Critiques Cinéma

ZACK SNYDER’S JUSTICE LEAGUE (Critique)

SYNOPSIS: Bruce Wayne est déterminé à faire en sorte que le sacrifice ultime de Superman ne soit pas vain; pour cela, avec l’aide de Diana Prince, il met en place un plan pour recruter une équipe de métahumains afin de protéger le monde d’une menace apocalyptique imminente. La tâche s’avère plus difficile que Bruce ne l’imaginait, car chacune des recrues doit faire face aux démons de son passé et les surpasser pour se rassembler et former une ligue de héros sans précédent. Désormais unis, Batman, Wonder Woman, Aquaman, Cyborg et Flash réussiront-ils à sauver la planète de Steppenwolf, DeSaad, Darkseid et de leurs terribles intentions ? 

Part 1 : It’s a cold and it’s a broken Hallelujah

Attendu comme le messie par une communauté toute entière de fans restés sous le choc de la découverte édifiante et terrifiante de Justice League en 2017, cette année 2021 compte dans ses rangs de sortie cinéma un des cas de figure les plus inédits et les plus passionnants de l’histoire du blockbuster avec la sortie du Snyder Cut, la version remontée du film par le réalisateur Zack Snyder. Remplacé au pied levé pendant le tournage par un Joss Whedon déterminé à radicalement transformer le film, ce dernier en fit une créature de Frankenstein rafistolée à la va-vite suintant la médiocrité et le déséquilibre par tous les pores, qui ferait passer la face facturée et cauchemardesque de Doomsday pour celle d’Henry Cavill. Après de nombreux mois de #ReleaseTheSnyderCut intensifs et une série de tumultes divers et variés sur l’existence ou non de cette « vraie » version du film, Warner décida de laisser Snyder sortir son remontage, probablement en grande partie dans le but de promouvoir leur plateforme de streaming flambant neuve HBO Max. En faisant ça, la maison du feu DCEU se complait à retourner sa veste, bien que l’espoir d’une renaissance de l’univers ne soit qu’un mirage désormais très improbable. Mais au-delà toutes ces questions marketing, il est surtout intéressant et important de se focaliser sur le produit filmique qu’est cette nouvelle version de Justice League, qui ressemble d’ailleurs beaucoup plus à un nouveau film totalement inédit qu’à un remontage. Mais analysons ça en détails. L’histoire de ce Snyder Cut est dans son déroulé la même que celle de la version de 2017. A la suite du sacrifice de Superman contre Doomsday à la fin de Batman Vs Superman, le monde est plongé dans le deuil de son héros. A ce moment, comme réveillées par la disparition du kryptionien, 3 mystérieuses boîtes-mères s’enclenchent à différents endroits de la Terre, attirant alors Steppenwolf, subalterne dévoué du terrible Darkseid. Le moment est alors venu pour Batman et Wonder Woman de réunir une équipe pour protéger la Terre de cette invasion qui se profile à l’horizon.



Part 2 : The Red Capes

Il n’est à priori pas surfait de dire que Zack Snyder est peut-être le cinéaste le plus clivant de sa génération. Il est rare qu’un réalisateur de sa trempe suscite autant de réactions de part et d’autre de la sphère cinéphile, et c’est pour cette raison que ce Snyder Cut était attendu au tournant. Comme la troisième pierre qui viendrait compléter sa trilogie Superman après Man of Steel et Batman Vs Superman, ou comme une énième raison que le bonhomme n’est qu’un escroc qui jette de la poudre aux yeux de son public. Avec cette nouvelle version, le metteur en scène s’offre une seconde chance en forme d’aller sans retour. Comme rien ne garantit la mise en chantier d’une suite, autant faire les choses bien en y allant à fond. La sortie de ce Justice League est donc accompagnée d’une poignée de reshoots (dont l’inclusion de certains personnages absents de l’original), d’une refonte complète des effets spéciaux pour la bagatelle de 70 millions de dollars débloqués par Warner et d’un changement de format, se désistant du scope pour venir imprimer ses héros en 4/3. Autant de différences qui viennent contribuer à son aspect extrêmement particulier de film littéralement revenu d’entre les morts comme l’est son personnage à la cape rouge. Inutile donc de passer par la comparaison à son prédécesseur de 2017, étant donné la quantité astronomique de différences et la qualité indéniablement supérieure à ce ratage complet où les moments gênants apparaissaient plus vite que Flash. Car ce Zack Snyder’s Justice League est une gigantesque fresque de 4 heures, qui irritera les réticents aux ralentis contemplatifs et désaturés et aux métaphores christiques du réalisateur. Pour les amateurs, au contraire, l’existence de cette version relève du miracle pur et simple, parvenant à déployer tous ses arcs narratifs de personnages comme il conviendrait de le faire dans un tel film.



