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FESTIVAL D’ANNECY 2023 (Jour 1)

Il faut le dire, le contexte dans lequel commence ce Festival d’Annecy 2023 est pour le moins tendu. On pense à la petite hémorragie de talents au sein de la section Pixar et le licenciement d’Angus Maclane, réalisateur du peu acclamé Buzz l’Eclair l’an dernier. Ajoutons-y la croissance rampante des IA prêtes à remplacer toute trace humaine dans la création de ces futures années – une conférence y sera d’ailleurs dédiée cette semaine, signe que le festival sait qu’il faut en parler. Et puis fatalement, l’attaque terroriste du milieu de semaine dernière a profondément marqué la ville. Les discours de la cérémonie d’ouverture étaient particulièrement éloquents sur la nécessité de continuer à lutter face à la barbarie avec plusieurs armes : la joie, les couleurs et l’animation.

Et justement, cette année, le Festival s’étend avec un jour supplémentaire de projections. Signe que le festival se porte bien, que l’animation se porte bien, ce sont cette année près de 16 000 accrédités qui iront fouler les pelouses du Pâquier avant d’aller découvrir les futurs films cultes de l’animation à Bonlieu ou même au Pathé de la ville, superbe bastion que l’on aura donc le plaisir de fréquenter jusqu’au 18 juin. Et après les montagnes, les prairies et le bon chocolat en provenance de la Suisse l’année dernière, c’est au Mexique d’être à l’honneur cette année, avec notamment le retour d’un habitué en la personne de Guillermo Del Toro qui donnera une leçon de cinéma, ainsi que le réalisateur Jorge Gutiérrez (La légende de Manolo) qui a conçu la chatoyante affiche de cette édition.

Ce premier dimanche aura donc été marqué par l’ouverture du festival qui a réservé quelques surprises.

Cette année, les studios Walt Disney Animation fêtent leurs 100 ans. Une longévité qui aura connu moult hauts et bas, et que deux animateurs du studio, Dan Abraham et Trent Correy, célèbrent avec un court-métrage de 9 minutes, intitulé Once upon a studio. Sans trop spoiler, on dira qu’environ 40 acteurs ont redonné de la voix pour reprendre le temps d’une réplique leurs rôles, et qu’à peu près tous les personnages animés possibles et imaginables sont présents pour prendre une photo-souvenir. Un testament à la fois touchant, drôle et tout de même gênant tant l’on sait l’ambiguïté de la figure de Walt Disney dans l’histoire de l’animation. Votre degré d’appréciation de cet hommage sympathique mais complaisant dépendra donc de votre affection – ou non – pour la firme aux grandes oreilles. On notera cependant la place prépondérante à la production et devant la caméra de certains des plus grands animateurs du studio. Un rappel tout à fait salutaire et bienvenu que sans les animateurs et leur talent, l’animation ne serait rien.

 

Sirocco et le Royaume des Courants d’Air

SYNOPSIS : Juliette et Carmen, deux sœurs de 4 et 8 ans, découvrent un passage entre leur monde et celui du livre « Le Royaume des courants d’air ». Pour revenir, elles vont devoir trouver Sirocco, ce personnage terrifiant capable de contrôler le vent.

Et pour l’ouverture en bonne et due forme, c’est le premier film de la compétition que l’on a pu découvrir. Sirocco et le royaume des courants d’air de Benoît Chieux est un film qui a été accouché dans la douleur : celle de ne pas trouver de financements étant la plus importante. Distribué par Haut et court, ce film français suit deux sœurs perdues dans le royaume crée par l’imagination d’une amie de leur mère. Difficile de résumer le film sans spoiler. On dira qu’il s’agit d’un drôle de croisement entre du Miyazaki et du Claude Ponti. Il y a quelque chose de définitivement old school dans ce récit d’aventures où le vent est un personnage comme un autre. On saluera néanmoins la dimension très féminine de la plupart des protagonistes, et notamment la figure de Selma, magnifique visuellement et porteuse de thématiques fortes, traitées avec pudeur et subtilité.

Dommage que le bestiaire soit à peine effleuré, que le rythme accumule de grosses longueurs et que des antagonistes disparaissent très vite du film, laissant une impression d’inachevé. Pour le reste, avec son univers visuel intéressant et sa bande-originale sublime, Sirocco est une proposition d’animation empreinte d’une belle mélancolie et à la fin plus sombre qu’on pourrait le croire.

 

 

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