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SYNOPSIS : Syrie, 2015. Les combattantes kurdes continuent sans relâche leur combat contre l’État islamique, tandis qu’un journaliste français tente de découvrir l’identité de Shamaran. Entremêlant toujours thriller, espionnage et drame familial, une seconde saison resserrée sur les figures féminines, qu’elles soient victimes, combattantes ou bourreaux…
La seconde saison de la série franco-belgo-israélienne No Man’s Land, marque le retour sur Arte d’une aventure toujours aussi bien produite et réalisée après une longue absence de près de cinq ans. L’univers violent, complexe et brut de la guerre, opposant notamment des combattantes kurdes à Daech, est toujours aussi immersif et intense. Bien que la série ait perdu Félix Moati, une figure centrale de la première saison, le retour de Mélanie Thierry permet de conserver une part de l’énergie de la série, même si le personnage de Shamaran prend rapidement du recul par rapport à l’intrigue principale. Cette nouvelle saison continue d’explorer plusieurs arcs narratifs entremêlés, mais si certains captivent, d’autres manquent parfois d’impact. Toutefois, le soin apporté à la mise en scène, aux personnages et aux scènes d’action montre que la série n’a rien perdu de son efficacité. Si elle n’atteint pas toujours l’intensité de la première saison, elle demeure un tour de force appréciable dans le paysage audiovisuel.

L’une des forces majeures de No Man’s Land reste son immersion dans des zones de non-droit (ou de droits tout à fait relatifs) et la complexité des relations humaines au sein de cet univers impitoyable. La série parvient à maintenir cette immersion grâce à une mise en scène soignée et une direction artistique de qualité. L’attention portée aux détails, notamment dans les scènes de combat, qu’il s’agisse de fusillades, d’explosions ou d’exécutions est ainsi impressionnante. Les impacts de balles et l’intensité des scènes d’action, qu’elles soient brutales ou plus subtiles, sont d’un réalisme cru et crédible. Chaque scène d’action est construite pour renforcer cette authenticité, et cela se ressent à chaque instant. L’histoire globale de cette saison 2 est relativement bien ficelée, avec plusieurs retournements de situation qui maintiennent une tension constante. La série ne craint pas de nous surprendre, bien qu’il y ait parfois des moments un peu plus prévisibles ou qui frôlent la facilité. Certains arcs narratifs se dévoilent comme particulièrement réussis, notamment ceux qui plongent dans les mœurs de Daech ou l’exploration des dilemmes internes des personnages. En revanche, la série peine parfois à maintenir un équilibre entre les différents arcs, certains étant plus captivants que d’autres, ce qui peut nuire à l’ensemble de la dynamique de la saison.

Le casting de cette saison 2 est sans doute l’un des points les plus remarquables de la série. Si comme nous le disions Félix Moati n’est plus de la partie, le renouvellement partiel du casting permet à No Man’s Land de se réinventer un peu, tout en restant fidèle à ses bases. Mélanie Thierry, bien que moins présente dans l’intrigue principale, conserve une aura indéniable qui fait d’elle le pilier indispensable entre les deux saisons. Son personnage, Shamaran, est progressivement mis en retrait au profit de nouveaux visages, comme celui de cette américaine interprétée par Leo Hatton qui reprend contact avec un ancien amour, Jake (Zed Josef), devenu un haut responsable dans le circuit Daech puisqu’il y gère la comptabilité. Cependant, tous les personnages ne bénéficient pas du même traitement. L’arc des YPJ, malgré la forte implication féministe, souffre de personnages parfois moins développés et d’une dynamique de groupe un peu moins accrocheuse. Sarya (Souheila Yacoub), qui prend en importance, manque de relief par rapport à Shamaran, dont la présence magnétique était en comparaison un élément fort (contrairement à la première saison où nous avions le souvenir de l’avoir trouvée antipathique, nous avons eu l’impression cette fois de mieux cerner le personnage). De même, l’arc du journaliste qui cherche à découvrir l’identité de Shamaran semble presque tomber à plat, voire comme un cheveu sur la soupe, n’apportant pas la substance escomptée à l’ensemble de la saison. Ces inégalités dans la caractérisation des personnages, bien qu’elles n’affectent pas complètement la qualité de la série, nuisent à l’impact global de certains arcs narratifs.

La saison 2 de No Man’s Land parvient donc à garder l’attention du spectateur grâce à ses qualités visuelles, ses personnages aux environnements moralement variés et une tension qui faiblit rarement malgré quelques passages à vide. La mise en scène, notamment dans les scènes d’action, est un point fort majeur, rendant chaque fusillade ou explosion d’une intensité presque palpable. Toutefois, malgré son efficacité et ses moments forts, cette saison semble parfois tirer un peu sur la corde, notamment lorsque certains arcs peinent à capter l’intérêt avec des personnages qui manquent de profondeur ou d’intérêt. A noter que le dernier épisode de cette nouvelle saison est particulièrement réussi, offrant une conclusion à la fois intense et intrigante. Cependant, bien qu’il ouvre la porte à une possible troisième saison, on a l’impression que l’histoire a déjà exploré ses principaux enjeux, et une suite pourrait risquer de s’essouffler. Il est donc difficile de savoir si une nouvelle saison serait vraiment nécessaire, ou si l’univers a dit tout ce qu’il avait à dire. Dans tous les cas, cette saison 2 reste une œuvre solide et ambitieuse qui, malgré ses imperfections, continue de séduire par sa capacité à plonger le spectateur dans un univers où les personnages ont fait des paris de vie très différents et doivent tous coûte que coûte en subir les conséquences.








































































































































