Critiques Cinéma

JUSQU’AU BOUT DU MONDE (Critique)

SYNOPSIS: L’Ouest américain, dans les années 1860. Après avoir fait la rencontre de Holger Olsen, immigré d’origine danoise, Vivienne Le Coudy, jeune femme résolument indépendante, accepte de le suivre dans le Nevada, pour vivre avec lui. Mais lorsque la guerre de Sécession éclate, Olsen décide de s’engager et Vivienne se retrouve seule. Elle doit désormais affronter Rudolph Schiller, le maire corrompu de la ville, et Alfred Jeffries, important propriétaire terrien. Il lui faut surtout résister aux avances plus qu’insistantes de Weston, le fils brutal et imprévisible d’Alfred. Quand Olsen rentre du front, Vivienne et lui ne sont plus les mêmes. Ils doivent réapprendre à se connaître pour s’accepter tels qu’ils sont devenus…

Le premier long métrage de Viggo Mortensen en tant que réalisateur, Falling (2020), était un exercice de réalisation rigoureux et contrôlé. Un véritable drame sur des relations familiales à la fois dur, tendre et drôle qui sautait entre les générations pour raconter une histoire subtile mais explosive sur l’âge, la mémoire et le pardon. Après un passage chez David Cronenberg en tant qu’acteur pour Les Crimes du futur (2022) revoici Viggo Mortensen aux manettes pour sa deuxième réalisation dans un registre complétement différent avec une histoire d’amour émouvante et tragique.


Son deuxième long métrage se déroule au sein d’une petite ville poussiéreuse dans les magnifiques paysages de l’Ouest américain d’avant-guerre des années 1860. Holder Olsen (Mortensen), un immigré danois, charpentier et vétéran militaire craque pour Vivienne Le Coudy (lumineuse Vicky Krieps), une canadienne au tempérament fort et indépendant, qui vient de rompre avec un homme riche mais odieux (Colin Morgan). Désireux de vivre en paix ils déménagent dans le Nevada et commencent ensemble ce qui semble être une vie idyllique. Celle-ci sera de courte durée quand Holder décide de rejoindre l’armée pour combattre pendant la guerre civile. Les projecteurs se tournent ensuite vers Vivienne, qui obtient un emploi au salon tout en apprenant à vivre dans une ville de hors-la-loi dirigée par le maire corrompu Rudolph Schiller (Danny Huston). Ce dernier est complice des affaires illégales du principal propriétaire de la ville, Alfred Jeffries (Garret Dillahunt), et toujours prêt à fermer les yeux sur le comportement de son fils psychotique et violent Jeffries Weston (Solly McLeod). Lorsque Holder revient enfin après cinq longues années, sa relation avec Vivienne est confrontée à de nouveaux défis qui menacent de les déchirer, et il n’est peut-être pas prêt à faire face à une découverte qui changera sa vie…


Après un début tonitruant où les morts s’accumulent rapidement, le film bascule dans un rythme plus platonique oscillant entre drame et pur western. La violence et la tragédie sont la direction naturelle de l’histoire, cette trajectoire est claire dans chaque scène et chaque plan et malgré cela Mortensen arrive à mettre l’accent sur le côté calme et doux de nos deux protagonistes qui arrivent à s’intégrer dans ce monde cynique et violent. A travers ce paysage brutal, l’amour d’Olsen et Vivienne s’épanouit comme une fleur miraculeuse. Viggo Mortensen incarne ici un homme traditionnel, fort et silencieux, un héros occidental de la vieille école mais la véritable tête d’affiche c’est bien Vicky Krieps, celle que le réalisateur a toujours voulu comme il le dit si bien : « Je ne pouvais imaginer quelqu’un de meilleur dans ce rôle que Vicky Krieps, et nous étions très heureux lorsqu’elle m’a dit qu’elle aimait le personnage et qu’elle voulait le jouer« . En lui laissant les rênes du film alors qu’il se retire au milieu du film, il lui offre la possibilité, (qu’elle saisit largement) de montrer son authenticité et sa force tranquille, tout en livrant un personnage puissant. Le choix de montrer Vivienne seule pendant l’absence de son mari nous permet de voir comment elle gère cela, c’est très judicieux et c’est exactement ce que recherchait le réalisateur : « Je voulais explorer ce qui arrive aux femmes qui sont laissées derrière lorsque leurs pères, maris ou fils partent mener leurs guerres masculines. Et ce que ressentent et pensent les femmes comme Vivienne ».


Du côté des postes techniques on retrouve, le directeur de la photographie Marcel Zyskind qui tire ici le meilleur parti de Durango, au Mexique. La partition musicale sur des airs de violon qui nous offre un style occidental a quant à elle été écrite par Viggo Mortensen lui-même, et ce choix lui a permis de guider son film comme il l’explique « La musique, dont une grande partie a été composée et enregistrée avant le tournage, m’a aidé à concevoir la durée et le rythme de nombreuses scènes. Cela peut sembler contre-intuitif de créer une grande partie de la musique avant le tournage, mais cela s’est avéré utile comme guide pour le tournage et le montage« . Viggo Mortensen réalise une histoire d’amour émouvante sur deux personnes qui n’utilisent pas beaucoup de mots pour la décrire mais qui sont clairement amoureux au moment même où leurs vies sont menacées. Jusqu’au bout du monde est un western nerveux, sombre, magnifiquement filmé avec une écriture impressionnante qui utilise des thèmes forts comme l’amour, la guerre, la masculinité ou encore la violence.

Titre original: THE DEAD DON’T HURT

Réalisé par:  Viggo Mortensen

Casting: Vicky Krieps, Viggo Mortensen, Solly McLeod…

Genre: Drame, Romance, Western

Sortie le: 1er mai 2024

Distribué par : Metropolitan FilmExport

EXCELLENT

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