Critiques Cinéma

MARGIN CALL (Critique)

SYNOPSIS: Pour survivre à Wall Street, sois le premier, le meilleur ou triche. La dernière nuit d’une équipe de traders, avant le crash. Pour sauver leur peau, un seul moyen : ruiner les autres…

Le monde de l’entreprise, ses codes, sa construction pyramidale et la totale inclinaison des grands patrons vers le profit au détriment de toute morale, sont entre autres au cœur de Margin Call, premier film noir d’encre signé J.C Chandor. Nous ne sommes pas dans une histoire à l’eau de rose, mais dans un quasi huis-clos étouffant, où une tension de plus en plus palpable va monter au fur et à mesure que chacun va devoir faire le deuil de ses certitudes et avancer vers le chaos. Dépeignant plusieurs comportements et questionnements soulevés par une faillite imminente et par l’attitude à adopter sans avoir plus d’une nuit devant soi pour prendre les décisions adéquates, les survivants au plan social amorcé voient les minutes s’égrener avec angoisse. Construit comme un véritable thriller, simplifiant un discours qui aurait pu être rébarbatif, Margin Call, nous immerge dans le quotidien de cette banque d’investissement, où, dès le départ, la litanie d’un plan social aussi brutal que déshumanisé impose son tempo mezza vocce mais tranchant au spectateur. Dans les coulisses feutrées des bureaux aux épaisses moquettes se joue le sort des employés mais aussi par voie de conséquence, celui de leurs futures victimes engendrées par leur manque de scrupules. Accrochés à leurs postes, terrifiés par la perte de leur identité sociale ou tout simplement salauds magnifiques, ces traders représentent l’âme humaine dans son aspect le plus sombre. Malgré leurs actes aux multiples ramifications dramatiques, on s’attache à ces figures fragiles adossés à un édifice qui se lézarde.

C’est d’ailleurs le point fort de la mise en scène de J.C Chandor, cette sobriété et cette efficacité où les personnages et le récit sont privilégiés par rapport aux mouvements complexes de caméra et autres arabesques techniques. Cela ne signifie pas un manque de personnalité au contraire, car les partis pris sont légion et la subtilité dans les choix du réalisateur ne manquent pas. Une réserve malgré tout sur le rythme, qui monte crescendo jusqu’au dernier tiers avant de retomber brutalement pour partir dans un tempo lancinant qui du coup nous place un peu plus en dehors de la société. J.C Chandor qui a aussi signé le scénario s’avère être un dramaturge de haut vol même si son film n’est pas parfait de bout en bout. L’analyse psychologique qui est proposée est pourtant très finement observée, bien que faire de ces financiers de simples êtres humains ne sera pas forcément du goût de tout le monde, au vu de leur diabolisation depuis le début de la crise économique.

En outre, Margin Call bénéficie d’une distribution vraiment très haut de gamme où Zachary Quinto (également producteur) est celui qui dévoile le pot-aux-roses. Il est plus qu’intéressant dans ce rôle, à priori en demi-teintes, mais duquel il tire son épingle du jeu avec panache. Paul Bettany, en superviseur mâchonnant constamment du chewing-gum est lui aussi épatant. Ils sont superbement entourés par les trop rares Kevin Spacey, Jeremy Irons ou Stanley Tucci et on retrouve également avec plaisir Demi Moore et Mary McDonnell, seules figures féminines d’envergure. Dans cet univers très masculin, où le très charismatique Simon Baker (The Mentalist) excelle également, l’atmosphère glaciale de Margin Call loin d’être rebutante contribue même à en faire un territoire plus que fréquentable.

Titre Original: MARGIN CALL

Réalisé par: J.C Chandor

Casting : Zachary Quinto, Kevin Spacey, Paul Bettany…

Genre: Drame, Thriller

Date de sortie: 02 mai 2012

Distribué par: ARP Sélection

3,5 STARS TRES BIENTRÈS BIEN

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