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PERCY JACKSON ET LES OLYMPIENS (Critique Saison 1) Une aventure calibrée pour la famille …

SYNOPSIS : Les aventures d’un demi-dieu moderne de 12 ans, Percy Jackson, qui vient tout juste d’accepter ses nouveaux pouvoirs surnaturels lorsque le puissant Zeus l’accuse d’avoir volé son Éclair. Percy va devoir le chercher dans tous les États-Unis afin de rétablir l’ordre dans l’Olympe.

Parmi les sagas adolescentes ayant bercé les jeunes années de la génération 2000, il y a un outsider caché derrière la magie de Harry Potter, les aventures sanguinolentes de Katniss dans Hunger Games ou les frasques romantiques de Twilight. Percy Jackson, jeune demi-dieu de 12 ans au moment où le premier tome démarre, héros troublé par un TDAH, une dyslexie et un manque de figure paternelle qui le font se sentir différent des autres de son âge, fait désormais partie, dans la sphère pop-culturelle, de ces modèles qui ont traversé le temps tout en restant constamment d’actualité. Son créateur, Rick Riordan, a fait de son jeune héros aux cheveux noirs le vaisseau d’un récit d’initiation se comptant sur plusieurs sagas spin-offs et autres aventures littéraires qui continuent de sortir encore aujourd’hui. Au passage, Hollywood a tenté l’adaptation au cinéma en 2010 en retranscrivant Le Voleur de Foudre dans l’optique d’en faire une sorte de successeur à Harry Potter (Chris Colombus, réalisateur des deux premières aventures du héros à la cicatrice, a même été déniché pour se mettre derrière la caméra). Le succès est modéré niveau public et critique, et connaît également la colère incendiaire des fans de la première heure des romans qui lui reprochent la fidélité toute relative de l’ensemble (premier élément à charge, les trois héros qui mènent le film sont incarnés par des vingtenaires, bien loin des enfants qu’ils sont sur le papier). Un deuxième film, adaptant cette fois La Mer des Monstres, tardera à arriver, et connaîtra une déconvenue plus rude que le premier, précipitant sa saga vers sa fin. Riordan désavouera très vite les films, ajoutant n’avoir pas été consulté pour l’écriture des scénarios, et tentera alors de convoiter des producteurs pour pouvoir enfin monter sa propre version de l’histoire. Et c’est chez Disney que Percy s’est finalement posé, raccrochant avec ses ambitions de coming-of-age sur fond de mythologie grecque, de traumas affectifs et de prophéties maudites, le long des 8 épisodes qui reviennent sur Le Voleur de Foudre

Percy Jackson et les Olympiens saison 1 suit le personnage éponyme, alors expulsé pour la énième fois de son collège après avoir été témoin d’évènements inexplicables que personne ne semble avoir vu à part lui. Alors qu’il se brouille avec son meilleur (et seul) ami Grover, Percy et sa mère Sally sont attaqués par un minotaure sorti de nulle part, et sont contraints de partir se réfugier là où le jeune garçon sera enfin en sécurité. Arrivant à la Colonie des Sang-Mêlés, un lieu d’entraînement pour apprentis demi-dieux, Percy apprend sa véritable nature en assistant à la disparition tragique de sa mère. Accueilli par Chiron, un centaure paternaliste, Mr. D, le divin directeur du camp, Grover, qui se révèle être en réalité un satyre protecteur, Luke, un fils d’Hermès qui le prend sous son aile, et Annabeth, une fille d’Athéna au tempérament en acier trempé, Percy fait la connaissance d’un monde qu’il ignorait, et découvre vite que l’identité de son père pourrait lui poser problème. D’autant plus que Zeus, le Dieu des Dieux, le pense coupable d’un vol à l’Olympe qui pourrait déclencher une guerre. Le demi-dieu doit alors partir dans une quête et traverser de part en part les Etats-Unis pour retrouver l’objet volé et le ramener à son propriétaire avant qu’il ne soit trop tard…

