Critiques Cinéma

COGAN (Critique) **

SYNOPSIS : Lorsqu’une partie de poker illégale est braquée, c’est tout le monde des bas-fonds de la pègre qui est menacé. Les caïds de la Mafia font appel à Jackie Cogan pour trouver les coupables. Mais entre des commanditaires indécis, des escrocs à la petite semaine, des assassins fatigués et ceux qui ont fomenté le coup, Cogan va avoir du mal à garder le contrôle d’une situation qui dégénère…

Le tweet de sortie de projo:

cogan tweet

Dire qu’on l’attendait avec impatience ce Cogan est un doux euphémisme. Après les échos cannois contrastés mais quand même relativement cléments, voici donc que débarque dans les salles le nouveau film mis en scène par Andrew Dominik après le splendide et mésestimé L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Après avoir revisité le western et lui avoir conféré un aspect contemplatif et poétique, voici que le réalisateur s’attaque au film de gangsters. Avec son sens de l’esthétique, son brio de metteur en scène, et un casting plutôt excitant avec Brad Pitt en première ligne, pas beaucoup de risques de se vautrer, sauf que si le scénario recèle quelques idées intéressantes, le poisson est vite noyé par des litanies de dialogues qui font souffler au final un ennui pesant sur le film.

COGAN AFFICHE

Dire que la déception est à la hauteur de l’attente n’est pas un vain mot. Alors que tout semblait réuni pour que le projet accouche d’un film à la fois poétique et sombre, inventif et profond, et qu’y voir associer les noms de James Gandolfini (Les Soprano)et Ray Liotta (Les affranchis) achevaient de nous convaincre qu’on allait vivre des moments d’anthologie, sans doute avons nous été trompés par nos souvenirs de leurs rôles marquants. Mais quoi qu’il en soit, Cogan n’est jamais ce film ébouriffant que l’on espérait. Certes il est traversé par quelques morceaux de mise en scène assez fabuleux, ok Brad Pitt est très bien en tueur à gages intense au visage émacié, mais en dehors de quelques fulgurances que nous apporte ce film sinon un ennui abyssal? Vous avez beau avoir été biberonné au film de gangsters où ça dessoude à tout va, où les tueurs échangent des banalités ou des vérités immenses, Cogan se perd en circonvolutions et il est très dur de s’extraire de la nasse.

COGAN 1

A la fois radiographie d’un pays qui n’en finit pas de sombrer dans la crise, représentation d’une Amérique où le pouvoir politique est omniprésent mais impuissant et où toutes les analyses se chevauchent et se contredisent (les scènes sont légion où les télés ou bien les radios poursuivent leurs litanies sur la crise financière en fond sonore), Cogan se veut aussi un instantané sur la légende urbaine que représente le tueur à gages, être mystérieux et évanescent qui apparait et disparait au gré de ses missions mais que personne ne connait véritablement. En parsemant son film de dialogues interminables entre gangsters, Andrew Dominik s’exposait à la comparaison avec d’illustres prédécesseurs, Quentin Tarantino le premier. Et force est de constater que c’est à son détriment. Chez Tarantino, les personnages ont des échanges loufoques mais très écrits et vraiment très funs. Chez Dominik, c’est également très littéraire, certains dialogues sont très percutants, mais au final c’est d’un ennui total et jamais on ne ressent la jubilation qu’un Pulp Fiction par exemple peut provoquer.

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Reste que visuellement Andrew Dominik en a sous la semelle et qu’il parvient à tirer son épingle du jeu d’un scénario pas suffisamment haletant. En quelques séquences de violence qui ne se ressemblent ni l’une ni l’autre et qui ont chacune un rendu visuel différent, il envoie des images qui impriment la rétine et qui sont sacrément réussies, prouvant si besoin était qu’il était un metteur en images de haute volée. En livrant un film qui ne pouvait qu’être jugé à l’aune des Scorcese, Coppola et consorts, Dominik rate la marche qui aurait pu lui faire poser le pied auprès de ses ainés. Il n’en reste pas moins qu’on suivra la suite de sa carrière avec énormément d’intérêt, car avec un matériau écrit aussi virtuose que l’est son style visuel, il devrait assez vite nous offrir un nouveau chef-d’œuvre. Mais en attendant, quel ennui!

COGAN DE ANDREW DOMINIK, AVEC BRAD PITT, JAMES GANDOLFINI, RAY LIOTTA, RICHARD JENKINS, TREVOR LONG, BEN MENDELSOHN, SCOOT MCNAIRY… SORTIE LE 5 DECEMBRE 2012

DISTRIBUE PAR METROPOLITAN FILMEXPORT

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