Critiques Cinéma

DO NOT DISTURB (Critique) **

SYNOPSIS: Un soir, Jeff débarque sans prévenir chez Ben. Pour célébrer ces retrouvailles et distraire son vieux copain de sa vie rangée, Jeff l’entraîne dans une fête. Sur place, une discussion évoque un festival de porno amateur et l’idée prend vite l’allure d’un pari : Jeff et Ben coucheront ensemble sous l’œil d’une caméra. Ce n’est ni gay ni porno, ce sera de l’Art ! Le lendemain, impossible de se dégonfler. Rien ne les arrêtera, sauf peut-être la femme de Ben, l’hétérosexualité ou certaines questions mécaniques…

Yvan Attal est un comédien talentueux et attachant. Ses débuts dans la mise en scène avec Ma femme est une actrice puis Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants donnèrent la sensation diffuse qu’une œuvre était en train de se construire, certes pas exempte de défauts, mais qui avait le mérite de la sincérité et d’un regard intéressant. En acceptant un film de commande, remake d’un film américain indépendant, Humpday, qui connut un certaine succès il y a à peine trois ans, il a d’abord surpris et surtout, au vu du résultat, il déçoit plus que de raison. Sur un argument d’une extrême faiblesse, Do Not Disturb ne dérange rien ni personne, à peine sauvé de l’ennui par ses comédiens.

Le sujet du film recelait pourtant de formidables promesses mais jamais on ne s’attache réellement aux personnages et surtout jamais le prétexte qui influe sur leur choix ne semble suffisamment fort pour justifier leur passage à l’acte. Do not disturb est un film qui voudrait ruer dans les brancards, mettre mal à l’aise et vous pousser dans vos derniers retranchements, mais il prend très vite l’allure d’un pétard mouillé, se contentant d’aligner des scènes pseudo subversives. Alors certes Yvan Attal n’est pas un tâcheron, il sait diriger ses comédiens et mettre en scène, mais on s’attendait à autre chose, et c’est comme si le postulat de départ n’était qu’effleuré, noyé au milieu de considérations vaseuses sur l’amitié, le challenge, l’art, le passage de rubicon entre l’enfance et l’âge adulte.

Do not disturb souffre d’un déséquilibre net, à notamment trop vouloir appuyer sur les différences principales de statut familial de ses deux héros, comme pour bien marquer leur évolution au fil du temps. Entre celui, rangé des voitures, bobo, marié et qui tente de faire un enfant et l’aventurier ténébreux et cool, sans attaches. Le film a constamment le cul entre deux chaises à hésiter à affronter franchement son sujet et à prendre des chemins de traverse en contant une amitié indéfectible entre deux hommes qui s’étaient promis de réaliser quelque chose ensemble et qui voient là, leur dernière chance de le faire. L’amitié entre mecs et les conséquences de tous les choix qu’ils peuvent faire ou ont pu faire, c’est peut être ça le vrai sujet de Do not disturb, mais comme ce n’est pas l’intention de départ, ça s’avère laborieux.

En sacrifiant visiblement ses personnages secondaires au fur et à mesure de son récit (l’effacement progressif des personnages féminins surtout, pourtant pas les moins réussis), Yvan Attal nous conduit jusqu’à la longue séquence de fin dans la chambre d’hôtel, où il ose enfin aborder son thème de départ et créer une sorte de malaise. Cette scène, propice aux révélations et où les masques tombent enfin est plutôt réussie et nous permet d’avoir un aperçu de ce qu’aurait pu être Do not disturb s’il avait embrassé ce chemin sur toute la durée. Au final, ce n’est malheureusement pas le cas et on retiendra de cet essai manqué le toujours impeccable François Cluzet et la lumineuse Laetitia Casta. Pour le Yvan Attal réalisateur, on attend de pied ferme qu’il reprenne la route tracée par ses deux premiers films et dans laquelle on reste prêt à le suivre.

DO NOT DISTURB DE YVAN ATTAL, AVEC FRANCOIS CLUZET, YVAN ATTAL, LAETITIA CASTA, ASIA ARGENTO, CHARLOTTE GAINSBOURG, JOEY STARR… SORTIE LE 03 OCTOBRE 2O12

DISTRIBUE PAR UGC DISTRIBUTION

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