Fin 2021 nous nous quittions sur un papier relatif à Dexter : New Blood, résurrection éphémère de la série Dexter dans le but de mieux la re-clôturer après la gigantesque marche funèbre des saisons 5 à 8. Une nouvelle fin pour notre tueur en série esseulé qui voyait revenir à la barre Clyde Philips, le showrunner originel de la série qui était parti à l’issue de la saison 4. Même si on sentait à l’époque que New Blood voulait bien faire, elle arrivait beaucoup trop tard pour avoir un véritable impact émotionnel et la démarche saugrenue se clôturait un peu dans l’indifférence générale. Difficile en effet de rouvrir une page qu’on a tourné, surtout avec l’objectif de la retourner à nouveau. 24 s’y était elle aussi essayée jadis avec une mini-série, Live Another Day, générant un résultat mitigé, d’autant qu’à contrario de Dexter son retour parmi nous avait lieu après une excellente première fin.  Mais ce genre de démarche est de plus en plus fréquente comme nous le découvrions encore cette semaine avec une suite de Buffy contre les vampires dans les tuyaux, à priori portée par Chloé Zhao et Sarah Michelle Gellar elle-même ; de quoi serrer les fesses lorsqu’on voit un tel monument revenir d’outre-tombe (en espérant que Chloé Zhao reste attachée au projet jusqu’au bout, elle qui aurait été la personne idéale pour la série Obi-Wan Kenobi). En ce début 2025 voilà donc que débarque sur Canal+ (en léger retard sur les Etats-Unis où la diffusion est déjà bien entamée) Dexter : Les Origines, préquel des deux séries mères initiales (New Blood étant comptabilisée comme une mini-série à part, le début d’une gigantesque entreprise de bricolage), mais ce n’est pas tout…Parce qu’il s’en est passé des choses dans la Dexter Sphère depuis 3 ans ! Un préquel a vu le jour, une suite à New Blood, qui s’intitulera Dexter : Resurrection (on vire clairement dans les titres à une franchise à la Halloween), a été annoncée, de même qu’un spin off Trinity : Origins centré comme vous l’aurez compris sur le bad guy de la saison 4 initiale, le Tueur de la Trinité en français…le tout chapeauté par…Clyde Phillips. Le showrunner revient à nouveau pour mieux la relancer via plusieurs canaux différents, où comment un apparent sauveur se transforme en potentiel super fossoyeur. Retour sur cette improbable nouvelle vie, passée et futur de Dexter.

Dexter : Les Origines est certes majoritairement un préquel à New Blood, mais c’est aussi une suite. L’entreprise globale (la relance de la franchise avec préquel, suite et spin off) peut paraître navrante mais on sent tout de même une synergie visant à tisser tout cela dans un tout. Ce préquel débute donc…à la fin de New Blood, après que Dexter, abattu, soit en train de se vider de son sang dans la neige puis finalement secouru. Alors qu’il est au bloc opératoire, il voit sa vie défiler devant ses yeux et c’est ainsi que nous nous retrouvons immergés dans ses souvenirs et surtout sa jeunesse avec la voix de Michael C. Hall en narration. C’est tout à fait inédit de voir une franchise initialement « noble » comme Dexter avoir les vies et morts qu’elle est en train de mener, on ne sait même plus si on doit la juger comme une facétie ou une véritable ambition créative tant elle semble faite pour nourrir les plateformes et redonner un job à ceux qui l’ont fait prospérer des années durant. D’un autre côté peut-être est-ce aussi (nous n’y croyons pas vraiment) l’occasion de lui redonner quelques lettres de noblesse après les fiascos post saison 4. Difficile d’avoir la foi lorsqu’on voit le mal qui a été fait, avec des suites à rallonge qui semblent contre nature et des personnages tués n’importe comment qu’on ne pourra jamais faire revenir. Sauf dans un préquel ! C’est peut-être en cela que Les Origines se démarque du reste. Sorte de soft reboot qui nous refait une saison 1, prétextant se passer avant pour légitimer son existence, tout en faisant revenir les mêmes personnages en plus jeunes, on ne pourra nier que la série dispose d’une certaine insouciance et fraîcheur ciblant de fait les adolescents et jeunes adultes.

Déjà, le casting est flamboyant. Patrick Gibson (qu’on avait découvert dans le bijou The OA) en Dexter, Christian Slater (capital sympathie énorme) en Harry, présences des géniaux Patrick Dempsey et Sarah Michelle Gellar (qui est plutôt un oiseau de mauvais augure tant ses tentatives de retours sur petit écran notamment via Ringer, The Crazy Ones, ou encore plus récemment Wolf Pack se sont avérés être des échecs cuisants)…sans compter des sosies en plus jeunes d’anciens personnages dans les rôles de Debra, LaGuerta, Batista et Masuka…quoiqu’on en pense il faut reconnaître que c’est brillamment casté. Bien sûr cela donne aussi cette impression que même 15 ans avant la série mère, les personnages étaient les mêmes que lorsque nous les avons découvert, qu’il s’agisse de leurs looks respectifs ou de leurs attitudes. 15 ans auparavant il s’agissait donc de personnes identiques, c’est toute la limite d’un préquel qui veut identifier ses personnages, faire plaisir aux fans et donc ne pas trop les perturber dans ce qu’ils sont venus chercher, surtout qu’à la base personne ne demandait rien. Passons sur ces détails, il faut plutôt voir cela comme nous le disions comme un soft reboot, et la franchise est déjà tellement échaudée qu’il ne sert plus à grand-chose de rationaliser tout cela. Les Origines nous montre donc un Dexter qui fait ses premiers pas dans la police, via un stage qui lui permettra avant tout d’acquérir les codes sociaux visant à se fondre dans la masse des autres humains sans éveiller les soupçons. L’occasion pour les scénaristes, qui ne manquent tout de même pas d’imagination, d’écrire quelques scènes assez amusantes et rafraichissantes sur le sujet. En parallèle on découvre et redécouvre le passé d’Harry, comment il s’est retrouvé à demander à la mère biologique de Dexter d’être indic, puis comment il a dû aider Dexter à gérer ses pulsions avec la mise en place du fameux Code. Rien de bien nouveau sous le soleil, sauf peut-être pour de nouvelles générations qui découvriraient la série par ce biais, et il y en aura sûrement. Dexter s’offre une nouvelle vie qui pourra alors autant raviver la nostalgie de ceux pour qui la série n’est plus très fraîche dans leur tête, ceux qui, déçus par la qualité des saisons 5 à 8, veulent retrouver un peu la légèreté des débuts, ou alors de nouvelles personnes qui se lanceront dans la licence et qui, nous n’en doutons pas, pourront enchaîner ce préquel, le futur spin off et la future suite sans avoir à se taper les 8 saisons et la minisérie New Blood. Clyde Philips et ses équipes semblent avoir pensé cela ainsi. Sur les trois épisodes visionnés à date nous constatons ainsi que la mécanique est assez bien huilée même si les scénaristes semblent pour l’instant manquer de matière pour le personnage de Debra qui n’est pas des plus passionnants à regarder évoluer et ce malgré l’excellent choix d’actrice.