Critiques Cinéma

COSMOPOLIS (Critique) *

Sélection Officielle Festival de Cannes 2012

SYNOPSIS : Dans un New York en ébullition, l’ère du capitalisme touche à sa fin. Eric Packer, golden boy de la haute finance, s’engouffre dans sa limousine blanche. Alors que la visite du président des Etats-Unis paralyse Manhattan, Eric Packer n’a qu’une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l’autre bout de la ville. Au fur et à mesure de la journée, le chaos s’installe, et il assiste, impuissant, à l’effondrement de son empire. Il est aussi certain qu’on va l’assassiner. Quand ? Où ? Il s’apprête à vivre les 24 heures les plus importantes de sa vie.

On ne l’avait pas vu venir celui-là avec sa bande-annonce sexy et efficace en diable, son affiche excitante, sa sélection officielle pour le 65ème festival de Cannes, adaptation d’un livre culte de Don DeLillo. On attendait une bombe qui exploserait sur la Croisette, on se retrouve avec un pétard mouillé, bavard, lent, long, mal interprété, une espèce de pensum absolument insupportable, totalement vain. David Cronenberg rate complètement son entreprise, et si son talent brut n’est pas remis en cause, son inspiration récente qui le pousse vers une esthétisation glaciale, presque clinique, n’est clairement pas accessible à tout le monde.

Il y avait tout de la fausse bonne idée dans Cosmopolis, dans l’histoire de ce golden boy qui enchaine les rendez-vous dans sa limousine et qui traverse la ville à la recherche d’un coiffeur, alors que dans la rue, ça tourne à l’émeute. Cronenberg et son sens de l’image allait c’est sûr, transcender cette histoire, faire passer à l’écran l’aspect charnel et tourmenté de ce financier hors pair, qui voit tout s’effondrer autour de lui. On allait voir ce qu’on allait voir avec cette charge contre le capitalisme, ça allait ruer dans les brancards, mais au final, on se retrouve avec un film certes, élégamment réalisé, mais qui surtout tourne à vide, plombé par des dialogues indigents et étouffants, récités qui plus est par un Robert Pattinson qui arrive à faire regretter sa prestation dans Twilight c’est dire.

La tension qui est censée monter crescendo tout au long du film, se dégonfle comme un ballon de baudruche, l’intéressant parti pris du huis clos dans la limousine, se retrouvant parasité par une succession de visites de personnages secondaires, dont aucun ne présente un réel intérêt. Et une fois encore, les dialogues empilés comme pour appuyer le trait, brouillent la démonstration.  Rien n’y fait, ni les prestations pas vraiment passionnantes de Juliette Binoche ou Mathieu Amalric, ni ce malaise qui s’installe petit à petit. Jusqu’à cette longue séquence finale entre Paul Giamatti et Robert Pattinson qui évoquent plus le grand guignol qu’un réel climax. On a beau tenté de se raccrocher aux bons côtés du film, notamment la mise en scène épurée et élégante, rien n’y fait, Cosmopolis est très dur à digérer.

On dit souvent que la portée d’une œuvre comme celle-ci, exigeante, difficile, trouvera son écho et son prolongement dans le temps, après l’avoir revue, lorsque les passions du festival seront retombées. On se dit qu’on aura alors le recul suffisant pour appréhender la richesse de Cosmopolis, son sous-texte visionnaire et fascinant, ce qu’il dit sur la condition humaine, sur la paranoïa grandissante d’un homme et sur l’inéluctable qui le guette, qu’on discernera avec plus d’acuité la parabole visionnaire sur la crise mondiale. Mais avant ce moment là, avant cette révélation mystique, on sort de la salle avec la désagréable sensation d’avoir été manipulé et d’avoir été gavé par une diarrhée verbale. En résumé, ce Comopolis est juste indigeste!

COSMOPOLIS DE DAVID CRONENBERG, AVEC ROBERT PATTINSON, JULIETTE BINOCHE. MATHIEU AMALRIC, SAMANTHA MORTON, PAUL GIAMATTI… SORTIE LE 25 MAI 2012

DISTRIBUE PAR STONE ANGELS

4 réponses »

  1. J’ai réussi à m’endormir pendant le 1er 1/4 d’heure et à sortir de la salle après 45 minutes. Et pourtant, je projetais d’écrire un article après la séance….

    •  » J’ai réussi à m’endormir pendant le 1er 1/4 d’heure et à sortir de la salle après 45 minutes. Et pourtant, je projetais d’écrire un article après la séance….  »

      Comment pondre un article sans voir vu le film en question en entier ? Affligeant …

      • je ne comprends pas trop! La personne qui a fait ce commentaire n’a pas écrit l’article justement parce qu’il n’a pas vu le film en entier! De mon côté, j’ai tenu tout le film, même si ce fût dur, d’où je pense ma légitimité à « pondre » un article! Donc qu’est ce qui est affligeant? A moins qu’il ne s’agisse d’une méprise?

  2. Certain matin, après avoir mangé indien la veille, il m’arrive de faire des merdes bien degueulasses et odorantes sur le trône. Mais je n’en fait pas des films… Et oui, Vous l’avez compris, Cosmopolis est une belle merde 🙂 passez votre chemin !

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