Part 3 : Gods among Men

Snyder convoque une série de scènes iconographiques au possible, comme un besoin viscéral d’imprimer la rétine de son spectateur toutes les 30 secondes, donnant à son film une densité rare bien qu’il aurait gagné à être raccourci de quelques dizaines de minutes pour re-rythmer quelques instants manquant de justesse. Avec un traitement honnête et empathique de ses personnages qui évite scrupuleusement d’en laisser un sur le bord de la route (coucou Joss Whedon), le film les relie tous par la thématique principale de ce volet, une thématique qui trouve d’ailleurs un certain écho dans sa production affreusement chaotique : le deuil. A travers la mort de Superman comme à travers ses protagonistes qui ont toutes et tous été confrontés à des tragédies, Snyder termine avec grâce et puissance sa trilogie, qui voyaient les univers de Métropolis et Gotham dépeints comme un récit biblique dont les Dieux ne sont peut-être que des Hommes. Un combat mythologique et spirituel périlleux qui donne ses lettres de noblesse aux œuvres du réalisateur, jamais dans la finesse mais toujours dans l’impact. De la même façon, ce Justice League se présente comme une résurrection christique qui se nourrit de l’espoir dans tous ses éléments (espoir, comme le symbole de la famille El, composant le S de Superman floqué sur sa poitrine). Donc porteur d’espoir et riches en symboliques religieuses : aucun doute, on est bien devant un film de Zack Snyder. Cette fois, nous n’avons pas été trompés.

Part 4 : Changing Machine

Malgré son histoire qui reste relativement simple, cette nouvelle version densifie à l’extrême tous ses thèmes, rendant l’ensemble digeste et jamais ennuyeux. Une véritable réussite pour un morceau de plus de 4 heures qui n’aurait pu être qu’une lubie d’un réalisateur mégalomane. Avec cette seconde chance, Snyder signe le film qu’il voulait faire, affichant aux yeux du monde sa capacité à concevoir une fresque de cette envergure, parvenant à laisser le champ libre à tous ses personnages, chacun ayant l’occasion de briller lors de ses scènes. Pensons par exemple à Cyborg, totalement effacé du déroulé de la précédente version, qui est ici ramené à sa juste valeur. Il est un élément central de l’intrigue autant humainement que scénaristiquement, occasionnant de superbes scènes qui lui sont consacrées avec notamment cette idée visuelle très réussie d’imager l’esprit informatique bouillonnant de données du personnage, permettant alors très facilement de montrer les étapes de ses réflexions et de ses états d’âme. C’est la même chose pour le personnage de Barry Allen, relégué au rang de sidekick rigolo dans l’original, qui se voit ici doté d’une véritable personnalité étoffée par la relation qu’il entretient avec son père, et sa prise de responsabilités que lui incombe la place de membre de la Ligue de Justice, dans un climax qui lui permet de faire exploser ses pouvoirs tout en faisant de lui un Héros.



