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MISSION:IMPOSSIBLE (Critique Série) Mécanique de précision

5 STARS CHEF D'OEUVRE

MISSION IMPOSSIBLE SERIE AFFICHE

SYNOPSIS: Pour le compte du gouvernement américain, Jim Phelps et son équipe d’espions et de spécialistes sont chargés d’effectuer des missions qui pour d’autres seraient… impossibles !

Bien avant que Tom Cruise ne devienne Ethan Hunt et que ses aventures incroyables sur grand écran ne passionnent les foules, Mission : Impossible est une série télévisée qui fit les beaux jours de la chaine CBS pendant sept saisons. Particulière à bien des égards, elle est surtout inclassable et passionna le public et les spécialistes de par ses indéniables qualités artistiques mais également de par l’ingéniosité machiavélique de nombre de ses scénarios. Aussi rocambolesques qu’elles furent, les aventures de l’IMF possédaient ce que d’aucuns appellent de nos jours de leurs vœux à la télévision, soit une vision, une originalité et un savoir faire qui lui confèrent ce que l’on appelle une patte. Cette patte, c’est le créateur de la série, Bruce Geller, qui l’impulsa lors de trois premières saisons remarquables.

Mettant en scène une équipe aux talents divers et variés, d’abord dirigée par Dan Briggs (Steven Hill) lors de la première saison puis par Jim Phelps (Peter Graves) dès la seconde, Mission: Impossible trouve tout son sel dans la conjonction entre la difficulté de la mission à effectuer, les éléments mis en place méthodiquement pour y parvenir et la réalisation de celle-ci. D’apparence série d’espionnage, Mission: Impossible est bien plus que cela, puisque les missions s’inscrivent à la fois dans la tradition des films d’aventures, du film noir, voire parfois à la lisière de la science-fiction. Faisant la part belle à une action psychologique à l’intensité jamais démentie, la série est loin des standards d’une fiction calibrée et au delà même des missions souvent passionnantes, c’est dans le cadre rigide mis en place par Geller, que Mission: Impossible impose à la fois sa différence et sa singularité. Ce cadre, Bruce Geller l’impose dès l’épisode pilote et s’il évoluera quelque peu au fil des saisons, c’est ce qui fera la marque de fabrique de la série: Une mécanique de précision qui comporte trois scènes: Celle de la découverte de la mission assignée dans un lieu différent à chaque fois, avec la fameuse bande magnétique qui « s’auto-détruira dans 5 secondes », puis le choix des agents avec le passage en revue des photographies de ceux-ci et enfin la scène de présentation des différents gadgets et autres matériels qui serviront lors de la mission ainsi que de la dernière main aux divers préparatifs. A ces trois séquences qui plongent d’emblée le téléspectateur au cœur de l’épisode, on se doit d’ajouter le célébrissime générique, conçu comme une bande annonce en accéléré rythmé par le fabuleux thème signé Lalo Shifrin.

MISSION IMPOSSIBLE SERIE 1

Les missions souvent équivalentes à des machinations diaboliques interpellent par leur caractère de précision millimétrée et par les trésors d’ingéniosité mis à profit pour la réussite de l’entreprise. Pour ce faire, chaque agent a donc sa spécificité qui caractérise mieux que toute longue explication, les personnages. Si Briggs puis Phelps sont les stratèges hors pair, les autres agents ont des particularités bien à eux: Rollin Hand (Martin Landau) est l’homme aux 1000 visages, capable d’endosser n’importe quelle personnalité grâce à sa science du déguisement et notamment aux masques qu’il conçoit. Cinnamon Carter (Barbara Bain) est la femme fatale mais peut tout aussi bien jouer tous les rôles féminins nécessaires. Barney Collier (Greg Morris) est lui le spécialiste technique de la bande et le concepteur de gadgets incroyables. La caution muscles de l’équipe revient à Willy Armitage (Peter Lupus) qui est aussi l’élément qui passe le plus inaperçu, ce qui est ici une indispensable qualité. Cette équipe qui officiera lors des trois premières saisons est indubitablement la plus complémentaire et cohérente qui soit. Les scripts sont à l’avenant avec des tours de force narratifs qui laissent pantois et qui font de Mission : Impossible la série la plus retorse de l’époque, le concept de machination trouvant tout son sens dans la majorité des épisodes. Le départ de Martin Landau et de Barbara Bain à la fin de la troisième saison ne sonna pas le glas de la série mais elle ne retrouva son lustre qu’avec parcimonie dans les années suivantes. Leonard Nimoy prit la suite de Landau dans le rôle de Paris et trois comédiennes tentèrent de suppléer Barbara Bain (Lesley Ann Warren, Linda Day George et Barbara Anderson) mais malgré leur talent aucune n’y parvint réellement. Les dernières saisons furent bien plus basiques que les premières et même si certains épisodes sont très bons, la réussite initiale finit par se diluer.

Série à l’intelligence peu commune, Mission : Impossible peut se targuer d’être extrêmement visuelle avec des dialogues qui sont souvent fonctionnels. De même, les relations entre les différents agents, si on les pressent fortes, teintées à la fois d’amitié et de profond respect, restent à la surface et ne sont pas explorées, laissant place à l’architecture élaborée des scripts. La série connut une seconde jeunesse en 1988-1990 avec toujours Peter Graves entouré d’une jeune distribution. Malgré la présence des figures imposées de la première version, la qualité des scénarios ainsi que des comédiens bien moins charismatiques eurent raison des velléités de cette resucée vingt ans après. On ne saurait que trop conseiller aux amateurs de série à suspense que de découvrir la série sur laquelle Tom Cruise a bâti certains de ses plus grands succès en s’en éloignant pourtant considérablement. Vous n’êtes pas à l’abri de découvrir un véritable chef-d’œuvre, résultat d’un travail d’orfèvre à une époque où cela avait encore un sens.

Crédits: CBS / Paramount

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