![]()

SYNOPSIS : Sonic, Knuckles et Tails se retrouvent face à un nouvel adversaire, Shadow, mystérieux et puissant ennemi aux pouvoirs inédits. Dépassée sur tous les plans, la Team Sonic va devoir former une alliance improbable pour tenter d’arrêter Shadow et protéger notre planète.
En 2020 nous chroniquions ici le film Sonic, premier du nom, qui sortait sur nos écrans après de multiples dramas, principalement liés à l’apparence du hérisson bleu qui ne faisait pas l’unanimité (c’est un euphémisme) et de la « rédemption » du studio qui s’en était suivie. Paramount, constatant que les gens étaient bien plus rapides que Sonic lorsqu’il s’agissait de dégainer des avis tranchés et des mèmes sur les réseaux sociaux afin de se foutre de la gueule de leur future mascotte, s’est avérée bien consciente d’être devenue la risée de sa supposée cible (même si finalement on ne comprend rien à qui est sa cible avec cette licence de films) et avait alors rétropédalé en dépensant quelques millions supplémentaires pour éviter le four. Tels des reporters de guerre nous nous étions alors rendus en salle pour assister à ce qui s’est rapidement révélée être une catastrophe en bonne et due forme et compter les miettes du chantier. On ne peut pas dire qu’il s’agit d’un mauvais souvenir tant le film ne nous a laissé que peu d’images en tête ; il aura eu au moins ce mérite au-delà d’être mauvais, celui d’être indolore. Nous pensions alors ne jamais remettre les pieds dans cet univers mais nous n’imaginions pas forcément non plus que la franchise, dont le quatrième film vient d’être annoncé pour 2027, s’accrocherait à ce point à la vie et se dupliquerait comme les têtes d’une hydre. Il y a décidément des choses qui ne veulent pas mourir. Dans un élan de curiosité nous avons finalement accepté l’invitation pour ce troisième film. On ne pourra d’ailleurs pas dire que nous n’avons pas joué le jeu jusqu’au bout puisque notre éthique nous a poussé à nous immerger au préalable dans Sonic 2, l’occasion de constater que ce deuxième volet était tout aussi explosé sur le bitume que son prédécesseur. Alors qu’y avait-il à attendre d’un troisième opus ?
Et bien pas grand-chose, c’est certain, on ne peut pas aller au charbon avec des attentes alors que les deux précédents films avaient davantage leur place dans un bac à compost que dans une salle de cinéma. Pourtant, parfois, des miracles (relatifs) opèrent, peut-être est-ce d’ailleurs là le fameux miracle de Noël, ou bien alors quelques personnes à la tête du projet ont enfin eu un élan de bon sens. Bon calmons nous, nous n’allons pas non plus crier au génie, mais force est de constater que ce Sonic 3 nous a plutôt agréablement surpris. C’est une bonne chose car comme cela personne ne volera la place de Kraven dans le rôle du pire film de l’année, cela nous aurait fait mal de tomber sur pire après un truc aussi gratiné. Fin 2024 Sonic remonte donc dans nos bonnes grâces, pour ce que ça vaut. Les deux premiers opus, qui bénéficiaient d’un cahier des charges apparent, avaient le même défaut : ils étaient si niais et si débiles que seuls des enfants pouvaient les apprécier sans rechigner, un peu à l’instar du dernier Moi, moche et méchant. Lorsqu’une franchise grand public, qui aurait pourtant dû viser des joueurs devenus grands, devient inaccessible aux adultes, il convient de se poser les bonnes questions. Peut-être que Sonic 3 est en partie le fruit d’une telle réflexion, peut-être est-ce un hasard, peut-être les scénaristes sont-ils aussi arrivés au bout de ce qu’ils pouvaient raconter dans l’état actuel des choses (ils ne sont pas gâtés avec leurs neuneus de personnages humains), ou peut-être est-ce nous qui nous ramollissons. Décidément nous émettons tellement de suppositions sur la direction de cette franchise que c’est presque sur ses coulisses qu’il faudrait faire un film. Ce qui est sûr c’est que ce Sonic 3 se veut plus sombre, plus mature, et semble délaisser substantiellement les élans de niaiserie et de morale simplette qui gangrénaient ses prédécesseurs, même si ne vous réjouissez pas trop vite, ils sont toujours là. Les humains sont de fait eux aussi un peu délaissés, ce qui fait un bien fou car on ne peut plus les encadrer.

