SYNOPSIS: Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.
180 ans après, et suite à 43 films qui ont narré leurs aventures, voilà la tentative audacieuse en 2023 de Martin Bourboulon, réalisateur de l’hilarant Papa ou maman (2015) et plus récemment du, là aussi grand projet, Eiffel (2020). Le cinéaste insiste sur l’expérience de la salle pour des films d’envergure, en occupant avec légitimité l’espace de la technique et de la grande flamboyance du cinéma, pour ne pas complètement l’abandonner à d’autres continents. Forcément, c’est la grosse débauche d’énergie. On est incontestablement dans le domaine du grand spectacle et il faudrait être bien mauvais payeur pour ne pas souligner les multiples prouesses techniques, les effets, le souci minutieux de reconstitution, le travail impressionnant sur les costumes et le réalisme des combats. L’ensemble est clairement agréable et divertissant, l’énergie est constante et même assez contagieuse. Pour les scènes d’actions, le réalisateur évoque une » immersivité » pour être au contact des émotions des protagonistes. Clairement, cette volonté est flagrante et se traduit par une vraie patte, un style dans le rythme des plans séquences, qui se focalisent souvent sur les visages. Les trois mousquetaires c’est 160 décors tous très authentiques. « Le bon décor est celui qui ne se voit pas » dira Stéphane Taillasson qui a orchestré l’ensemble, s’appuyant sur des références comme Cyrano de Bergerac (1990) ou La Reine Margot (1993).
Même si avec Les trois Mousquetaires : D’Artagnan, on ne peut pas évoquer une infinie originalité dans l’univers de la cape et de l’épée, avec à peu près tous les stéréotypes qui sont passés en revue. Pour autant, quelques moments de bravoure ne sont pas inintéressants, notamment dans ce qui va lier les mousquetaires, les duels que veut multiplier d’Artagnan avec ceux qui seront ses futurs camarades, ou encore la mignonette love story avec Constance. La naïveté des tourtereaux tombés du nid, la pudeur de gazelle, et le chassé-croisé amoureux est comme une cucuterie assumée, qui au final passe crème. L’inquiétude haletante de la reine, la fabuleuse Vicky Krieps avant de récupérer ses ferrets est également un plaisir filmique. Bon, pour autant, heureusement que c’est un certain Alexandre Dumas qui est à l’origine du récit, remis au goût du jour par les scénaristes Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte !!
C’est le panache qui l’emporte pour ce blockbuster à la Française, avec de l’action empathique. Ce n’est pas du cinéma d’auteur avec des ninjas comme le revendiquait avec malice Jamel lors de la dernière cérémonie des Césars, mais c’est une déclinaison très hexagonale de ce que peut être un film d’action, et ça fonctionne. Dans cette volonté de cinéma grand public, c’est aussi le croisement des genres, historique façon cape et épée donc, mais aussi western assumé, petite love story et mini-thriller. Ce qui est intéressant avec ce premier épisode du diptyque (le second sortira le 13 décembre et s’intéressera plus particulièrement à Milady) est qu’il réussit le pari du grand cinéma populaire qui peut venir se voir en famille sans tomber dans les médiocres niaiseries du manque d’exigence. Au-delà de la connaissance de l’œuvre originelle, on est pour autant peu surpris cinématographiquement parlant par ce qui se passe à l’écran.
Le casting est clairement pleinement lui aussi grandiloquent. Il est cohérent avec cette volonté de nous en mettre plein les yeux et les oreilles. François Civil est un D’Artagnan qui porte tout ce qu’il faut de candeur héroïque. Il est aussi beau qu’efficace. Vincent Cassel est un Athos un peu grand frère ambigu et mystérieux, parfait pour lui. Romain Duris subtil et raffiné Aramis. Pio Marmaï est lui ample à tout point de vue avec une interprétation généreuse et Eva Green est envoutante en Milady. Et trois primes : D’abord à Louis Garrel, qui sait définitivement tout faire, qui peut tout le temps tout jouer. Ici, il est un roi à la fois faible et puissant, avec une petite voix, mais qui porte. La présence de l’acteur est passionnante. Puis à Lyna Khoudri qui est une Constance troublante ingénue, qui va au-delà du charme en portant son rôle avec malice. Enfin, Vicky Krieps avec une interprétation royale pour celle qui transforme tout en or. Au final, si Les trois mousquetaires : D’Artagnan ne surprend pas, le film porte sa singularité dans cette proximité des effets, et avec cette une énergie débordante qui semble infuser chez le spectateur. Le grand spectacle, c’est aussi une envie de cinéma.
Titre original: LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN
Réalisé par: Martin Bourboulon
Casting : François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmai,
Eva Green Lyna Khoudri, Vicky Krieps, Louis Garrel…
Genre: Aventure, Historique
Sortie le: 05 Avril 2023
Distribué par : Pathé
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2020