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PEAKY BLINDERS (Critique Saison 1 & 2) SANG POUR SANG

4,5 STARS TOP NIVEAU

peaky blinders cillian murphySYNOPSIS: En 1919, à Birmingham, soldats, révolutionnaires politiques et criminels combattent pour se faire une place dans le paysage industriel de l’après-Guerre. Le Parlement s’attend à une violente révolte, et Winston Churchill mobilise des forces spéciales pour contenir les menaces. La famille Shelby compte parmi les membres les plus redoutables. Surnommés les « Peaky Blinders » par rapport à leur utilisation de lames de rasoir cachées dans leurs casquettes, ils tirent principalement leur argent de paris et de vol. Tommy Shelby, le plus dangereux de tous, va devoir faire face à l’arrivée de Campbell, un impitoyable chef de la police qui a pour mission de nettoyer la ville. Ne doit-il pas se méfier tout autant la ravissante Grace Burgess ? Fraîchement installée dans le voisinage, celle-ci semble cacher un mystérieux passé et un dangereux secret.

Les Peaky Blinders (ou Les Visières Aveuglantes en français, mais bon, ça sonne moins bien), ainsi appelés parce qu’ils avaient la particularité de dissimuler des lames de rasoir dans la visière de leurs casquettes, ont terrorisé Birmingham en Angleterre pendant la majeure partie de la fin du XIXème siècle, et le début du XXème. Dès les premières images cependant, la série se démarque de la réalité et pose l’intrigue bien plus tard, dans les années d’entre-deux guerres, époque plus familière au public d’aujourd’hui. Un déplacement chronologique qui donne au héros l’occasion de susciter une sympathie immédiate de la part du spectateur qui comprend très vite que l’on doit être indulgent avec Tommy, traumatisé comme il l’est par son expérience de la Grande Boucherie, et qui permet d’incorporer plusieurs éléments bien ancrés dans la culture d’aujourd’hui (le jazz, les débuts de la cocaïne, le stress post-traumatique, etc.).

peaky blinders sam neill

Produite par Katie Swinden (MI-5, Luther) pour BBC 2, Peaky Blinders s’est vite faite une réputation d’excellence dans le milieu. Le créateur Steven Knight voulait que sa série s’apparente autant que possible à un long-métrage, et Otto Bathurst, Tom Harper et Colm McCarthy, les trois réalisateurs engagés pour donner vie au script, l’ont bien compris. Les plans larges saturés de brouillard matinal, la très belle photographie de George Steel, Simon Dennis et Peter Robertson, la musique de Mearl, les décors majestueusement lugubres de Grant Montgomery, participent à recréer une ambiance particulière, l’atmosphère post Première Guerre Mondiale, et le microcosme de misère, de violence et de pouvoir qui constitue le royaume des frères Shelby. Portée par un casting cinq étoiles, la série ne peut manquer de faire des adeptes. On y retrouve Helen McCrory (la Narcissa Malfoy de Harry Potter), excellente dans son rôle de matriarche à la peau dure, Paul Anderson qui déborde d’énergie bruyante, ou encore Tom Hardy, métamorphosé en leader de la mafia juive, qui apparaît dans la deuxième saison.

Quant au personnage principal Tommy Shelby, c’est un ambitieux qui veut grimper l’échelle sociale et qui gère son entreprise criminelle d’une main de fer. Il est interprété par l’Irlandais Cillian Murphy, acteur fétiche de Christopher Nolan. Charismatique en diable malgré sa coupe de cheveux, Murphy insuffle à ce Don Corleone en devenir un sang-froid inébranlable, marbré de douceur et d’une féroce loyauté envers les siens. Il s’oppose à l’inspecteur Campbell, joué par Sam Neil, envoyé spécial de Winston Churchill, qui a bien l’intention de « nettoyer » Birmingham de la vermine. Les deux acteurs s’affrontent lors des deux saisons dans un face-à-face meurtrier et rivalisent de prestance et de prestige luttant à grands coups d’intelligence, de stratégie et de volonté.

peaky blinders tom hardy

Si les enjeux changent entre la première et la deuxième saison, le principe reste le même. La structure classique du gentil et du méchant soutient toute l’architecture de la série, sauf qu’en bonne fille des années 2010, elle surfe sur la vague du malfaiteur qui récolte toutes les sympathies. Il est impossible de résister au charme de Tommy Shelby, à l’espèce d’attrait magnétique qu’il exerce sur tous. La performance de Cillian Murphy est telle qu’on ne peut nier qu’une grande partie du succès de la série repose sur lui. A tel point qu’il est difficile d’imaginer quelqu’un d’autre dans le rôle. C’est lui que l’on suit après la guerre dans la première saison, et au début des années vingt dans la seconde, ce sont ses problèmes de cœur et d’argent qui nous touchent, ses relations familiales qui se paraissent aux nôtres. Alors certes, il y a quelques problèmes de rythme, et les trois premiers épisodes mettent du temps à démarrer, mais une fois la machine lancée, elle roule. On pourrait aussi reprocher à la série sa tendance à la répétition, danger classique quand il n’y a qu’un seul, ou trop peu (d’)auteur(s) aux commandes, comme c’est le cas ici ou le créateur écrit la grande majorité des épisodes. Mais avec Peaky Blinders, c’est à peine si l’on y prend garde. D’autant plus que Steven Knight est très occupé en ce moment avec sa nouvelle série, Taboo dont Tom Hardy joue le rôle principal, et qu’on peut donc se permettre de penser qu’il y aura peu de sang frais parmi les scénaristes de la nouvelle saison. Mais en attendant que la BBC annonce sa date de diffusion, foncez donc voir les épisodes déjà sortis, vous ne le regretterez pas.

Crédits BBC2/Arte

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