Juin larmoyeux rend le laboureur joyeux, mais également l’amateur de blu-ray, car c’est une fois de plus une jolie sélection que nous vous proposons avec deux très grandes prestations d’Yves Montand, le dernier grand film d’Alfred Hitchcock en 4k, un surprenant Gérard Krawczyk pré-Besson, et le dernier Edouard Baer qui a partagé la rédaction de cet article (c’est-à-dire moi…) Bref, 5 films à découvrir ou redécouvrir en ce début d’été ! Bon visionnage !
Pas de printemps pour Marnie 4k UHD (1964)
Réalisé par Alfred Hitchcock
D’après le roman Marnie de Winston Graham
Avec : Tippi Hedren, Sean Connery, Diane Baker, Martin Gabel
Durée : 2h10
Date de sortie : Le 8 juin 2022 chez Universal Pictures France
SYNOPSIS : Mark Rutland sait qu’à chaque nouvel emploi Marnie Edgar déleste ses employeurs. Intrigué par son comportement et attiré par sa fascinante beauté, il l’engage tout de même comme secrétaire-comptable dans sa maison d’édition. Un jour, la jeune femme s’enfuit avec la caisse. Mark s’aperçoit du vol et exige qu’elle se marie avec lui, faute de quoi il la dénoncera à la police.
Pas de printemps pour Marnie… dernier grand film du maître ou premier film mineur de la fin de carrière d’Hitchcock… ? Sans doute un peu des deux mais définitivement son chant du cygne, un grand film d’une beauté vénéneuse baigné par les obsessions du réalisateur, une œuvre ambitieuse et désespérée, traversée par la tristesse d’une héroïne kleptomane, frigide et hanté par un traumatisme enfoui, mais également et surtout derrière le mystère du comportement de Marnie, la névrose du personnage masculin, héros romantique mais également pervers sexuel. Ici Hitchcock nous offre un film en forme de psychanalyse tout en décortiquant l’âme de ses personnages. Une œuvre expressionniste et inquiétante, certes moins brillante que ses œuvre précédentes (Les oiseaux, Psychose, La mort aux trousses…) mais qui a sur retrouver la place de choix qu’elle méritait dans le cœur des fans d’Alfred Hitchcock. Aujourd’hui elle nous revient chez Universal dans une très belle édition 4k.
Le saviez-vous ? Le tournage de Pas de printemps pour Marnie fut particulièrement difficile pour Tippi Hedren qui a dû composer avec les avances (si ce n’est les assauts) du cinéaste obnubilé par sa star. Face aux refus de l’actrice de céder à ses avances, Alfred Hitchcock menaça de briser la carrière de Tippi Hedren et la fin du tournage se déroula dans une ambiance épouvantable. L’actrice refusa ensuite de retravailler avec le réalisateur.
L’Été en pente douce (1987)
Réalisé par Gérard Krawczyk
Avec : Pauline Lafont, Jean-Pierre Bacri, Jacques Villeret, Guy Marchand, Jean Bouise
Durée : 1h40
Date de sortie : Le 10 juin 2022 chez Tamasa Diffusion
SYNOPSIS: En échange d’un lapin cédé à son voisin, Fane reçoit Lilas, brave fille innocente et sensuelle, avec laquelle il décide de partir, tout plaquer pour rejoindre la maison familiale, dans le sud de la France, où il retrouve son frère, Momo. Il débarque le jour de l’enterrement de sa mère. La tenue légère de la pulpeuse Lilas ne manque pas de choquer les bigotes du village. Les problèmes commencent…
Avant de s’engager dans l’écurie Besson (Taxi 2, Wasabi, Taxi 3, Fanfan la Tulipe…) Gérard Krawczyk réalise 2 bons films, Je hais les acteurs, comédie ludique avec Bertrand Blier, Michel Galabru, Pauline Lafont ou Michel Blanc et surtout L’Été en pente douce (qui révéla au grand public Jean-Pierre Bacri), un drame étouffant écrasé par la chaleur d’un été moite et déprimant. Entre bières et cigarettes, jalousie, envie et mesquinerie, Jean-Pierre Bacri, fragile, râleur et tendre, essaye de se construire une vie heureuse avec son frère handicapé joué par le sublime Jacques Villeret et Pauline Lafont si touchante en jeune fille naïve et sensuelle, pétrie d’optimisme et de courage qui crève l’écran et dont le personnage va servir d’étincelle dans cette France profonde déprimante, triste et mesquine que raconte le film. C’est Tamasa Diffusion qui nous propose cette très belle version restaurée du film accompagnée d’un entretien passionnant avec Gérard Krawczyk.
Le saviez-vous ? C’est Coluche qui devait initialement jouer le rôle tenu par Jean-Pierre Bacri. Le scénario avait d’ailleurs été écrit en pensant à lui. Malheureusement il se tua quelques mois avant le tournage. Gérard Krawczyk explique d’ailleurs que lui trouver un remplaçant ne fut pas facile, et qu’il a dû réécrire une partie du scénario imaginé sur mesure pour Coluche. Il lui rend hommage au tout début du film où l’on aperçoit une photo de l’humoriste collée sur le casier de Jean-Pierre Bacri.
