Critiques Cinéma

LA PROMESSE VERTE (Critique)

SYNOPSIS : Pour tenter de sauver son fils Martin injustement condamné à mort en Indonésie, Carole se lance dans un combat inégal contre les exploitants d’huile de palme responsables de la déforestation et contre les puissants lobbies industriels.

Après son réussi Au nom de la terre, Edouard Bergeon nous revient avec un nouveau projet tout aussi engagé : La Promesse verte. Ici on garde les mêmes ingrédients qui semblent chers à Edouard Bergeon à savoir l’exploitation de la terre et les retombées directes et indirectes sur les êtres humains qui y sont confrontés. Sauf que cette fois on change de décors pour l’Indonésie et ses palmeraies. A une ère où la planète asphyxie et où une partie des humains qui la peuplent ont enfin de plus en plus conscience du contenu des produits qu’ils mangent grâce à une information davantage transparente (surtout malheureusement via des chemins de traverse, on remerciera notamment Yuka d’exister) et souhaitent consommer mieux sans tout un tas de choses farfelues et cancérigènes présentes uniquement pour diminuer les coûts, La Promesse verte s’affirme d’ores et déjà comme un film d’utilité publique. Il marche ainsi dans le sillage d’autres démarches indispensables telles que l’excellent Goliath ou encore, plus récemment, le nécessaire Les Algues vertes. Pas révolutionnaire, La Promesse verte a le mérite d’être là et de ne pas y aller par quatre chemins car montrer et informer cela permet de toucher les gens et peut-être de les empêcher d’acheter en toute connaissance de cause tous les produits honteux qui sont commercialisés et qui pour beaucoup, s’il n’y avait pas la présence de tous ces lobbys, devraient même être interdits par la loi.



Martin (Félix Moati) est un jeune idéaliste. Alors lorsqu’il se rend en Indonésie et qu’il se met à nouer des liens avec ses habitants il peut difficilement rester statique au moment de découvrir la dure réalité du décor : déforestation, intimidation et milices privées qui font la loi pour faire partir les habitants des villages quitte à les abattre sans état d’âme en cas de refus de coopérer. Bienvenue dans les coulisses des grands groupes qui chaque jour nous font manger des horreurs dans nos assiettes, que la honte vienne du produit en lui-même ou des moyens moraux tantôt discutables, tantôt abjects auxquels ils ont recouru pour les produire ou les collecter. Très vite Martin assiste au pire et finit, via quelques subterfuges classiques mais efficaces de la part de ses bourreaux, en geôles. L’issue du triste spectacle qui lui fera office de procès sera rapidement connue : Martin est condamné à mort. A Paris, très loin de là, sa mère Carole (Alexandra Lamy) apprend la nouvelle et se lance dans une course contre la montre pour faire libérer Martin et empêcher son exécution. La voilà à présent prises dans les rouages du pouvoir et des lobbys.



La narration du film est d’abord centrée sur Martin qui, après avoir débarqué en Indonésie, y commence sa petite vie jusqu’au drame qui précipitera sa chute et le fera emprisonner. C’est donc à ce moment-là que le personnage d’Alexandra Lamy fait activement son entrée dans le film. Les deux facettes du film se complètent bien et l’attention du spectateur ne se relâche jamais. Il y a des scènes qui restent en tête et pas forcément celles que l’on croit de prime à bord (nous avons par exemple été marqués par le personnage d’Alexandra Lamy qui jette une partie du contenu de ses placards de cuisine en constatant qu’ils sont tous à base d’huile de palme). Bien sûr le film n’est pas très surprenant dans son histoire en tant que telle si on fait abstraction du sujet de fond. Il n’a toutefois pas vocation à l’être dans la mesure où les mécanismes politiques et économiques qui entourent ses personnages sont régis par des règles d’intimidation, de manipulation et de meurtres tristement « banals ». Au centre de tout cela de grands groupes internationaux qui commettent des exactions et qui, notamment via des montages de sociétés très habiles, arrivent à ne pas trop s’exposer ; et puis bien sûr le gouvernement qui ne veut pas trop tendre les relations avec un pays étranger pour, comme nous l’apprenons assez vite, des motifs qui ne sont pas véritablement liés à la vie de Martin. Le scénario est efficace, déroulant à la façon d’un thriller les facettes de chaque personne impliquée de près ou de loin, nous faisant douter de tout le monde de peur d’un volte-face impromptu, tout autant que de l’issue favorable ou défavorable qui attendra Martin lorsque le bras de fer qui s’est amorcé tranchera enfin sommairement et lapidairement.


La Promesse verte appui là où ça fait mal. Nous ne pouvons que lui souhaiter un déferlement de spectateurs en salles, il faut que les gens soutiennent ce film, qu’ils connaissent déjà ou pas les tenants et aboutissants qui régissent une histoire malheureusement reflet de notre réalité et il faudra aussi à l’avenir le diffuser dans les écoles. Il n’est jamais trop tard pour résister.

Titre original: LA PROMESSE VERTE

Réalisé par: Edouard Bergeon

Casting:  Alexandra Lamy, Félix Moati, Sofian Khammes…

Genre: Drame

Sortie le: 27 Mars 2024

Distribué par : Diaphana Distribution

TRÈS BIEN

4 réponses »

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