Pas forcément découverts en salles par manque de temps ou d’envie, je reviens sur les films qui ont faits l’actualité , il y a un mois, il y a un an, il y a dix ans… où tout simplement sur les films qui ont faits de moi le cinéphile que je suis devenu et que les hasards de la vie me conduisent à analyser à posteriori … Retour critique:
Le moins que l’on puisse dire, c’est que à l’instar de la Julie Delpy comédienne, la Julie Delpy cinéaste aime le mélange des genres. Après s’être essayée au film intimiste avec 2 days in Paris puis au film en costumes avec La comtesse, voici qu’elle aborde le film familial, genre ô combien répandu par chez nous et qui, s’il est traité par-dessus la jambe, peut très vite s’avérer casse-gueule. En puisant dans ses souvenirs personnels et en saupoudrant son histoire d’éléments empruntés aux films chorals, elle a au moins le mérite de la sincérité en réalisant un instantané plutôt réussi d’une famille française à la fin des années 70.
En choisissant de faire passer son histoire par le regard de Albertine (Lou Alvarez), une petite fille qui est à l’aube de son adolescence, et en dépeignant une savoureuse galerie de personnages, Julie Delpy réussit la reconstruction d’une époque et permet de jouer à fond la carte de l’identification. Car chaque personnage, bien écrit, bien décrit est prétexte à se retrouver. Le regard humain et chaleureux que porte la réalisatrice sur cette réunion de famille à l’occasion de l’anniversaire de la grand-mère (formidable Bernadette Laffont) est aussi une vraie peinture socio-culturelle. On y retrouve brassé tout un tas de thèmes de la politique à l’éveil de l’amour, de l’éducation aux traumatismes issus de la guerre, mais sans que jamais on ne nous fasse la leçon. C’est frais, c’est léger…
Le Skylab évite tout recours à la caricature et dresse même un constat plus que réaliste des rapports humains. Pour que l’on y croit il fallait que l’empathie envers les personnages soit totale et il fallait donc des comédiens au fort capital sympathie. C’est le cas ici, où en réunissant Eric Elmosnino, Aure Atika, Valérie Bonneton (qui décidément peut jouer sur des tas de registres différents), Noémie Lvovsky (incroyable), Vincent Lacoste (irrésistible en ado qui se la raconte)… Julie Delpy a réussi sa première mission. Lou Alvarez qui joue le personnage central, est confondante de naturel et fait passer de nombreuses émotions par la simple magie d’un regard ou d’un sourire. Elle sera forcément à suivre avec attention.
Julie Delpy poursuit donc son chemin sans jamais s’écarter de ses desiderata et avec toujours une idée précise de ce qu’elle veut et d’où elle veut aller. Certes, on a parfois l’impression que c’est brouillon, que le film verse dans un joyeux bordel, mais jamais il ne se départit de sa bonne humeur et de son côté nostalgique. Sans rien révolutionner et porté au bout du compte par un classicisme difficilement évitable, Le Skylab est une jolie chronique que l’on suit le sourire aux lèvres.
LE SKYLAB DE JULIE DELPY, AVEC JULIE DELPY, ERIC ELMOSNINO, LOU ALVAREZ, AURE ATIKA, VALERIE BONNETON, BERNADETTE LAFFONT, EMMANUELLE RIVA, ALBERT DELPY, DENIS MENOCHET, VINCENT LACOSTE… DISPONIBLE EN DVD CHEZ WARNER
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