Critiques Cinéma

MY WEEK WITH MARILYN (Critique) **

Comme bon nombre d’icônes disparues trop tôt et en pleine gloire, Marilyn Monroe conserve dans l’inconscient collectif une place à part, une empreinte indélébile qui traverse les époques avec la grâce des immortels. Jamais un film ne s’est risqué à tenter de raconter sa vie dans le détail, tant le mystère et l’aura qui l’entourent sont épais et opaques et on attendra encore, car à l’heure où les biopics sont légions, My week with Marilyn, se concentre sur une période anecdotique de la vie de la star. C’est le parti pris du premier film de Simon Curtis et il ne s’en écarte jamais. C’est sa force et sa faiblesse! Sa faiblesse parce que pour qui attend des révélations sur la vie de la star ou sur sa carrière, il n’y en aura pas, et sa force, car en choisissant une unité de lieu et de temps, il permet à son film de conserver une certaine fraîcheur.

Eté 1956: Marilyn Monroe débarque en Angleterre pour tourner avec Sir Laurence Olivier, Le prince et la danseuse. Jeune homme de 23 ans Colin Clark, décidé à devenir réalisateur, décroche son premier job comme assistant de plateau. Ces deux là, qui à priori n’auraient jamais dû se rencontrer vont passer ensemble une semaine magique, où va se nouer entre eux, une relation brève mais puissante, grâce au fait que ce jeune garçon aura su mieux que quiconque au monde comprendre cet être torturé et touchant qu’était Marilyn. My week with Marilyn, tiré du livre de Colin Clark, se concentre donc sur cette partie intime de l’histoire et si l’on oublie que l’on nous raconte un moment de la vie de l’une des plus grandes stars planétaires, on ne passe pas un mauvais moment loin de là. Seulement l’héroïne centrale du récit a une histoire personnelle si riche qui n’est ici que survolée, d’où une frustration évidente que l’on retient après coup.

Le film de Simon Curtis est porteur d’un académisme et d’un classicisme qui ne permettent pas les envolées lyriques qu’un tel sujet aurait mérité. On est très loin ici d’éprouver des sensations fortes, d’être bousculé, malmené voire même sous le charme, si ce n’est par intermittences. Un film qui parle de Marilyn Monroe et qui ne vous laisse pas subjugué et/ou bouleversé, c’est qu’il ne traite pas vraiment de son sujet. Quel dommage que le traitement apporté, comme cette photographie léchée, ces cadres proprets, cette ambiance fifties sans aspérités, ne soient jamais transcendés par des personnages dont la folie ne fait qu’affleurer. On se demande ce qu’une telle matière aurait donné entre les mains d’un Oliver Stone période The Doors ou d’un Martin Scorcese ambiance Aviator.

Ce qui sauve My week with Marilyn de n’être qu’un banal téléfilm de luxe, c’est sa distribution! En tête de gondole, Michele Williams, Golden Globe 2012 pour ce rôle, est vraiment excellente. La moue boudeuse, l’air évanescent, ce trouble dans le regard mêlé à un sourire tantôt triste, tantôt lumineux, on regrette que l’histoire racontée ne lui ait pas permis d’exprimer plus encore son talent, ni tous les tourments que son personnage portait en elle. En dehors de Eddie Redmayne, un peu fade dans un rôle pourtant central, elle est magnifiquement entourée, par Kenneth Brannagh, irrésistible en Laurence Olivier et Julia Ormond en Vivien Leigh, mais aussi par la touchante Emma Watson, le charismatique Dominic Cooper et les apparitions de Judi Dench et Dougray Scott. Si ce casting séduisant avait eu un écrin à la hauteur, on aurait sans doute eu droit à un diamant brut. Là, on se contente d’une coquille vide.

MY WEEK WITH MARILYN DE SIMON CURTIS AVEC MICHELLE WILLIAMS, EDDIE REDMAYNE, KENNETH BRANNAGH, JULIA ORMOND, EMMA WATSON, DOMINIC COOPER, JUDI DENCH, DOUGRAY SCOTT… SORTIE LE 04 AVRIL 2012

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6 réponses »

  1. J’ai trouvé que ce film manquait cruellement d’enjeu. Je me suis ennuyé. Quant à M. Williams, elle joue bien certes, mais elle ne ressemble tellement pas à l’image que je me fais de Marilyn que je n’y ai jamais cru.
    Bref, une déception pour moi.

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