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DEXTER : RESURRECTION (Critique Épisodes 1X01 – 1X06) Une relance crédible, ambitieuse et respectueuse…

SYNOPSIS : Plongé dans le coma, Dexter se réveille pour découvrir que Harrison a disparu. Déterminé à retrouver son fils et à réparer leurs liens, Dexter le suit jusqu’à New York. Très vite, il réalise que son passé le rattrape, entre le capitaine Angel Batista qui poursuit son enquête et d’anciens fantômes qui rôdent. Dans la Grosse Pomme, Dexter est mêlé à un redoutable cercle de tueurs, dont Leon Prater – un milliardaire mystérieux -, sa responsable de la sécurité Charley, ainsi que d’autres personnages des plus inquiétants.

Nous ne reviendrons pas ici sur l’historique de Dexter, que nous avons déjà largement évoqué dans nos critiques de Dexter : New Blood et Dexter : Les Origines, papiers que nous vous invitons d’ailleurs à lire pour replacer ce nouvel opus dans son contexte. Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que Dexter : Resurrection n’avait théoriquement rien d’enthousiasmant. Pensé nous l’imaginions comme un pur produit mercantile, cet énième retour avait de quoi susciter scepticisme, voire lassitude. D’autant que New Blood avait déjà tenté de conclure la saga après une première fin controversée, sans vraiment parvenir à rallumer la flamme. Pourtant, contre toute attente, cette nouvelle saison fonctionne. Mieux encore : elle relance la machine avec une efficacité qui force le respect. Alors que la série débarque sur Canal+ ce jeudi 21 août, pour une saison de dix épisodes (et un plan annoncé sur au moins trois saisons selon les rumeurs), il est temps d’admettre que ce comeback est bien plus qu’un simple coup marketing.

Dexter : Resurrection dispose en effet de la capacité à retrouver l’essence de la série mère, tout en injectant une dose de nouveauté bienvenue. Exit Miami et les forêts enneigées de la dernière mini-série, cette fois, l’action se déroule à New York. Ce changement de décor n’a rien d’anecdotique, il insuffle une nouvelle énergie, une tension urbaine différente, tout en offrant à Dexter un terrain de jeu inédit. La série renoue ainsi avec le « Dexter à l’ancienne« , celui qui traque les tueurs dans l’ombre, tout en maintenant les enjeux narratifs hérités de New Blood : son fils Harrison, qui l’a abattu dans un geste final chargé de symbolisme, n’a pas disparu des préoccupations de notre anti-héros. Cette filiation contrariée plane sur les six premiers épisodes comme une ombre, rendant Dexter plus vulnérable, plus humain… mais toujours aussi dangereux. Autre fil rouge majeur : la traque menée par Angel Batista, qui n’a pas oublié les éléments troublants qu’il avait découverts dans New Blood. Ce retour d’un ancien allié-ennemi ajoute une tension familière, évoquant les traques haletantes des premières saisons (notamment celle menée par Doakes en saison 2), tout en apportant un enjeu trop effleuré dans New Blood : Dexter peut-il réellement échapper à son passé ? Le rythme soutenu et la densité des épisodes ne laissent que peu de temps morts. L’intrigue avance vite, les pièces s’emboîtent avec une maîtrise surprenante, et le tout est servi par une mise en scène solide, à défaut d’être révolutionnaire.

Dexter : Resurrection n’est donc pas simplement une suite : c’est un véritable soft reboot, qui vise à poser les bases d’un univers partagé qui a déjà commencé avec le préquel proposé il y a quelques mois. Et ce qui aurait pu ressembler à un simple collage de spin-off en devenir prend au contraire la forme d’une histoire cohérente, portée par une ambition qui semble sincère. L’introduction de nouveaux personnages secondaires en est le meilleur exemple. Peter Dinklage incarne un personnage énigmatique, à la tête d’un groupe de tueurs digne d’un Avengers du mal, dont les intentions restent pour l’instant volontairement floues. Cette idée, à première vue farfelue, fonctionne étonnamment bien. Elle apporte une dimension presque mythologique à la série, sans trahir l’ADN original. Le casting de cette nouvelle ère impressionne d’ailleurs : Uma Thurman, Krysten Ritter, Neil Patrick Harris, David Dastmalchian ou encore Eric Stonestreet viennent enrichir un univers qui ne lésine pas sur les moyens pour revenir. Cela dit, tout n’est pas parfait : certaines facilités scénaristiques sont bien présentes, et les archétypes ne sont jamais bien loin. On pense notamment à l’inspectrice Claudette Wallace (Kadia Saraf), stéréotype du génie étrange toujours affublée de son casque audio, sorte de croisement entre Mahone de Prison Break et Dotzler de Taken 3. De même, la traque menée par Batista devra prouver son utilité sur la durée, pour ne pas retomber dans le syndrome du faux suspense vite évacué.

Malgré ces faiblesses, Dexter : Resurrection réussit son pari : relancer un univers que l’on pensait définitivement essoufflé. Michael C. Hall, fidèle à lui-même, incarne un Dexter toujours aussi charismatique, oscillant entre noirceur et ironie avec une aisance intacte. Pour la première fois depuis des années, l’avenir de la série ne semble pas factice ni forcé. Il paraît même excitant. Ce retour est non seulement cohérent, mais aussi porteur d’un réel potentiel narratif. Là où New Blood ressemblait à un bricolage tardif et nostalgique, Resurrection s’impose comme une relance crédible, ambitieuse et respectueuse de l’œuvre originale. En somme, un retour que personne n’attendait vraiment… mais que tout le monde pourrait bien finir par adopter.

Crédits : Canal+

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