Critiques Cinéma

THE WAILING (Critique)

SYNOPSIS : Quelque chose traque Andrea, mais personne, pas même elle, ne sait de quoi il s’agit. Vingt ans plus tôt, à dix mille kilomètres de là, la même présence terrifiait Marie. Camila était la seule à pouvoir comprendre ce qui lui arrivait, mais personne ne la croyait. Face à cette menace, toutes trois ont entendu le même gémissement.…

Ce n’est pas la première fois qu’un film d’horreur espagnol a les honneurs de figurer dans la programmation du PIFFF. En effet en 2021, Veneciafrenia (Álex de la Iglesia) avait été présenté hors compétition. Cette année c’est le réalisateur Pedro Martín-Calero qui est venu en personne pour nous présenter son premier film The Wailing (El llanto en espagnol), un long métrage ouvert et fantastique qui utilise une histoire hermétique et inquiétante. Le film s’ouvre avec une introduction parsemée de stroboscopes et de techno tonitruante, avant d’arriver au premier des trois épisodes liés. Andrea, Camila et Marie sont trois femmes qui vivent séparées par des décennies et sur des continents différents, mais elles sont unies par la même malédiction insondable. Le premier de ces épisodes se déroule dans le Madrid d’aujourd’hui, où l’on découvre la jeune étudiante Andrea (Ester Esposito) discutant au travers de son téléphone avec son petit ami Pau (Alex Monner) qui vit à Sydney. Alors que ce premier épisode est angoissant sur plusieurs plans, le deuxième met la terreur (un peu) de côté pour laisser place au voyeurisme au travers des yeux d’une étudiante en cinéma, Camila (Malena Villa), qui est fascinée par une mystérieuse jeune femme et décide de la suivre tout en la filmant secrètement comme projet de classe. L’objet de son affection c’est Marie (Mathilde Ollivier), un esprit libre venue de France, mais qui est, elle aussi, entourée d’une présence menaçante. Et enfin, la troisième histoire, intervient comme une réponse, une conclusion au mystère général. Suite directe de la 2ème partie, elle suit l’histoire de Camila, le suspense contrôlé éclate finalement en véritables frayeurs alors que les fils de l’histoire convergent autour d’une Marie désespérée.


Le scénario, signé Isabel Peña et Pedro Martín-Calero est un récit méticuleusement construit qui titille nos attentes et nos perceptions, c’est une pièce troublante qui oscille entre ambiguïté et métaphore. L’histoire ne cherche pas une cohérence, mais plutôt à être le reflet de l’incertitude inhérente à ses thèmes : violence inexpliquée et doute persistant. Le film fait le choix de se concentrer uniquement sur ses trois héroïnes et rien d’autre. Cela a des avantages, nous sommes pleinement concernés par leurs inquiétudes, on ressent leurs angoisses, mais tout comme elles, on passe notre temps à se poser des questions qui restent sans réponses. En se focalisant sur ces trois personnes le film en oublie de nous expliquer, ou au moins de nous donner quelques pistes à se mettre sous la dent. Comme par exemple, qui est responsable de tout cela, qui sont la (ou les) personnes que nous voyons sur les photos et vidéos, ou encore tout simplement, pourquoi elles ? Le choix d’une narration lente permet une introspection sur la psychologie des personnages, mais il contribue également à créer une atmosphère de confusion qui peut obscurcir le message central. Même la fin du film est aussi troublante que son approche, laissant le spectateur sans conclusion claire. Malgré cela, le film possède des moments de tension très réussis, grâce à son montage sonore et à ses atmosphères oppressantes, immersives, chargées de références à la vulnérabilité et à la violence cachée.

Pedro Martín-Calero utilise une esthétique glaciale, où les détails du quotidien acquièrent un ton menaçant, notamment dans le segment de Madrid, où, avec la directrice de la photographie Constanza Sandoval, ils exploitent au maximum les espaces claustrophobes, tandis que la section de La Plata ouvre l’histoire au grand jour, et n’en reste pas moins menaçante. C’est l’un de ces films d’horreur dans lesquels des appartements spacieux et bien éclairés peuvent être aussi inquiétants que n’importe quelle vieille maison sombre. La construction des personnages est un autre aspect essentiel, ils sont piégés dans leurs routines et surtout dans leur solitude.

Les interprétations de nos trois jeunes protagonistes sont convaincantes à différents égards, Malena Villa et Mathilde Ollivier sont éblouissantes, quand à Ester Expósito, on peut dire qu’elle ne choisit pas la facilité. Après le succès de la série Elite elle s’est tourné vers le cinéma de genre et celui lui réussit plutôt bien. Avant The wailing on l’a aperçu dans Vénus (Jaume Balagueró) ainsi que dans le génial Lost in the Night (Amat Escalante). Pour son premier long-métrage, Pedro Martín-Calero nous offre une proposition différente dans le panorama cinématographique espagnol, osant rompre avec les conventions pour raconter une histoire où le mal n’a pas besoin d’une forme tangible pour être craint. La mort menace les jeunes dans ce film d’horreur avec une précision stylistique et la fraîcheur moderniste avec lesquelles la menace est calibrée.

Titre Original: EL LLANTO

Réalisé par: Pedro Martín-Calero

Casting : Ester Expósito, Mathilde Ollivier, Malena Villa …

Genre: Epouvante-Horreur, Thriller

Sortie le: 7 mai 2025

Distribué par : Paname distribution

TRÈS BIEN

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