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SYNOPSIS : Le quotidien de William Henry Devereaux, Jr., l’improbable président du département d’anglais d’un collège de Pennsylvanie, en pleine crise de la quarantaine.
A la sortie du succès spectaculaire de la dernière saison de Better Call Saul, spin-off de Breaking Bad centré sur le sympathique et véreux avocat Saul Goodman, il est évident que la cote de Bob Odenkirk est en hausse alors qu’il devient désormais nécessaire pour la suite de sa carrière de parvenir à s’émanciper du rôle qui a fortement participé à en faire une personnalité importante des écrans actuels. Si les dernières années ont été pour lui l’occasion de passer des têtes dans quelques séries télévisées et de s’octroyer des rôles importants au cinéma (il est au casting d’Undone, de la saison 2 de The Bear, du Little Women de Greta Gerwig, de l’actioner Nobody, et d’un futur et mystérieux remake du The Room de Tommy Wiseau – parce que pourquoi pas, après tout ?), il est cette fois au centre de la nouvelle série conçue par Paul Liberstein et Aaron Zelman, baptisée Lucky Hank, adaptée du roman Straight Man de Richard Russo. Dans un mélange de comédie noire et de drame social absurde, cette nouvelle proposition embarque Odenkirk dans une valse de galères et de remises en question générationnelles délicieuses.
Lucky Hank suit le personnage éponyme, William Henry « Hank » Devereaux Jr, professeur à la banale université de Railton College en Pennsylvanie, responsable du département d’anglais de l’établissement et ex-auteur en perdition depuis la perte de son inspiration. D’un naturel cynique et très vieux jeu, Hank voit son monde partir en vrille lorsqu’il critique ouvertement ses élèves en face d’eux lors d’un cours, et que son poste est mis en danger par les mesures de la Direction. Lors de ces premiers épisodes, on suit alors les péripéties chaotiques de ce Hank profondément démodé, cachant derrière son sarcasme et son aigreur des manques et des doutes qui ne vont pas tarder à provoquer chez lui une violente crise de la cinquantaine.
Profitant en tête d’affiche d’un protagoniste haut en couleurs, à l’apparence fermée et à la personnalité froide dégagée par un Bob Odenkirk aussi détestable que sympathique, Lucky Hank est de ces propositions qui se calent sur leur ambiance pour dégager ses premières bases de mise en scène et ses gimmicks d’écriture. Jouant la carte de la comédie burlesque installée sur une farandole de thématiques sociales, personnelles et professionnels importantes, tout en gardant la légèreté et la profondeur de l’ironie constante qui imbibe tout ce démarrage de saison, ces premiers épisodes sonnent comme un test à grand échelle, qui galère – comme Hank – à véritablement intéresser dans un premier temps, pour finalement se découvrir petit à petit, distillant une ambiance drolatique et étonnante dans sa verve sarcastique, dans ses coups du karma et dans les décalages construits par ce curieux assemblage de personnages. Autour d’Odenkirk se compose un casting étonnant, avec à son bord Mireille Enos, Sara Amini, Suzanne Cryder, Dietrich Bader, Oscar Nuñez et quelques caméos (dont un très twinpeakesque…). Dans leur énergie détonante et chaotique, parfaite métaphore des remises en question personnelles de son héros à la ramasse, le chœur de Lucky Hank propose une comédie intimiste et absurde, souffrant des défauts des débuts modestes par son manque d’ouverture et par un style scénique et narratif pas assez appuyé.
Mais ces imperfections sont contrebalancées par les pistes installées dans cette première saison, tournant autour du fossé qui s’est déchiré entre Hank et le reste du monde. Déstabilisé par l’ombre massive de son père, réfractaire aux changements et à une distance massive des préoccupations des jeunes générations qu’il côtoie pourtant quotidiennement, l’anti-héros grincheux de Bob Odenkirk finit par devenir le guide d’une série cynique à souhait sur tous les sujets qu’elle traverse, offrant la part belle à son casting et à l’énergie comique attachante qu’elle véhicule déjà.
Crédits : OCS








































































































































