SYNOPSIS: Naples dans les années 80. Fabietto Schisa, adolescent mal dans sa peau, vit avec sa famille excentrique et haute en couleurs. Mais son quotidien est soudain bouleversé lorsque Diego Maradona, légende planétaire du football, débarque à Naples et le sauve miraculeusement d’un terrible accident. Cette rencontre inattendue avec la star du ballon rond sera déterminante pour l’avenir du jeune homme. Avec La Main de Dieu, Sorrentino revient dans sa ville natale pour réaliser son film le plus personnel, qui mêle le destin et la famille, le sport et le cinéma, l’amour et les illusions perdues.
Slalomant entre télévision et cinéma depuis plusieurs années, le réalisateur italien Paolo Sorrentino a choisi Netflix pour y poser ses valises, et raconter son film le plus personnel à ce jour : The Hand of God. Très largement autobiographique, et narrant l’été où la vie de sa famille a subi une terrible tragédie, Sorrentino met son acidité habituelle de côté pour raconter une histoire plus sensible qu’à l’ordinaire… Commençant sur un long plan-séquence de Naples, où se déroule l’intrigue, Sorrentino déploie tranquillement sa panoplie de personnages, chacun une force de la nature. Entre ses parents constamment sur le fil du rasoir, et les nouveaux ajouts pour le moins particuliers, les vingt premières minutes sont un testament parfait au “coming of age movie” promis par le réalisateur, avec une touche estivale en plus. Retrouvant notamment Toni Servillo en oncle libidineux mais bienveillant, la comédie reste pudique mais drôle, et décalée à l’image de l’humour du réalisateur. Le problème, c’est que passé 20 minutes, le film ralentit, jusqu’à rester complètement figé. La passion du jeune héros Fabietto pour le cinéma et pour Maradona (le joueur argentin jouait alors dans le club local, et était sur le point de signer sa légendaire “Main de Dieu”) se montre explicite, mais l’oeuvre tourne en rond, comme si elle était trop écrasée par le poids des souvenirs et de la tragédie à venir.
Il faut en effet attendre plus d’une heure de long-métrage pour que la réalité revienne hanter la fiction de la plus triste des manières. Avec le décès des parents du jeune Fabietto, Sorrentino renoue avec son histoire personnelle, marquée par le hasard d’avoir préféré regarder un match de football plutôt que d’être resté avec ses parents. On aurait pu penser que l’événement choquant, et donnant lieu à une tétanisante scène à l’hôpital, aurait pu réveiller le film, mais rien n’y fait : il replonge dans son rythme ronronnant, troquant l’humour absurde pour une introspection dénuée d’émotion et d’enjeux. Les rencontres que fait Fabietto marquent parfois la rétine (notamment avec une vieille dame à l’appétit sexuel encore bien présent), mais en dépit du casting réussi et d’une belle relation fraternelle entre Fabietto et son frère, l’ennui pointe rapidement le bout de son nez jusqu’à la fin.
Si la mise en scène de Sorrentino n’est comme à son habitude pas à critiquer, avec un travail sur la photographie tout simplement magnifique, on se demande si une histoire si intime n’aurait pas bénéficié de son traitement habituel, si clinquant et spectaculaire. Avait-il peur que la tragédie soit de mauvais goût, ou simplement une envie de garder une distance pudique avec ce traumatisme ? Quoiqu’il en soit, ce changement de ton ne fonctionne pas sur The Hand of God, grosse déception en dépit de notre envie, immense, d’apprécier un tel récit, si douloureux à raconter malgré une fin lumineuse.
Titre Original: E STATA LA MANO DI DIO
Réalisé par: Paolo Sorrentino
Casting: Filippo Scotti, Toni Servillo, Teresa Saponangelo…
Genre: Drame, Biopic
Sortie le: 15 décembre 2021
Distribué par: Netflix France
PAS GÉNIAL
Catégories :Critiques Cinéma