SYNOPSIS : Khédidja travaille pour une famille parisienne aisée qui lui propose de s’occuper des enfants le temps d’un été en Corse. L’opportunité pour elle de retourner avec ses filles, Jessica et Farah, sur cette île qu’elles ont quittée quinze ans plus tôt dans des circonstances tragiques. Alors que Khédidja se débat avec ses souvenirs, les deux adolescentes se laissent aller à toutes les tentations estivales : rencontres inattendues, 400 coups, premières expériences amoureuses. Ce voyage sera l’occasion pour elles de découvrir une partie cachée de leur histoire.
Pour Catherine Corsini, c’est déjà le retour à tout point de vue, puisque déjà en 2021, elle présentait La fracture en compétition officielle au Festival de Cannes. Ici, avec justement Le retour, la cinéaste retrouve son actrice Aïssatou Diallo Sagna, qui pour son rôle dans La Fracture avait obtenu le César de la meilleure actrice dans un second rôle. Après un film très politique et sur une durée bien déterminée, c’est un virage complet pour la cinéaste avec cette plongée initiatique dans l’intime d’une histoire familiale. Ce qui peut fonder la réussite d’une telle entreprise dans ce registre du récit d’initiation est entre autres la profondeur des sentiments, qui passe par le potentiel empathique de la narration. Et c’est un peu tout le problème du Retour. L’histoire est difficile à accrocher, tout d’abord car le sentiment d’avoir vu ce récit des dizaines de fois prend toute la place d’emblée et ne quitte que très peu le sentiment du spectateur, ce qui est un vrai problème. Les transgressions sont là mais donnent parfois l’impression d’avoir été plaquées pour hériter des galons du transgressif. Car autant on les voit totalement venir, notamment l’érotisme fiévreux entre Jessica et Gaia, autant on est un peu abasourdis de l’excès pour l’excès, qui vient comme en surimpression, et pas un dans un fil narratif sincère qui amène à l’esthétisme et à une forme de vérité. Le film est comme dissocié, et en devient finalement sage en comparaison de ce qu’il aurait pu nous raconter et nous montrer.
Il aurait presque fallu plus d’immoralité. Il existe bien la scène du lavabo qui explose et offre son lot de rires et de sensualité, mais sorti de ce qui n’est rien d’autre que du comique de situation, on vibre quand même très peu, au regard de la promesse initiale. On les aime bien toutes, mais on ne s’amourache pas avec rage de leur juvénile désespérance, et c’est peut-être ce que l’on souhaitait dans une exigence à la hauteur de ce que la cinéaste a déjà déployé. Pour autant, quoique servi par une histoire totalement oubliable, il n’est évidemment pas inintéressant une fois devant le grand écran de suivre les deux frangines dans leur velléité de vivre, de comprendre, de transcender. Y compris car les actrices débordent d’une très belle énergie et offrent des présences assez électrisantes. La carte postale de la Corse est jolie. Mais c’est à peu près tout sur l’harmonie visuelle du Retour. Ou à la limite, l’orgie d’alcool, de drogue et de sexe dans la villa au bord de la piscine est assez pop, contemporaine et offre un jeu de couleurs déjà vu là aussi, mais plaisant. On l’a dit, le casting fait tout ce qu’il peut et le fait plutôt très bien. Et ce sont les jeunes qui sont à la fête.
Esther Gohourou semble s’éclater et nous le communique. Elle transmet tous les complexes de son personnage Farah dans une belle urgence de vie. Sa sœur Jessica à l’écran, interprétée par Suzy Bamba s’inscrit dans la même flamboyance et cède à toutes les tentations avec une belle crédibilité. Son histoire avec Gaia, jouée par Lomane De Dietrich est tout de même touchante, y compris car cette dernière en petite bourgeoise capricieuse et passionnée, incarne pleinement toutes les facettes de son personnage, elle est investie et ça se voit. Aïssatou Diallo Sagna doit finalement jouer un personnage très conventionnel, auquel il est de fait difficile de donner un véritable relief. Virginie Ledoyen et Denis Podalydès viennent évidemment avec tout leur talent rendre service et ils apportent indéniablement toute leur solidité, pour des personnages là aussi quand même peu écrits. Au final, Le retour ne se démarque ni sur le fond, ni sur la forme. Le moment n’est pas désagréable, mais il est quand même très balisé et ne surprend jamais. Titre Original: LE RETOUR
Réalisé par: Catherine Corsini
Casting : Aïssatou Diallo Sagna, Esther Gohourou, Suzy Bemba …
Genre: Drame
Sortie le: Prochainement
Distribué par : Le Pacte
MOYEN
Catégories :Critiques Cinéma, Festival de Cannes 2023, Les années 2020