Critiques Cinéma

LE GENOU D’AHED (Critique)

SYNOPSIS: Y., cinéaste israélien, arrive dans un village reculé au bout du désert pour la projection de l’un de ses films. Il y rencontre Yahalom, une fonctionnaire du ministère de la culture, et se jette désespérément dans deux combats perdus : l’un contre la mort de la liberté dans son pays, l’autre contre la mort de sa mère. 

Il était à prévoir qu’on entendrait parler de Nadav Lapid après les précédents succès du metteur en scène israélien avec Le Policier en 2011, L’Instructrice en 2014 et son dernier en date Synonymes en 2019 qui basait son intrigue dans les rues de Paris. Comme un retour au source, Lapid présente en Compétition Officielle du Festival de Cannes 2021 son nouveau long-métrage avec lequel il revient en Israël pour faire encore plus parler sa vision engagée dans Le Genou d’Ahed. On y suit Y., un cinéaste israélien qui débarque dans une contrée désertique et aride pour présenter la projection d’un de ses films. Il fait alors la rencontre de Yahalom, fonctionnaire du ministère de la Culture, avant d’entreprendre un voyage politique et spirituel dans un Israël natal qu’il ne supporte plus. Dans Le Genou d’Ahed, Y. est énervé. Il en est même souvent détestable, voire apathique, rendant le contact avec le spectateur d’autant plus rude. Mais ce que réussit le long-métrage, c’est sa portée quasiment autobiographique, propulsant son metteur en scène et toute sa production dans ce protagoniste perdu aux idées profondément revendiquées qui se bat contre la mort de la liberté d’expression. A travers les confrontations qu’il a avec Yahalom, Lapid se montre exigeant envers son public, ne lui laissant jamais un point de vue unique à portée. Les personnages sont complexes, rugueux, et baignent dans une atmosphère morose et aride dans ces paysages sublimes qui composent la prison parfaite pour ce cinéaste urbain. Tout Le Genou d’Ahed n’est que contradictions, qui se heurtent pour faire naître du feu, feu qui rapidement ravage les acquis.


Malgré son message et son positionnement ancré dans le réel, Lapid manie sa mise en scène pour y incorporer quelques éléments fantastiques dans son récit sans les imposer à son spectateur. Les fantômes du passé n’apparaissent jamais, mais hantent les lieux dans des flashbacks ou dans des voix-offs qui expriment le regret et le deuil. Le Genou d’Ahed est complexe car il est multi-facettes. Mais en se composant ainsi, il se montre fatalement assez dur à appréhender, comme un brûlot politique et social qui ne déchaîne que sa colère dans son récit et empêchant son public de s’attacher ou de s’identifier à son protagoniste. Sa quête de liberté l’aveugle comme des grains de sable en pleine tempête, et le long-métrage est de la même façon rarement agréable, jouant sur une intensité rare pour faire perdre ses repères au spectateur. Le propos est rocailleux comme les décors, et par essence très exigeant.


Avec à son casting Avshalom Pollak et Nur Fibak dans les rôles de Y. et Yahalom, Le Genou d’Ahed est une plongée quasiment spirituelle dans les recoins désertiques d’un pays aux libertés restreintes contre lequel Y. déclare sa guerre personnelle. Une guerre d’idées et de mots qui puise dans un cinéma cérébral et percutant, ayant le défaut principal d’être très demandeur envers son public. En reste tout de même un produit acéré et rugueux qui tire de son aridité et de sa rage un long-métrage épuisant et brûlant à la portée symbolique et politique rare.

Titre Original: LE GENOU D’AHED

Réalisé par: Nadav Lapid

Casting : Avshalom Pollak, Nur Fibak, Yoram Honig

Genre: Drame

Sortie le: 15 septembre 2021

Distribué par: Pyramide Distribution

MOYEN

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