Critiques Cinéma

TRANSFORMERS : RISE OF THE BEASTS (Critique)

SYNOPSIS : Transformers : Rise of the Beasts renoue avec l’action et le grand spectacle qui ont séduit des millions de spectateurs à travers le monde. Ce nouveau volet se déroule au cœur des années 90 et nous emmène aux quatre coins du globe. Une toute nouvelle faction de robots Transformers – les Maximals – se joindront aux Autobots dans l’éternelle bataille qu’ils livrent face aux Decepticons. 

« Don’t call it a Comeback « hurle le nouveau volet de la saga Transformers dans un deus ex machina qui lance le combat final du film. Et, à avoir entendu tout et n’importe quoi sur la nature de ce nouveau projet au sein de sa franchise, on finit par être un peu largué. Alors, comeback ou pas comeback ? Après les 5 célèbres volets cinématographiques de la licence sous la tutelle de Michael « over-the-top  » Bay, jeté au vide-ordure avec un cinquième épisode abyssalement dispensable et complètement raté en tous points, Paramount et Hasbro ont tenté en 2018 de prendre la tangente sans leur réalisateur fétiche, définitivement lassé par la saga en l’ayant bien fait comprendre à tout le monde. En signant Travis Knight à la tête d’un projet spin-off sans grande ambition blockbusterienne, centré sur l’éternel sidekick sympa de la bande de robots géants, Bumblebee signa dans sa licence une vraie petite réussite aussi fraîche que nostalgique sur l’amitié tissée entre une ado terrienne et un alien robotique dans les années 80. Avec son angle profondément intimiste, sympathiquement accompagné par une mise en scène éclairée et une jolie envie de raconter ses personnages, ce préquel servit à reposer les bases de sa saga afin d’y bâtir quelque chose de plus grands par le futur. Ce futur est désormais aux portes de la Terre, puisque Hasbro commence à imaginer son propre MCU avec leur premier volet reboot titré Rise of the Beasts. Reboot car, on le voit clairement venir, ce nouvel épisode est moins un préquel qu’une renaissance de la saga – laissant au garage les aventures de Sam  » Shia LaBoeuf  » Witwicky dans les années 2000 pour tout recommencer à la racine.



Nous sommes désormais en 1994. Cela fait plusieurs années qu’Optimus Prime et sa bande d’Autobots sont cachés sur Terre – dans l’espoir de pouvoir un jour organiser une contre-attaque sur les Decepticons qui ont fait chuter Cybertron. En parallèle, Noah est un jeune ex-soldat (le héros est un militaire américain, on n’a pas totalement quitté le BayVerse) qui vit avec sa mère et son jeune frère malade, en galérant à trouver un emploi stable. Un jour, il se retrouve à voler une Porsche 911 dans un parking – laquelle est en réalité Mirage, un Autobot qui l’emmène malgré lui vers la planque d’Optimus Prime. Ce dernier, peu enclin à l’idée de se révéler à un humain, expose le sujet de leur réunion à ses camarades : un artéfact extrêmement puissant, une clé capable de voyager à travers la galaxie toute entière, a été retrouvée par Elena (Dominique Fishback), stagiaire en archéologie. Cette clé peut leur permettre de retourner sur Cybertron et enfin sauver leur planète. Seulement, la clé est aussi repérée et convoitée par le terrible Unicron, une créature gigantesque mangeuse de planètes qui cherche à dévorer la galaxie toute entière. Pour combattre sa terrible armée mené par le surpuissant Scourge (Peter Dinklage), Optimus et les Autobots devront s’allier aux Maximals, une espèce extra-terrestre cachée sur Terre depuis les premières civilisations amérindiennes …


