JAMAIS ENTRE AMIS (Critique)

Par Fred Teper le septembre 6, 2015 • ( 1 commentaire )

SYNOPSIS: Jake et Lainey ont perdu ensemble leur virginité sur un coup de tête à l’université. Quand ils se recroisent 12 ans plus tard à New York, ils réalisent tous les deux qu’ils sont devenus des champions de l’infidélité. Prêts à tout pour trouver des solutions à leur problème, ils s’engagent dans une relation platonique sans tabous afin de s’entraider dans leur quête du véritable amour.

La comédie romantique est un eldorado difficile à s’approprier tant il est régit par des codes immuables qu’il faut sans cesse tenter de transcender pour se singulariser et marquer le public. Trois ans après Bachelorette, Leslye Headland est de retour avec Jamais entre amis, dont le postulat de départ rappelle l’un des maîtres étalon du genre: Quand Harry rencontre Sally. Si la réalisatrice a bien digéré le classique de Rob Reiner, on sent qu’elle a également comme inspiration plus ou moins apparente des films appartenant au genre de la screwball comedy dont elle a dû voir bon nombre. Si l’on s’attendait de prime abord à une comédie formatée sur le sexe comme le cinéma américain en produit chaque année, la première surprise est que ce n’est pas le cas. Mais entre son envie de parler de sexe de façon légèrement trashouille puis en rétro-pédalant en proposant un film finalement bien plus conventionnel qu’il ne devrait être, Leslye Headland signe une œuvre qui a du mal à choisir la direction qu’elle doit prendre. En effet, si l’on sourit souvent devant ces deux êtres en manque de repères qui sont à la fois pétris de contradictions et sans doute amoureux de l’idée même de l’amour, on ne rit jamais franchement devant leur incapacité chronique à mener à bien une relation.

Le versant comédie ne fonctionnant que sur courant alternatif, on souhaitait au moins se rattraper avec le côté romantique. Seulement là aussi, le film se cherche sans bien savoir où aller. On a notamment un peu de mal à comprendre l’irrésistible attraction que son amant a sur Lainey, l’acteur Adam Scott manquant clairement de charisme pour interpréter un personnage sensé aimanter sa maitresse. Les scènes s’enchainent pourtant, jamais désagréables, jamais poignantes non plus, on passe un bon moment mais ça reste extrêmement inoffensif alors que ça se voudrait un tant soit peu subversif. Entre le cinéma de Judd Apatow et les films indépendants estampillés Sundance (où le film a été présenté), Jamais entre amis a bien quelques arguments à avancer comme quelques séquences bien troussées et des dialogues assez efficaces, mais en regard du tout venant dans un genre battu et rabattu ça reste trop peu, d’autant que la conclusion est plutôt ratée. Malgré cela, les deux véritables atouts du film sont ses acteurs principaux: Alison Brie (Community) au charme dévastateur qui ferait craquer le cœur le plus dur et dont le naturel et la faconde font des miracles et Jason Sudeikis (Les Miller Une famille en herbe) plus dans l’économie de jeu et la sobriété (toute relative) qui est excellent. Leur association permet au film de fonctionner quand bien même le script et la mise en scène se cherchent constamment. Ils sont les catalyseurs de cette romcom aux accents de sincérité indéniables mais qui à force de vouloir viser juste avec sa flèche de cupidon finit par avoir la vue qui se trouble.