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SYNOPSIS : La défaillance d’un minuscule transistor provoque l’alarme au Strategic Air Command où sont surveillées les mouvements de tous les avions du monde. Cette défaillance fait croire à l’existence d’un engin non identifié. Une escadrille de bombardiers atomiques est envoyée en direction de Moscou.
Nous sommes ici en face d’un pur film de guerre froide. A noter que Docteur Folamour de Stanley Kubrick, traitant plus que sensiblement du même sujet est sorti la même année, en 1964. Stanley Kubrick ayant été jusqu’à faire racheter Point limite pour que celui-ci sorte quelques mois après… Sidney Lumet, dans son immense conscience politique ne pouvait que se laisser séduire par le scénario de Walter Bernstein, tant le progressisme de Lumet et ses valeurs humanistes pouvaient ici pleinement s’exprimer. Ce qui est terrible dans Point limite, est que même en noir et blanc, on devine l’extrême pâleur et lividité de nombre de personnages, y compris des grands généraux de l’armée américaine, face à l’horreur nucléaire qui se précise de minutes en minutes. Le film va dérouler un puissant message qui résonne tellement fortement à nouveau aujourd’hui et qui dans cette capacité à l’autodestruction par le feu nucléaire, vient interroger la nature de l’homme dans son fondement le plus profond. A savoir que la question n’est pas tant de savoir si l’apocalypse aura lieu, mais de savoir qu’elle est possible… Qu’il s’agisse de la folie des hommes ou comme ici une simple défaillance mécanique. Le sort de millions d’humains, suspendus à un bouton, à un boulon. C’est ici que Sidney Lumet est un virtuose du message, en mettant l’homme dans une situation d’urgence totale face à sa propre folie. L’esprit carnassier, les velléités hégémoniques, le pouvoir suprême qui passeraient donc par la détention de l’arme ultime. Le film a le génie de rendre dérisoire, de minimiser et quelque part de rendre ridicule l’instinct de guerre, sans jamais finalement en parler, mais en passant par sa mise en scène, aussi épurée que talentueuse. La réalisation est d’une grande intensité, tout en restant très simple dans sa construction, là aussi une des grandes forces de Point Limite.

Le président et le traducteur avec au milieu le téléphone et le Président Russe, pour juste essayer de sauver le monde. Dans un plan à la parfaite symétrie, et dont le mode anodin, deux hommes dans une pièce froide et austère avec un téléphone vient tout en contraste de la tragédie planétaire qui se joue. A ce moment précis, et dans de nombreuses autres tableaux et vignettes identiques sur la forme, Sidney Lumet est un génie. Il y aura bien le sens de l’honneur et du devoir, l’esprit sacrificiel du Président et de ses généraux, dans ce qui va devenir comme un exercice stratégique de haut vol, une partie d’échec entre Dieu et le diable. Si on ne sait pas trop qui est le premier, pas de doute possible quant à l’identité du second : l’homme. La seule façon qu’aura le Président américain de prouver à son homologue Russe que c’est une erreur et pas une attaque, sera de placer au-dessus de la tête des New Yorkais, son propre peuple, les mêmes engins de mort que ceux au-dessus de la tête des Moscovites. Tuer 5 autres millions de personnes, arrêter 5 autres millions de destins, tuer les siens, pour ne pas que l’autre ait à le faire. Là aussi, Lumet nous dit bien que nous sommes toutes et tous, avant tout, des citoyens du monde. Le propos de Sidney Lumet est ample, son cinéma universel.

Sans déflorer l’épilogue, même si une fois de plus, martelons-nous que l’essentiel n’est pas de savoir si l’apocalypse a eu lieu, mais de savoir que l’homme peut la rendre possible, le message suivant s’inscrit juste avant que la lumière se rallume et que chacun reprenne le court de sa vie, tant que celle-ci existe :
» Le gouvernement américain assure que de tels événements ne peuvent pas se produire « . Hilarité générale dans la salle…

Henry Fonda est un incroyable Président des Etats-Unis. Il est tout à la fois majestueux, d’une somptueuse beauté, tout en incarnant un humain finalement tout petit face à l’immensité de ce qui se joue. Disons-le, il fait Président. Les doutes et l’abomination des décisions qu’il a à prendre, tout en demeurant étrangement calme et méthodiquement concentré sont un modèle d’interprétation. Il y a le plaisir de retrouver Larry Hagman, autrement qu’avec un Stetson, mais lui comme Fritz Weaver, Walter Matthau, Franck Overton et tous les autres membres du casting jouant des militaires, auront en commun, à des degrés divers, de remarquablement jouer l’effroi, la terreur et le silence glaçant des moments décisifs. Point Limite non seulement n’a pas prit une ride 58 ans après, mais fait froidement écho aujourd’hui. C’est à revoir d’urgence du fait de l’universalité de sa pensée, et de la splendeur cinématographique qui font les chefs-d’œuvre.
Titre original: FAIL SAFE
Réalisé par : Sidney Lumet
Casting: Henry Fonda, Walter Matthau, Fritz Weaver…
Genre: Policier
Sortie le: 25 Février 1965
Distribué par : –
CHEF-D’ŒUVRE
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 60








































































































































