, d’où un désintérêt croissant devant ce qui ressemble à un fantasme traité à la manière d’un exutoire par le réalisateur. »
Mon film de l’année 2013, sans doute possible, une grosse baffe dans ma gueule. Si ma critique du film t’intéresses, ou celle d’autres films, tu peux la lire sur mon blog : http://passionemablog.wordpress.com/2013/07/30/spring-breakers/
Tu me diras ce que t’en as pensé. Sympa le blog au passage, même si je suis pas d’accord sur cette critique là :p