On ne va pas se le cacher, même si affubler Sonic d’une famille humaine partait d’une bonne intention et visait à combler sa solitude, la tonalité tournait rapidement en 7 à la maison. Ce Sonic 3 n’y échappe pas totalement mais disons qu’on limite les dégâts. Les personnages de James Marsden et Tika Sumpter n’ont donc jamais été aussi lisses, superficiels et bouche-trous mais au moins on ne les voit pas beaucoup et ce qui arrive à l’un d’entre eux pose même sur la table un arc où Sonic souhaite se venger, l’occasion d’une bonne leçon de morale certes mais aussi d’un peu de nouveauté. Exit aussi tous les parasites familiaux humains qui rongeaient les deux premiers films avec des clowneries de bac à sable à la limite du supportable. Le seul humain qui est réellement conservé c’est bien évidemment Robotnik, toujours incarné et habité par notre Jim Carrey préféré. Lui qui avait déclaré prendre sa retraite vient finalement reprendre son rôle, pour des raisons à priori pécuniaires mais peu importe, c’est du bonus pour nous. Autant lors des deux premiers films il n’avait rien sauvé, autant dans ce Sonic 3 nous avons souvent ri de bon cœur à ses bouffonneries.

Ne nous réjouissons pas trop vite ceci dit car ce Sonic 3 semble lui avoir concocté un baroud d’honneur, le studio ayant sûrement compris que Jim Carrey n’avait initialement pas prévu de revenir et qu’il pouvait dans le futur les planter à n’importe quel moment, ce qu’il avait clairement fait avant de changer d’avis (on a beau aimer Jim, il n’a pas l’air très fiable, lui qui avait déjà jadis flingué la promo de Kick Ass 2). Sauf extraordinaire, nous ne le reverrons donc pas dans la franchise. Cet adieu aura le mérite d’être suffisamment drôle et marquant pour se faire avec honneur et dignité, surtout que cet opus est en partie un Jim Carrey show. Notre comique y incarne en effet deux personnages différents, le Robotnik que nous connaissons déjà bien évidemment mais aussi Gerald Robotnik, son propre grand-père. Un déferlement de gags et de grimaces qui font souvent mouche et qui tirent le film vers le haut. Ajoutons à cela quelques blagues inspirées, l’introduction du personnage Shadow (doublé par Keanu Reeves) au background certes archi cliché mais suffisamment chargé pour créer un peu d’enjeu, un climax aussi épique qu’émouvant et on en vient presque à oublier la mocheté de l’ensemble pour prendre un peu de plaisir.

Sonic 3 n’est pas le sauveur ultime qui permettra à la franchise d’expier ses fautes, mais il y a du mieux. Toujours moche, avec des effets spéciaux dégueulasses qui nous font nous demander si leur finalisation n’est pas actée en bout de course par une personne ayant de véritables problèmes oculaires, le film se repose certes une fois de plus sur un scénario branlant au postulat douteux mais cette fois au lieu d’être écrit par un enfant de maternelle il semble avoir été confié à un collégien en fin de cycle, ce qui permet un gap qualitatif dont on se réjouira, faute de mieux. La scène post-générique tease, comme à chaque fin de Sonic, un nouveau personnage pour un futur opus. La mécanique huilée en pilote automatique n’a vraisemblablement pas prévu de faire davantage de zèle pour se renouveler. Jim Carrey n’ayant à priori pas vocation à revenir, difficile d’imaginer quelle direction prendra fondamentalement la franchise sans l’un de ses piliers. Nous espérons en tout cas que les autres personnages humains resteront au placard car nous avons franchement la flemme de revoir leurs visages aux sourires d’huitres donner des leçons de morale à sa famille d’animaux aliens. Nous devons bien l’avouer, nous serons au rendez-vous pour la suite, notre curiosité étant à présent titillée, espérons que cela sera pour le meilleur.

Titre Original: SONIC THE HEDGEHOG 3
Réalisé par: Jeff Fowler
Casting : Ben Schwartz, Idris Elba, Colleen O’Shaughnessey …
Genre: Aventure, animation
Sortie le: 25 Décembre 2024
Distribué par: Paramount Pictures France
MOYEN
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020








































































































