I… comme Icare (1979)
Réalisé par Henri Verneuil
Avec : Yves Montand, Michel Etcheverry, Roger Planchon, Jacques Denis
Durée : 2h00
Date de sortie : Le 29 juin 2022 chez Gaumont
SYNOPSIS: Le procureur Volney poursuit seul l’enquête sur l’assassinat du président réélu Marc Jary, assassiné par un tireur isolé. Alors que le rapport officiel fait état d’un seul tireur, Volney découvre de bien étranges contradictions, et conclut à la présence d’un second tireur…
Thriller passionnant inspiré de l’assassinat de JFK, I… comme Icare d’Henri Verneuil est une œuvre brillante, certes parfois un peu académique mais d’une grande intelligence. D’une certaine façon il s’agit de l’ancêtre fictif du JFK d’Oliver Stone, un thriller politique sur la recherche de la vérité, porté par un très grand Yves Montand. Coécrit avec Didier Decoin, lauréat du prix Goncourt en 1977 pour John l’Enfer, le scénario reprend de nombreux éléments de la thèse de Jim Garrison (Procureur américain interprété par Kevin Costner dans JFK en 1991) lors de son enquête sur l’assassinat de Kennedy, mais transpose l’intrigue dans un pays fictif qui évoque les États-Unis. Avec I… comme Icare, Henri Verneuil, réalisateur de La Vache et le Prisonnier, Un singe en hiver ou Le Clan des Siciliens continue d’explorer le filon du film politique après Le Corps de mon ennemi en 1976 et avant Mille milliards de dollars en 1982 et nous offre un très grand film mésestimé à redécouvrir dans une édition au master nettement meilleur que celui de la précédente édition.
Le saviez-vous ? I… comme Icare a reçu le Grand prix du cinéma français, une récompense créée en 1934 par Louis Lumière, et qui perdura jusqu’en 1984. Le dernier film primé fut Un dimanche à la campagne de Bertrand Tavernier.
Adieu Paris
Réalisé par Edouard Baer
Avec : Pierre Arditi, Jackie Berroyer, François Damiens, Gérard Depardieu, Benoît Poelvoorde, Daniel Prévost, Bernard Le Coq, Bernard Murat, Isabelle Nanty…
Durée : 1h41
Date de sortie : Le 1er juin2022 chez Le Pacte
SYNOPSIS : Un vieux bistro parisien au charme éternel. Huit messieurs à table, huit grandes figures. Ils étaient les « rois de Paris »… Des trésors nationaux, des chefs-d’oeuvre en péril. Un rituel bien rodé… Un sens de l’humour et de l’autodérision intacts. De la tendresse et de la cruauté. Huit vieux amis qui se détestent et qui s’aiment. Et soudain un intrus…
Ils ont été les rois de Paris, ils ne sont plus vraiment en phase avec leur époque, ils sont pathétiques et souvent insupportables, filmés avec une surprenante cruauté par Edouard Baer. Et c’est toute la question du film, le réalisateur a-t-il vraiment voulu rendre ses personnages aussi antipathiques ? Au milieu de cette ambiance aigre de fin de règne surnage trois personnages, Gérard Depardieu qui prend la meilleure décision du film en une réplique magique, Benoît Poelvoorde touchant en acteur blessé qui cherche une porte de sortie honorable à cette soirée et Jackie Berroyer, lunaire. Difficile par contre de sauver les autres personnages tous plus détestables les uns des autres, essayant de survivre encore un peu dans un monde en voie d’extinction. Souvent savoureux et parfois cruel, Adieu Paris nous offre une dernière fête désenchantée et un peu triste pas totalement réussie,
Le saviez-vous ? À signaler la présence au casting de Yoshi Oida, acteur, metteur en scène et écrivain japonais qui a travaillé avec Peter Brook et participé à ses plus célèbres spectacles, mais qui a également joué devant la caméra de Martin Scorsese ou Peter Greenaway et écrit plusieurs ouvrages théoriques sur le théâtre…
Police Python 357 (1976)
Réalisé par Alain Corneau
Avec : Yves Montand, François Périer, Simone Signoret
Durée : 2h06
Date de sortie : Le 28 juin 2022 chez Studiocanal (collection Make My Day !)
SYNOPSIS: Orléans. Meurtrier de sa maîtresse après qu’il ait appris sa liaison avec l’inspecteur Ferrot, le commissaire Ganay confie l’enquête à ce dernier. Tous les indices se retournent bientôt contre l’inspecteur Ferrot…
Grand polar français, sec et brillamment maitrisé, Police Python 357, second film d’Alain Corneau (Série noire, Tous les matins du monde…) est une œuvre machiavélique au suspense étouffant. Ce polar essentiel des années 70, tourné dans les bas fonds d’un Orléans peu reluisant et déprimant, est une œuvre implacable et tragique qui donne un nouveau souffle au polar français, une référence qui, malgré quelques rares longueurs, parvient à nous tenir en haleine 2h durant. La réussite du film tient également à l’écriture des personnages et au charisme des acteurs, formidable Yves Montand, qui nous offre ici l’une de ses meilleures prestations face à un François Périer brillant et une surprenante et magistrale Simone Signoret. Et c’est dans la très belle collection Make My Day ! signée Jean-Baptiste Thoret que débarque ce classique du cinéma français accompagné entre autres d’une analyse du film par l’historien du cinéma Jean Ollé-Laprune.
Le saviez-vous ? Si l’acteur qui joue le marchand de cochons, Claude Bertrand, ne vous parle pas, il vous faut alors l’écouter attentivement… car c’est sa voix qui l’a rendu célèbre, il a doublé régulièrement Bud Spencer, Burt Lancaster, Roger Moore, John Wayne ou Charles Bronson, ainsi que Baloo, Petit Jean ou Thomas O’Malley pour Disney mais également Banta dans Goldorak et Docteur Zero dans Albator.
Catégories :Actus