SYNOPSIS: C’est entre espoir et crainte que six employés de la société Geugène se rendent à Paris pour participer à un séminaire de motivation. Parmi eux, Hervé, délégué syndical duplice, et Jean-Claude, qui se décrit lui-même comme le roi de la vente. Pour Jean-Claude, ce séjour est l’occasion inespérée de reconquérir sa femme, qui l’a quitté avec enfants et bagages quand il a incendié leur pavillon pour toucher de l’argent des assurances. Flanqué d’Hervé, qui a tout de suite vu en l’assistante de leur coach une candidate à l’écart conjugal, Jean-Claude va quadriller la capitale à sa recherche et fera la preuve que les innocents peuvent parfois trouver une épingle dans une botte de foin. Tout irait presque normalement si Hervé ne faisait une découverte alarmante : le séminaire n’est qu’un prétexte à une évaluation masquée du personnel en vue d’un redéploiement. Ce que tous traduisent par « plan social ». Ils passent de la docilité à la révolte, retournant les acquis du séminaire contre leurs employeurs indélicats…
C’était au départ la première idée de scénario à laquelle Yvan Le Bolloc’h et Bruno Solo avaient pensé pour l’adaptation sur grand écran de Caméra Café : emmener toute la smala de la série dans un séminaire grandeur nature pour mieux en renouveler les rapports de force et les situations comiques. Une idée vite abandonnée au profit d’un Espace Détente assez inattendu dans sa virulence mais finalement trop forcé et grossier pour prétendre à un pamphlet digne de ce nom. Sans doute boostés par les deux millions d’entrées de leur passage sur grand écran, les deux compères ont donc jugé bon de ressortir du frigo leur idée de départ, en réduisant le nombre de participants de l’entreprise (six dont eux) et en confiant la réalisation à un Charles Nemes dont ils avaient loué le travail effectué sur La Tour Montparnasse infernale (en gros, faire une comédie française en l’éclairant comme un polar américain… mouais, si l’on veut). Mais si l’on peut en effet louer les efforts de Nemes pour apporter un peu plus de mise en scène par-ci par-là (reconnaissons que le travail du chef opérateur et le choix du format Scope est un plus non négligeable), la recette de départ est restée la même… avec de la surenchère en sus.
Dès la scène d’ouverture, où nos deux héros toujours aussi détestables (un délégué syndical plus faux-cul tu meurs et un lourdaud toujours plus saoulant à force de rouler des mécaniques) tentent de faire la course sur l’autoroute en doublant un TGV qui passe à côté, on sait déjà qu’on est embarqué dans un ratage carabiné, où chacun fait son numéro en poussant tous les curseurs à mille sans que cela ne vienne apporter un vrai « plus ». Et pour accompagner ces deux ratés, comme l’équipe originelle de Caméra Café a été réduite, autant ne garder que les spécimens les plus gratinés : en gros, le patron ringard et décati, l’archiviste hyperémotive et enceinte jusqu’aux yeux, la secrétaire plus cruche qu’une poule et l’informaticien qui ferait passer La Cage aux folles pour du Bergman. Ces personnages-là étaient déjà des repoussoirs hystériques et horripilants dans le passé ? Rien n’a changé. C’est même pire, tant on a de plus en plus envie de les voir soumis à un distributeur de baffes (quand ils remplissent du vide avec du creux) ou à un débrancheur de larynx (quand ils se mettent à hurler et à gesticuler comme des aliénés). Tout ce petit monde prend donc place à l’intérieur d’un séminaire de motivation censé rebooster le personnel de la société Geugène mais qui n’est en fait qu’un prétexte à une évaluation masquée en vue d’un redéploiement. De nouveau la trace d’une fibre sociale propice à la satire et à l’indignation ? Peut-être dans l’idée, mais comme celle-ci restera lettre morte…
L’échec du Séminaire tient véritablement au fait que la recette de Caméra Café ne tient plus la route. On s’est lassé de ces personnages laissant toute possibilité d’identification ou de nuance finir au fond du caniveau. On s’est lassé de cette propension au surjeu qui transforme chaque interprétation en une très belle lettre de motivation pour les Gérard. On s’est lassé de ce genre d’écriture de téléfilm qui fait de chaque rôle une fonction destinée à rester la même du début à la fin, le tout avec des seconds rôles qui font mine de répéter à quel point cette intrigue les irrite – on les comprend.
Et pour le coup, on ne peut même pas compter sur la présence de Virginie Hocq (ici dans un rôle d’assistante sexy au jeu pas très net) pour injecter un minimum de dérèglement narratif par-ci par-là. Et tout ça pour quoi, au final ? En gros, se payer la tête des méchantes corporations qui fliquent les employés pour mieux décider de leur valeur, se payer aussi la tête des provinciaux médiocres qui fantasment un monde qui n’existe pas, et rappeler enfin qu’il suffit de griller des merguez à côté d’un camping-car sur fond de musique manouche pour comprendre à quel point le bonheur et la vraie vie ne tiennent pas à grand-chose. Si l’on avait confié l’écriture et la réalisation du film au duo Delépine/Kervern, pas sûr qu’on aurait eu droit à un tel parangon de condescendance – un simple comparatif avec leur très anar Louise-Michel suffit à activer le dépôt de bilan pour un Séminaire achevé sans le sourire. Autant en profiter pour aller se faire un café. Un vrai, pas un servi à la machine.
Titre Original: LE SEMINAIRE
Réalisé par: Charles Nemes
Casting : Bruno Solo, Yvan Le Bolloc’h, Armelle …
Genre: Comédie
Sortie le: 11 Février 2009
Distribué par : TFM Distribution
ASSEZ MAUVAIS
Catégories :Critiques Cinéma, Les années 2000