Critiques Cinéma

Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (Critique) *****

Stieg Larsson, l’auteur de la trilogie Millenium a laissé derrière lui une oeuvre colossale! Comme la plupart des livres incontournables, le passage au cinéma était une évidence et dès 2009, c’est la Suède, le pays d’origine de l’auteur qui s’attaqua à ce mastodonte en trois tomes et plusieurs millions de lecteurs à travers la planète. Et donc, fort de trois films et d’une série télé, voici que débarque l’adaptation hollywoodienne des aventures de Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander. Confier le bébé aux bons soins du virtuose David Fincher est la première bonne idée du film. Celui qui sait comme personne concocter des thrillers noirs et tranchants comme le silex (Seven, Zodiac), était sans doute le plus à même pour se frotter à ce projet et y apporter non seulement sa personnalité mais aussi son goût prononcé pour l’esthétisme et les images choc! Visuellement, le film est ébouriffant, faisant se succéder des plans absolument superbes d’une Suède balayée par le froid et le givre associé à un travail splendide sur les couleurs et la lumière. Utilisant sa caméra avec une fluidité confondante et alternant les idées de mise en scène brillantes, Fincher prouve qu’il est bien l’un des plus grands cinéastes de notre époque.

Ecrit par Steven Zaillian (La liste de Schindler, Mission Impossible…), Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, est aussi un vrai travail d’orfèvre en terme de narration, alternant les parcours de Mikael et Lisbeth jusqu’à les faire se croiser dans un troisième récit qui réussit la prouesse de ne baisser d’intensité à aucun moment. Et lorsque ‘on croit que la fin arrive, c’est pour mieux repartir dans une autre direction grâce à une nouvelle pirouette.

Thriller élégant et passionnant, qui met en scène sur presque 2h40, un journaliste d’investigation fatigué en quête de revanche et une enquêtrice, hackeuse exceptionnelle, aux prises avec la haute bourgeoisie suédoise et devant plonger au coeur de la noirceur des âmes, le film réserve plusieurs scènes renversantes et d’ores et déjà à ranger au panthéon des grands moments cinématographiques. De scandales financiers en crimes abjects, Fincher nous entraine dans une danse macabre dont on n’arrive pas, à notre grand bonheur, à se dépêtrer. Il a fait sien cet univers noir, âpre et sans concessions dépeint par Larsson et après The social network, il signe un nouveau film maîtrisé de bout en bout et formellement éblouissant.

Appelez-la Lisbeth

Porté par deux comédiens en état de grâce, Millenium: Les hommes qui n’aimaient pas les femmes n’aurait pas la même force sans eux: Daniel Craig prouve ici qu’il n’est pas seulement James Bond, mais qu’il est aussi un acteur magnétique et électrique au jeu subtil et nuancé. Enfin il y a LE choc du film, le personnage qui crève l’écran et qui hypnotise de bout en bout: Lisbeth Salander, campé par une Rooney Mara, tour à tour, femme forte et fille fragile, frêle oie blanche manipulée et revancharde implacable, elle joue sur tous les registres au travers d’une hallucinante palette d’émotions. A la fois, sensuelle et sexuelle puis garçon manqué affublé de piercings et tatouages, elle est véritablement incroyable et trouve sans doute là le rôle de sa vie. Ils sont tous les deux entourés par une pléiade de seconds rôles épatants (Christopher Plummer, Joely Richardson, Robin Wright...)


Arriver à la projection de Millenium: Les hommes qui n’aimaient pas les femmes sans avoir lu le livre ou vu la précédente adaptation, est sans doute le meilleur moyen pour se prendre ce film maitrisé et intense en pleine face et pour en ressortir K.O debout. Même si ceux qui connaissent déjà les rebondissements à venir ne pourront qu’être séduits par la réalisation et l’interprétation de ce thriller diabolique, qui est déjà l’un des musts de 2012.

MILLENIUM: LES HOMMES QUI N’AIMAIENT PAS LES FEMMES, DE DAVID FINCHER, AVEC DANIEL CRAIG, ROONEY MARA, CHRISTOPHER PLUMMER, JOELY RICHARDSON, ROBIN WRIGHT… SORTIE LE 18 JANVIER 2012

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