Cette nouvelle réédition de l’aventure originelle de Percy Jackson, menée par Jonathan E. Steinberg et Rick Riordan (qui a gardé un droit de regard sur toutes les strates de la production), se pose d’abord derrière son casting de tête, un trio à la solidité exemplaire qui a, bien entendu, connu dès son annonce un certain tollé sur les réseaux sociaux, appréciant moyennement de voir le personnage d’Annabeth incarné par une jeune fille noire (là où leur posait visiblement moins de problème le choix d’Alexandra Daddario, 24 ans au moment du film alors que le personnage en a normalement 12). La jeune Leah Sava Jeffries est pourtant l’une des plus belles trouvailles de la série, sa Annabeth faisant à 100% écho à son alter-ego des livres, n’en déplaise aux chercheurs de buzz sensationnalistes qui auraient aimé faire de l’héroïne un symbole inséparable de la couleur de peau de son interprète. En tête du navire, c’est le jeune Walker Scobell qui a été choisi pour prendre la relève de Logan Lerman dans la peau du jeune, fringant et sarcastique Percy Jackson. Son casting était une évidence dès son annonce, lui qui était d’ores et déjà brillant en mini-Ryan Reynolds dans The Adam Project, dans lequel son timing comique et son franc-parler faisaient déjà de lui l’interprète parfait du demi-dieu (même si – encore une fois les gens ont râlé – il n’a pas vraiment les cheveux noirs, entendez nous soupirer). Et c’est Aryan Simadri qui ferme le trio de tête avec un Grover aussi évident et attachant que sa version sur papier. Avoir véritablement casté des acteurs enfants pour les faire grandir au fil des (probables) saisons sera l’une des idées les plus rafraîchissantes de cette adaptation, qui appréhende le roman d’origine avec un pas de recul, permettant à Rick Riordan de relire lui-même ses écrits et de faire les modifications qui s’imposent en fonction de l’univers mis en place au fil des ans dans les romans, ainsi que de la nouvelle vision que l’auteur gagnerait à installer dès maintenant au cas où la saga continuerait plusieurs années sur les écrans.

Dans cette première saison, Steinberg et Riordan conduisent la trame du Voleur de Foudre en la découpant un monstre par épisode, donnant une véritable structure télévisée avec la base du concept du livre. La formule « Monstre de la semaine » fonctionne alors plutôt bien, en dépit de la durée bien trop courte de la totalité des épisodes (qui dépassent rarement 45 minutes) et du manque de trouvailles dans les quelques séquences d’action dépeintes dans les 8 épisodes. Cette saison 1 joue la sécurité, dans un travail de composition visant à faire le travail sans trop prendre de risques, en installant suffisamment bien l’intrigue et les personnages pour que le public s’attache à son casting et à son univers. En soi, il y à tout à rapprocher dans les propositions de cette série Percy Jackson et dans l’adaptation Netflix de One Piece, lesquelles sont minées par les défauts mais gonflées à l’authenticité de la promesse et de l’amour que leurs créateurs leurs portent. Percy Jackson et les Olympiens, première saison, édition Le Voleur de Foudre, fait un plus qu’agréable minimum, une aventure calibrée pour la famille qui réinvente même parfois sa propre histoire. Dans les romans – du moins dans ceux qui composent la saga Percy Jackson – c’est le héros qui narre l’histoire à la première personne, dégainant des répliques sarcastiques et des remarques métas à son lecteur. Dans la série, le point de vue se disloque, on n’est plus dans la tête de Percy. Les autres personnages existent autant que lui, et n’en pensent pas moins. L’occasion était donc rêvée pour Riordan de redonner des lettres de noblesse à des personnages un peu mis en retrait au profit du jeune demi-dieu dans les livres, à l’instar de Méduse, Hermès et surtout Sally Jackson. Cette dernière, impeccablement interprétée par Virginia Kull, est l’une des plus-values les plus évidentes de la série donnant une complexité, encore jamais explorée, à sa relation avec son fils.

Nourri par un très bon casting d’ensemble (mention spéciale pour le choix prodigieux de Jason Mantzoukas en Mr. D, le meilleur qui aurait pu être fait, ainsi que pour la dernière royale apparition à l’écran du très regretté Lance Reddick) et par la composition musicale de Bear McCreary (même si, comme pour tout le reste, on en attendra plus pour la suite), cette saison 1 de Percy Jackson et les Olympiens est une adaptation lésée par ses imperfections mais dirigée par son authenticité grandiloquente et l’amour sans limite qu’elle porte à ses personnages. Son road-movie mythologique, ses excès de buddy movie d’aventure, son humour pince-sans-rire qui raccroche avec les figures papier et sa promesse future en toute fin de parcours font de cette première salve d’épisodes une transcription au cœur immense et à la fragilité touchante, un récit d’initiation axé sur la quête d’appartenance d’un jeune garçon différent des autres. Percy continue d’être la figure d’acceptation qu’il est depuis ses débuts littéraires (le contenu hautement inclusif que Riordan explore de plus en plus au fur et à mesure que les livres avancent font furieusement réfléchir sur l’identité des gens qui ont pleuré dans les chaumières aux vues de la nouvelle interprète d’Annabeth – ils n’ont probablement vu de Percy Jackson pas plus que le film de 2010 et ne sont visiblement pas encore près à découvrir Nico, Piper, Apollon et les autres…), et s’accorde avec cette nouvelle adaptation bien méritée une aventure familiale enveloppée de sincérité et de promesses spectaculaires, le début d’une odyssée épique encore maladroite mais guidée par un océan de possibilités pour ses saisons futures. En tout cas, on prie les Dieux pour qu’on ait au moins le droit à La Mer des Monstres et à ceux qui viennent après. Et pour de vrai, cette fois…

Crédits : Disney+

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