Critiques Cinéma

THE PHOENICIAN SCHEME (Critique)


SYNOPSIS : 1950. Anatole « Zsa-zsa » Korda, industriel énigmatique parmi les hommes les plus riches d’Europe, survit à une nouvelle tentative d’assassinat (son sixième accident d’avion). Ses activités commerciales aux multiples ramifications, complexes à l’extrême et d’une redoutable brutalité, ont fait de lui la cible non seulement de ses concurrents, mais aussi de gouvernements de toutes tendances idéologiques à travers le monde – et, par conséquent, des tueurs à gages qu’ils emploient. Korda est aujourd’hui engagé dans la phase ultime d’un projet aussi ambitieux que déterminant pour sa carrière : le Projet Korda d’infrastructure maritime et terrestre de Phénicie, vaste opération d’exploitation d’une région depuis longtemps laissée à l’abandon, mais au potentiel immense. Le risque financier personnel est désormais vertigineux. Les menaces contre sa vie, constantes. C’est à ce moment précis qu’il décide de nommer et de former sa successeure : Liesl, sa fille de vingt ans (aujourd’hui nonne), qu’il a perdue de vue depuis plusieurs années.

Deux ans après Asteroid City, le prolifique metteur en scène Wes Anderson avec un treizième long métrage au casting à nouveau complètement délirant, et parmi eux, des fidèles parmi les fidèles Benicio Del Toro, Mia Threapleton, Michael Cera, Riz Ahmed, Tom Hanks, Bryan Cranston, Mathieu Amalric, Richard Ayoade, Jeffrey Wright, Scarlett Johansson, Benedict Cumberbatch, Rupert Friend et Hope Davis ! The Phoenician Scheme est présenté en compétition officielle en cette édition 2025 à Cannes, et l’attente était immense, attendu que Astéroid City (2023) et The French Dispatch (2021) semblaient rompre avec ce que nous connaissions du génie du cinéaste, se perdant dans des dédales et labyrinthes un peu tortueux. Alors que des œuvres comme Moonrise Kingdom (2012) ou The Grand Budapest Hotel (2013) avaient marqué toute une génération par leur inventivité.

Et cette fois-ci ça y est, Wes Anderson est bien de retour !! Déjà, car il a simplifié son histoire, l’a moins morcelée. On retrouve au-delà de sa folie plastique, pastelle et symétrique toute sa foisonnante et inventive narration, des dialogues champ/contre champ décalés et lunaires, des situations absurdes et tendres, un rythme déchainé qui ne retombe jamais. Ça déborde, Wes Anderson met du cinéma partout dans un bonheur de mise en scène, en réussissant pour autant à se réinventer dans un récit autrement plus sombre que ses créations précédentes. La poésie opère à plein, avec cette image si singulière, la constance des arrière plans, une caméra qui virevolte et toujours un assortiment de couleurs au service de dialogues autant mordants que profondément mélancoliques parfois. Ce sont tous les jouets de Wes Anderson, et le père noël a été incroyablement généreux cette année ! Et puis l’écriture, la trame narrative et ce que nous raconte le film, mais quel bonheur !! Avec cet hilarant gimmick de Korda dans l’avion « Personnellement je me sens très en sécurité« . Sa fille Liesl qui dit qu’elle ne boit pas mais accepte à chaque fois un nouvel alcool en se laissant convaincre en 15 secondes, les avions qui se crashent en mode cartoonesque, les « vous prendrez bien un bâton de dynamite » pour convaincre les associés… Le délire est constant, et à chaque fois c’est de la haute jubilation.

Et puis ce lien filial qui va venir se construire progressivement dans un duo Benicio Del Toro et Mia Threapleton sidérant d’une touchante complémentarité. Au-delà de son génie aussi pour la direction d’acteurs, la très belle histoire du film est cette réappropriation du lien le plus universel et de l’amour le plus absolu, celui que l’on porte à son enfant. C’est ce que nous raconte principalement ici le film, avec une folie narrative en décorum et de multiples histoires dans l’histoire toutes aussi passionnantes les unes que les autres. Mais le cœur du récit est là, et c’est très puissamment touchant. Un foisonnement de scènes et de tableaux qui méritent d’être revu plusieurs fois à n’en point douter pour s’en délecter goulument et apprécier pleinement l’entièreté de cette substantifique moelle !!  Le casting est une pure folie, on l’a dit, mais clairement et comme à chaque fois que Wes Anderson a fait des grands films, c’est une histoire de duo. Le massif paternel et la petite religieuse, qui malgré qu’ils soient père et fille ne se connaissent pas vraiment, ne vont pas se faire de cadeau, mais qui très subtilement vont se rapprocher, c’est d’une complémentarité totale et un bonheur à l’écran !

Benicio Del Toro prend tout simplement magistralement feu ici !! Il est tour à tour flippant et éclatant. Sa présence massive n’est jamais pataude et au contraire, l’univers d’Anderson semble le réinventer. Son jeu est subtil, créatif et on le sent tout simplement heureux de se fondre dans les dialogues fous et les situations rocambolesques que lui propose son personnage. Le lien à Liesl, sa fille dans le film, dans sa construction progressive est tellement touchant, aussi car il nous embarque dans cette élaboration. Un régal ! Et alors, Mia Threapleton dans le rôle de Liesl précisément… Que de talent !! Une sorte de fausse intransigeance de celle qui a bien vécu le trauma de l’abandon et ne demande qu’a aimer, qui va s’adoucir tout en gardant le meilleur de sa détermination. Son personnage est souvent figé, avec des plans fixes, dans les échanges champs contre champs avec Korda, mais pour autant, tout ce qu’elle fait passer dans le regard, dans les expressions sobres de son visage presque juvénile et pourtant qui semble avoir déjà tellement à nous dire !! Et puis tous les autres cités au début de cette chronique !! Toujours un plaisir de retrouver le toujours dandy Matthieu Amalric, le flegmatique Benedict Cumberbatch et la divine et iconique Scarlett Johansson. Au final, ce The Phoenician Scheme est une réussite totale qu’on a déjà hâte de revoir !! Du grand cinéma, si atypique et qui nous avait tant manqué… Et qui vient nous rappeler à quel point on sait aimer !! A voir en salles, il faut courir !

Titre Original: THE PHOENICIAN SCHEME

Réalisé par: Wes Anderson

Casting:   Benicio Del Toro, Mia Threapleton, Michael Cera …

Genre: Action, Comédie, Comédie dramatique, Drame, Thriller

Sortie le: 28 mai 2025

Distribué par: Universal Pictures International France

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1 réponse »

  1. Ok, ça me rassure car j’avoue avoir été ennuyé par ses dernières créations, bien trop semblables aux précédentes. C’est un cinéma que j’adore, me faisant rêver, mais le seul style pastel ne peut suffire. Merci pour ce retour qui donne bien envie!

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