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SYNOPSIS : Au coeur des années Reagan, Patrick Bateman est un pur produit de la réussite américaine. Jeune, riche, il est un de ces golden boys qui triomphent à la bourse. Seul le nec plus ultra est digne de lui et il s’emploie à ne retrouver que des symboles qui lui renvoient une image de succès. Il accumule, avec une obsession maladive, les vêtements selects, les relations enviables. Son voeu le plus cher est de se fondre dans cette foule, de trouver sa place au milieu de ceux auxquels il s’identifie.

American Psycho raconte les éclats de Patrick Bateman, un golden-boy new-yorkais s’épanouissant à Wall Street – mais on ne le verra jamais travailler à l’écran, si seulement il travaille vraiment… Bateman nous raconte sa routine journalière extrêmement raffinée, dans un appartement minimaliste au blanc éclatant, et ses discussions » profondes » lorsqu’il dîne avec ses collègues et concurrents directs, enchaînant les concours de taille autour de réservations dans des restaurants hypes ou de cartes de visite flambants neuves. Mais Bateman cache une nature sombre : il est un tueur en série, méthodique, sadique, calculateur et manipulateur. Il s’en prend à ses rivaux, aux pauvres, aux prostituées et aux femmes de son entourage – mais comme il est beau parleur et qu’il incarne la masculinité dandy aux yeux d’un monde aveugle, Bateman n’est jamais attrapé, et ce malgré l’investissement et l’enquête du Détective Kimball qui cherche à lui mettre le grapin dessus.

Avec ce long-métrage, frappé d’une perspective hautement dérangeante qui amène le spectateur dans les réflexions inflexibles et la quête de perfection de son personnage principal, Harron et Turner récupèrent les écrits chocs de Bret Easton Ellis pour en faire une relecture électrique et horrifique. Bateman est raconté comme un monstre paisible à peau humaine, une sorte de Leatherface yuppie ou de vampire doré, attirant ses victimes grâce à son influence ou ses manipulations pour faire parler ses pulsions de mort. Harron compose alors une mise en scène extrêmement enlevée, épurée d’effets tapageurs pour raconter l’équilibre massif que se raconte Bateman, pour mieux laisser l’ironie de son scénario jouer en contrepoids de ses idées esthétiques. American Psycho joue les contradictions, laissant planer un film de monstre dans ses apparences de thriller sarcastique, racontant alors les ravages de la masculinité toxique et de l’impunité inhérente à son système glaçant qui laisse mourir celles et ceux qui ne rentrent pas dans le moule de leur perfection. American Psycho marche surtout dans son approche du pathétique. Les hommes au centre du film sont des abrutis en soif de pouvoir et de contrôle sur les autres, qui comparent leurs superficialités respectives pour tenter de dominer la » meute » – et c’est à celui qui bavera le plus. En prenant place dans le cercle fermé des traders américaines des années précédant le krack boursier de 87, le film raconte une apocalypse prématurée, un monde qui se meurt, tué par son propre narcissisme et sa vulgarité totale. Ses vampires tentent d’attirer l’attention – quitte à tuer des gens – mais ne sont jamais remarqués. La violence, passée dans un hors-champ très dérangeant par Harron, se justifie par elle-même par son contexte et par ses figures pathétiques qui se collisionnent.

Christian Bale est alors impeccable dans la peau de ce dandy cabotin, psychopathe, propre sur lui et profondément risible, offrant l’équilibre parfait pour faire fonctionner l’adaptation dans son exécution constamment sur le fil de la catastrophe. On y retrouve également des seconds rôles mémorables, comme le Paul Allen de Jared Leto, la Détective ambiguë de Willem Dafoe, ou encore les performances de Justin Theroux et Reese Witherspoon. A noter cependant que le film s’intéresse beaucoup au personnage de la secrétaire incarnée par Chloë Sevigny, l’un des seuls à peu près sain d’esprit de cette histoire de monstre, permettant de contrebalancer la perspective de Bateman (qui, lui, voit le monde comme il l’intéresse). Profondément gris, moralement ambigu et naviguant dans les méandres de son méprisable protagoniste, American Psycho est une œuvre aussi simpliste qu’elle est redoutablement exécutée, nourrie par une direction esthétique exigeante et une écriture ciselée qui laisse la part belle aux envolées lyriques des monologues pathétiques de son Bateman. Film de vampire qui laisse Massacre à la Tronçonneuse jouer en miroir, portrait sans filtre de l’impunité de la masculinité destructrice et de la misogynie morbide, il paraît alors extrêmement logique (quoique tragique) que la communauté sigma se soit approprié la » perfection supérieure » de son protagoniste en négligeant stupidement les signes qui font de Bateman la figure-type du masculiniste psychopathe manipulateur. Car, à l’instar de Bateman, ils ne voient que ce qui les intéressent, ignorent le reste, et laissent leur narcissisme parler pour eux. Mais ce monde est mort il y a bien longtemps – et ça aussi, ils continuent de prétendre l’inverse.

Titre Original: AMERICAN PSYCHO
Réalisé par: Mary Harron
Casting: Christian Bale, Willem Dafoe, Jared Leto…
Genre: Drame, Epouvante-Horreur, Thriller
Sortie le: 7 juin 2000
Distribué par: Metropolitan FilmExport
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2000








































































































































