Annoncé comme l’un des gros évènements du 75ème Festival de Cannes la venue de Tom Cruise ce mercredi pour se prêter à une masterclass avant la projection hors compétition de Top Gun Maverick a été à la hauteur de l’attente. Dans un dialogue où le comédien a revendiqué haut et fort son amour du cinéma et du cinéma en salles. Compte rendu.

Une foule compacte se presse à l’extérieur pour tenter d’accéder au saint du saint, la salle Debussy, là où Tom Cruise doit se prêter au jeu de l’échange avec le journaliste Didier Allouch. La salle est comble et la masterclass de Tom Cruise débute avec un propos liminaire de Thierry Frémaux, directeur de la grand messe Azuréenne. C’est donc que l’heure est grave !! Il explique à quel point Tom Cruise « est un homme de cinéma. Pas de séries, pas de plateforme et toujours avec une formidable exigence et une envie intarissable ». Enfin la rumeur enfle et…. tout le monde debout comme un seul homme, He’s here !!! On se dit toutes et tous qu’on respire le même air que lui. Et on souhaite secrètement que personne ne va penser que ça ne vaut plus le coup de respirer une fois qu’il ne sera plus dans la pièce, tant l’hystérie est ici littéralement palpable.

Très vite, le comédien en  grande forme confirme son amour du cinéma, jusqu’à  »l’odeur du Pop-Corn  »… Le gars de Syracuse raconte avec passion ses relations avec les grands réalisateurs qui l’ont accompagné, avec les techniciens, avec toutes celles et ceux qui vont aider à mettre en images et en sons. On le sent reconnaissant, humble, et ça fait plaisir… Ça pue le cinéma ici et ça fait extrêmement plaisir aussi. « J’ai donné ma vie au cinéma » , «  je suis un privilégié  » relatent bien l’état d’esprit délivré par la star.

Au lieu d’égrener la carrière infiniment prolifique du bonhomme, l’excellent interviewer Didier Allouch, qui connaît la force de l’anecdote, pose des questions d’une fine précision en mode mémoire de tournage. L’acteur parle de Eyes Wid Shut (1999), où il raconte qu’il discutait de tout avec Stanley Kubrick, aussi bien de l’éclairage du plateau, que de la tonalité vocale à donner à son personnage. Tout faisait alors l’objet d’un débat forcément fleuve et riche. Il insiste sur l’idée que le cinéma est avant tout de la préparation. Il ne laisse rien au hasard, et c’est en fait un névrosé positif… Autrement dit un professionnel hors pair. C’est ici finalement le cœur de l’entretien de la star. Il fait se croiser passion et une extrême méticulosité, incontestablement un gage de durée dans le temps. Il est attachant car il est empathique, la salle respire son air mais retient son souffle, le silence est religieux, tant Tom Cruise maîtrise son art.

A chaque question de Didier Allouch, Tom Cruise aura à cœur de « rendre hommage  », à tout le petit monde qui gravite autour des films dans lesquels il joue. Sur les cascades qu’il effectue lui-même, risquant ainsi pleinement son intégrité physique, il répondra un laconique « Est-ce qu’on demandait à Gene Kelly pourquoi il danse ? »

Durant cette « Masterclass », qu’en fait pour les anciens appellent… un entretien… Tom Cruise s’est tourné sans arrêt vers l’autre avec sincérité et spontanéité. L’autre et aussi l’amour de sa vie qu’il vénère… Le Cinéma… On a tout compris… Moment unique et intense. Il s’en va comme il est venu, tout simplement. On respire, on dit Merci, c’était incroyable, inoubliable et tous les mots en « able» c’était surtout « so cool », c’était Tom Cruise.