Autant rentrer directement dans le sujet : l’intimisme de Bumblebee est du passé. Dans ce Rise of the Beasts, Hasbro veut que sa franchise retrouve son public amateur de bastons de mechas à échelle planétaire. Même s’il tente à nouveau de construire un héros humain attachant et reconnaissable (à ce jeu-là, Anthony Ramos s’en sort très bien et prouve qu’il a les épaules pour porter le futur de la franchise), le cœur de la saga Transformers semble avoir disparu aussi vite que le personnage d’Hailee Steinfeld après son très joli passage dans le volet précédent, pour raccrocher avec les ambitions démesurées des volets de Michael Bay, tout en appuyant constamment (et un brin lourdement par quelques blagues métas) que ceux-ci font désormais partie du passé. Le problème de ce Rise of the Beasts réside, non pas dans le traitement de ses humains (la relation entre Noah et son frère est à juste titre plutôt bien construite et mène les principales réussites du film), mais dans ce qu’il tente d’apporter à son univers. Piochant allégrement dans la série dérivée Animutants, ce Transformers se montre particulièrement avare en idées visuelles, ressemblant essentiellement à un énième blockbuster sans véritable proposition narrative. Les Maximals ne relèvent pas vraiment le niveau, puisqu’à part avoir la forme d’un animal plutôt que d’un véhicule motorisé, ils n’ont pas grand-chose de neuf pour eux…


Et c’est au final assez triste, tant le film tente de poser les bases de sa future franchise (signée par la pas si surprenante conclusion) en oubliant ce qu’il pourrait conférer comme imagerie nouvelle à sa saga. Rise of the Beasts coche toutes les cases du blockbuster de studio contemporain, sans virer ni dans l’inattendu ni dans l’original, calibrant tous ses coups et ses effets à l’avance. Le déroulé semble donc hautement prévisible, même si l’on ne boude pas le plaisir sur certaines scènes d’action. Mais le spectacle, certes formellement efficace, ne suffit pas à faire de ce volet un digne successeur de la sulfureuse réputation de la saga de Bay qui, bien que chacun de ses épisodes soit sujet à controverses et à débats au sein de la communauté cinéphile, avait au moins le mérite clair d’essayer de proposer de l’action à grand budget et à l’imagerie éclatante d’excès en tous genres. Car Steven Caple Jr. (le réalisateur du très bon Creed II) fait ce qu’il peut du scénario lisse à souhait de Joby Harold, Darnell Metayer et Josh Peters, mais peine à sortir quelque chose d’éclatant d’une base pas franchement solide qui accumule les poncifs et les clichés du genre. Le fait est que Transformers semble être en stase, en attente d’être réanimée par une tentative plus riche ou un concept visuel plus fort. Il est certain qu’Hasbro va devoir redoubler d’effort pour que Optimus Prime et ses Autobots retrouvent leur grandeur. Rise of the Beasts se fait donc proposition en demi-teinte, réussissant son coup dans l’établissement de ses humains, dans le questionnement du rôle de leader d’Optimus Prime et dans sa rythmique Hip-Hop qui fonctionne particulièrement bien avec ses robots géants, mais échoue sur le terrain de l’originalité en préférant une intrigue très fade au service d’un « Marvel x Power Rangers  » movie pas véritablement convaincant sur la durée. Quant au casting vocal, celui-ci s’en sort avec les honneurs d’une participation pas très riche mais suffisamment efficace pour assurer le show. Peter Cullen reprend le volant d’Optimus Prime avec toujours autant de maîtrise, rejoint cette fois par Ron Perlman (Primal), Michelle Yeoh (Airazor) et Pete Davidson (Mirage). Comeback ou pas, on reste clairement sur notre faim avec ce nouvel épisode pas vraiment à la hauteur de son univers, cousu de fils blancs et de maladresses narratives grossières, qui pave pourtant la voie à son futur univers partagé qu’on imagine pour le coup riche en propositions. La prochaine pierre devrait arriver l’année prochaine, avec le film d’animation Transformers One, qui devrait revenir façon préquel (un vrai, cette fois) sur la rivalité historique entre Optimus Prime et Megatron, son ennemi ultime. Restera-t-il assez de jus à Transformers pour faire un nouveau grand retour sur le devant de la scène ? La question reste en suspens …

Titre Original: TRANSFORMERS : RISE OF THE BEASTS

Réalisé par: Steven Caple Jr.

Casting : Anthony Ramos, Dominique Fishback, Luna Lauren Velez …

Genre: Action, Science fiction

Sortie le: 7 Juin 2023

Distribué par : Paramount Pictures France

MOYEN

Laisser un commentaire