Critiques Cinéma

MAINS ARMEES (Critique)

SYNOPSIS : Lucas a 46 ans. Un grand flic, patron au trafic d’armes à Marseille. Maya a 25 ans. Elle est jeune flic aux stups, à Paris. Comme souvent, les armes croisent la drogue. Et Lucas va croiser Maya. Pas forcément par hasard. Flag, braquage, indics… leurs enquêtes vont s’entremêler. Leurs vies aussi. Parce que leur histoire a commencé bien longtemps avant leur rencontre…

Mine de rien, depuis bientôt quarante ans, Pierre Jolivet trace sa route et  son sillon au travers d’une œuvre atypique qui embrasse tous les genres et qui ne se soumet jamais aux diktats de la mode. Ça lui a valu de gros succès populaires (Ma petite entreprise, Force majeure) mais cette liberté lui a aussi coûté quelques échecs sans appel (Simple mortel, A l’heure où les grands fauves vont boire…) passages obligés d’un artiste qui ne doit rien à personne et garde intacte son indépendance. Avec Mains armées, il revient à ses premières amours, le polar, aidé au scénario par son complice, l’ex flic Simon Michaël, et devant la caméra il retrouve Roschdy Zem pour leur cinquième collaboration et découvre Leila Bekhti. En racontant l’histoire de ce père qui ne connait pas sa fille et en passant par le prisme d’un genre dont la dramaturgie est l’une des principales composantes, ce qui intéresse vraiment Jolivet, outre la partie policière dont il est friand, c’est bien sûr toute la trame narrative contant l’histoire familiale et les répercussions psychologiques que cette relation engendre. Comme il en a l’habitude, Pierre Jolivet ancre son récit dans le réel. Sa vision de la police est loin de celle d’un Olivier Marchal dont il veut d’ailleurs se démarquer à tout prix. Si les deux points de vue ont leurs partisans et leurs détracteurs, la vision de Jolivet, sans doute plus terre à terre et moins bigger than life, est loin d’être dénuée d’intérêt et nous montre notamment des flics à qui l’on confie des armes mais qui ne savent déjà pas s’occuper d’eux mêmes. Des âmes perdues, échappées du troupeau, aux prises avec leurs démons.

Le problème de Mains armées, c’est que c’est un film qui se complique l’existence, qui reste coincé le cul entre deux chaises. Il démarre comme un polar âpre, sombre, avec enquête de terrain, collecte d’indices, flics ripoux, mafia des pays de l’est bref, toute la panoplie qui sied au genre, avant de basculer dans le drame psychologique avec œdipe non résolu, sentiments atones qui se révèlent au grand jour dès lors qu’il faut faire face à l’adversité. L’idée était belle de faire se confronter ces deux thèmes, l’enquête policière et la découverte de l’autre,  mais l’équilibre entre les deux  n’est jamais respecté et tourne très vite au désavantage de la relation père-fille qui est bien trop sous-exploitée alors que tout était réuni pour que ce chapitre nous offre de belles séquences entre Roschdy Zem et Leila Bekhti. Du coup, même l’enquête policière finit par souffrir d’ellipses et certaines questions restent sans réponses.

Mains armées n’est pas un mauvais film, il a même de sérieux atouts dans sa manche, mais il lui manque un petit quelque chose comme un supplément d’âme et une écriture mieux répartie pour lever toutes les réserves qu’il pourrait susciter. Il est heureusement porté par un casting solide, où le calme et l’autorité naturelle de Roschdy Zem font merveille, où la présence fiévreuse de Leïla Bekhti nous tient en haleine et où le contre-emploi de Marc Lavoine, en flic trouble est réjouissante. Adrien Jolivet, lui confirme une belle énergie qui devrait logiquement lui valoir plein de rôles à l’avenir. Avec Mains armées, Pierre Jolivet ne livre pas le polar ultime, mais un film avec quelques beaux moments, qui a juste parfois le tort de se perdre en digressions.

Titre Original: MAINS ARMÉES

Réalisé par: Pierre Jolivet

Casting : Roschdy Zem, Leïla Bekhti, Marc Lavoine …

Genre: Policier

Sortie le : 11 juillet 2012

Distribué par: Mars Films

BIEN

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