Critiques Cinéma

ELLE S’APPELLE RUBY (Critique) ***

SYNOPSIS: Calvin est un romancier à succès, qui peine à trouver un second souffle. Encouragé par son psychiatre à écrire sur la fille de ses rêves, Calvin voit son univers bouleversé par l’apparition littérale de Ruby dans sa vie, amoureuse de lui et exactement comme il l’a écrite et imaginée.

Après le triomphe de Little Miss Sunshine il y a déjà six ans, dire qu’on attendait Valerie Faris et Jonathan Dayton au tournant est un doux euphémisme. Pour leur second film, ils s’éloignent de l’autopsie de la cellule familiale pour ausculter l’histoire d’un couple sous la loupe grossissante de leur regard d’entomologiste. Très frais et pétillant, Elle s’appelle Ruby, avec son couple central craquant auquel on s’attache forcément est un excellent feel-good movie qui par son écriture maligne et précise propose une analyse atypique du couple. En se dotant qui plus est d’un casting parfait, on se régale de bout en bout, même si le film souffre parfois d’un rythme inégal et d’un versant côté sombre qui aurait mérité d’être approfondi.

En taillant leur récit à l’échelle humaine, Valerie Faris et Jonathan Dayton réussissent l’alchimie presque parfaite entre la sensibilité d’une histoire d’amour absolument irrésistible et la mélancolie liée aux complications inhérentes à la vie de couple. Le film n’est pourtant pas qu’une comédie romantique basique comme on en voit régulièrement sur les écrans, car l’intelligence du scénario c’est aussi de se permettre de flirter avec le fantastique sans que jamais notre perception de la relation des deux héros en souffre. Car la force de Elle s’appelle Ruby c’est que l’on y croit, on ne doute pas un instant de la véracité des sentiments décrits, ce qui bien sûr favorise l’empathie que l’on ressent pour le couple Calvin-Ruby.

Elle s’appelle Ruby ne se résume pas uniquement à une comédie romantique lambda aussi sympathique soit t-elle. En filigrane, on y trouve aussi une réflexion sur les affres de la création, sur la relation entre le créateur et sa créature et sur l’angoisse de la page blanche. Traité avec délicatesse le sujet reste toujours à la lisière d’un côté plus sombre dont on ne verra que les prémisses lors d’une avant dernière scène bouleversante et d’une implacable dureté, entre violence et cruauté mentale, et l’on se dit qu’on aurait pu avoir un tout autre film, peut être moins lisse, si cette voie avait un peu plus été creusée Mais les auteurs ont choisi d’avoir un regard plus doux dans l’optique d’un instantané sur les méandres d’une histoire d’amour.

On pense parfois au Woody Allen des meilleurs moments, tant dans la fantaisie que dans la saveur des dialogues ou dans la place accordée à des seconds rôles réjouissants et extrêmement écrits. On ne boude pas notre plaisir, et grâce à un casting merveilleux, il est même énorme par moments. Paul Dano et Zoé Kazan nous touchent au cœur par leur fraicheur, leur folie et la force des sentiments qu’ils charrient. Ils sont notamment entourés par Chris Messina, Antonio Banderas, Annette Bening ou encore Elliott Gould qui apportent ce cachet de surplus de talent qui enrichit le film. Sans réussir pour autant un film inoubliable, Valerie Faris et Jonathan Dayton passent avec brio l’écueil du second film et on se prend à rêver à ce que pourrait être la suite de leur carrière. Car la certitude qu’offre Elle s’appelle Ruby, c’est que leur futur est riche de promesses.

ELLE S’APPELLE RUBY DE VALERIE FARIS ET JONATHAN DAYTON AVEC PAUL DANO, ZOE KAZAN, CHRIS MESSINA, ANTONIO BANDERAS, ANNETTE BENING, ELLIOTT GOULD… SORTIE LE 3 OCTOBRE 2012

DISTRIBUE PAR TWENTIETH CENTURY FOX FRANCE

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