Part 5 : Age of Heroes

Au casting, on retrouve évidemment les mêmes têtes qu’en 2017, bien que l’on ait dit un nombre incalculable de fois que rien n’est comparable à ce Justice League, et surtout pas ses personnages. Ben Affleck campe toujours ce Batman bourru, aigri et tailladé par sa vie de justicier, qui essaie de se remettre de son sentiment de culpabilité à la suite de la mort de Superman. Ce dernier est d’ailleurs toujours interprété par le pictural Henry Cavill, qui continue de prouver qu’il est né pour jouer ce personnage, et que l’on rêverait presque de voir le temps d’un film basculer du côté obscur. Gal Gadot, Ray Fischer, Jason Momoa et Ezra Miller renfilent leurs costumes de Wonder Woman, Cyborg, Aquaman et Flash, chacun apportant son univers unique et ses capacités (les amazones de Themyscira, le monde numérique, Atlantis et la Force Véloce) parvenant toutes et tous à avoir leur arc narratif dédié, censé les amener vers leurs films respectifs. Le reste du casting se montre tout aussi à l’honneur, alignant les grands noms qui reviennent – ou apparaissent – dans ce premier volet de Justice League tels que Amy Adams, Jeremy Irons, Diane Lane, JK Simmons, Amber Heard, Willem Dafoe, Robin Wright ou encore Jared Leto.

Part 6 : For Automn

Sous la forme de ce bien étrange monolithe aux reflets métalliques et mythologiques évidents, ce Snyder Cut apparaît comme une évidence après la déconvenue de la version achevée par Whedon en 2017. Ôtant quasiment tous les défauts flagrants tout en amplifiant la dimension émotionnelle et profondément humaine de l’ensemble, Zack Snyder’s Justice League est une fresque iconographique et saisissante remplie de foi et d’une bonne dose d’espoir malgré toute sa mélancolie évidente. Et l’espoir en est quasiment le roi, régnant dans cet univers implacable qui, même s’il est quelque peu déséquilibré au niveau de son rythme et si ses effets spéciaux ne convainquent pas tous, marque définitivement l’esprit, et nous donne cruellement envie d’un nouveau tour. Car sa richesse thématique se développe à travers ces personnages broyés par le deuil qui s’assemblent pour devenir plus forts et ainsi envoyer un message d’espoir à toute la planète. Ce n’est donc pas étonnant de voir que Snyder dédie ce Justice League à sa fille, disparue durant le tournage du film en 2017.



Épilogue

Pas besoin d’épiloguer 5000 ans pour en venir au point qu’un tel produit stylisé peut aussi irriter qu’exalter. Par chance, l’auteur de ses lignes fait partie de la deuxième catégorie. La conclusion à tirer de cette folle quête du Snyder Cut, c’est probablement son aspect profondément unique dans l’histoire du Cinéma. Jamais un tel cas de figure ne s’était présenté, et il est très improbable qu’il ne se reproduise de sitôt. Au moins a-t-il permis à Snyder de terminer sa Trilogie de l’Espoir (baptisée par nos soins, n’hésitez pas à l’emprunter) avec la fouge et l’inventivité parfois bordélique qui le caractérise. En résulte un film soigné et aux multiples facettes thématiques qui se démarque de tout ce qui a pu être fait dans le genre. Une espèce de Snyder Movie ultime, un long-métrage irréel dont l’existence défie toute logique, et qui sera sans grand doute absolument passionnant à disséquer. Le réalisateur signe un peu un adieu avec ce Justice League, tout en ayant le regard porté vers l’avenir au cas où, par miracle, la Warner décide de rendre ce remontage canon au DCEU. Au moins laisse-t-il toutes ces pistes disséminées dans l’esprit de son public, qui saura peut-être bien plus que lui quoi faire de ces personnages. La suite se trouve finalement d’ores et déjà enfouie dans la légende de ces Héros.

Titre Original: ZACK SNYDER’S JUSTICE LEAGUE

Réalisé par: Zack Snyder

Casting : Ben Affleck, Henry Cavill, Gal Gadot, Ezra Miller…

Genre: Action, Fantastique, Aventure

Sortie le: 18 mars 2021 en VOD

Distribué par: HBO MAX

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