Critiques Cinéma

BRONX (Critique)

SYNOPSIS: Dans les quartiers Nord de Marseille, une tuerie orchestrée par le clan Bastiani a lieu. Deux rivaux sont en charge de l’enquête, Vronski, un flic de la brigade antigang et Costa, un chef de groupe de la BRB aux pratiques douteuses. La situation dégénère lorsqu’un témoin-clé est assassiné durant sa garde à vue. En pleine guerre des gangs, Vronski et ses hommes, pour sauver leur peau, seront obligés de faire des choix lourds de conséquences. 

Un film d’Olivier Marchal est toujours un évènement depuis que l’ancien flic est devenu un des rares réalisateurs français à oser affronter le film de genre droit dans les yeux. Dans un pays où l’on se plaint régulièrement que le polar est tombé en désuétude, Olivier Marchal continue de lui rendre ses lettres de noblesse avec un véritable panache et une régularité de métronome qui lui vaut pourtant autant d’aficionados que de détracteurs. Inutile d’aller plus loin si vous êtes réfractaire au cinéma d’Olivier Marchal, fait entre autres de mots d’auteur, de violence crue, de romantisme exacerbé comme d’envolées lyriques car Bronx suinte des caractéristiques du cinéma du réalisateur de MR73 et des Lyonnais et il serait étonnant qu’il réconcilie ceux qui restent insensibles à cet univers baroque. Pour les autres, ceux qui connaissent bien son travail, sa générosité sans limites,  sa faculté à filmer la percussion de la violence dans des gunfights homériques, Bronx s’inscrit parfaitement dans le sillage d’une œuvre dont la cohérence est indéniable de film en film. Si en 2017, Carbone a pu en décontenancer certains, les autres, dont nous sommes, avaient adoré cette incursion largement inspiré de la fraude à la taxe carbone. Trois ans plus tard, Olivier Marchal revient à un récit plus brut de décoffrage, un véritable polar qui n’a pas peur d’ausculter la corruption policière deux heures durant et qui se déroule à Marseille (comme MR73 mais qui est ici baignée de lumière et de soleil). Bronx est un film qui a mis du temps à se monter, déjà en 2012 Olivier Marchal en parlait et évoquait un Braquo « en dix fois plus trash » (série qu’il a initiée et dont il a réalisé la première saison avant d’en être dépossédé). En effet, Bronx est d’une noirceur et d’un désenchantement total et dépeint une vision du monde où l’espoir n’existe plus, un peu comme dans Section Zéro, l’ambitieuse série d’anticipation qu’Olivier Marchal avait créé pour Canal+. « J’ai besoin de parler de cette violence, de cette hypocrisie qui nous entoure. J’ai besoin d’exorciser un dégoût du genre humain et de la société. Le politiquement correct me fait gerber. Il faut que ça sorte… J’ai envie de mettre le bronx ». La note d’intention qui date de 2012 a été respectée car avec Bronx personne ne sort indemne d’un tourbillon de violence qui va vous attraper au col pour ne plus vous lâcher jusque dans les ultimes minutes.

Bronx est un pur film d’Olivier Marchal dans le sens où sa propension au lyrisme et à la sacralisation du métier de flic sont bien présentes mais une fois encore il pointe les dérives d’un système avec objectivité sans se mettre des œillères. Mais surtout, et c’est sans doute le plus important, il réalise un vrai film de cinéma populaire où les stars côtoient les néophytes en filmant magnifiquement des décors et des personnages dont on suit les pérégrinations avec un intérêt croissant, le tout magnifié par une photographie soignée par Denis Rouden (de retour après l’intérim d’Antony Diaz sur Carbone). Bronx est un film foisonnant et c’est peut-être son plus gros défaut car comme dans Les Lyonnais on sent que Marchal semble manquer de temps pour développer son récit exactement comme il l’aurait souhaité, ce qui donne par moments un film un peu bancal qui brasse peut-être trop de personnages dont certains sont sacrifiés sur l’autel de l’écriture et/ou du montage, ce que l’on peut regretter (on aurait aimé notamment que ceux de Catherine Marchal, Jean Reno ou Gérard Lanvin notamment soient un peu plus développés). Une fois ces réserves levées, on retrouve dans Bronx tout ce que l’on aime dans le cinéma d’Olivier Marchal depuis son tout premier film Gangsters, ses répliques qui claquent et qui agissent souvent comme une soupape avant ou après une séquence difficile, la testostérone, des fusillades percutantes, le romantisme jusqu’au-boutiste et la démesure de ses personnages bigger than life paradoxalement ancrés dans un certain réalisme mais qui semblent s’ébrouer dans un véritable western urbain.

Pour cette nouvelle aventure, le metteur en scène s’est entouré de nouveaux venus dans son univers et de quelques fidèles que l’on retrouve de film en film avec le même plaisir jubilatoire. Son quatuor central est autant inédit que singulier : Lannick Gautry, devenu une figure sûre à la télévision, Stanislas Merhar qu’on n’imaginait pas vraiment ici, le rappeur Kaaris et David Belle connu pour être un Yamakazi. Si les deux derniers semblent plus là pour faire le nombre, ils sont malgré tout intéressants comme personnages de complément et Kaaris notamment confirme après Braqueurs qu’il possède une vraie personnalité. Lannick Gautry tire superbement son épingle du jeu autant par sa justesse de ton que par sa présence et Stanislas Merhar se sort d’un personnage difficile sans démériter. Autour d’eux c’est une distribution chorale prestigieuse qui nous réjouit de Francis Renaud en fusion en salaud intégral à une Catherine Marchal badass et intrigante en passant par un Patrick Catalifo une nouvelle fois formidable ou un Moussa Maaskri impeccable, confirmant l’appétence de Marchal pour des personnalités marquées et des physiques singuliers et de l’importance des personnages secondaires à ses yeux. Si Erika Sainte (partenaire de Marchal dans la série Les Rivières Pourpres), Barbara Opsomer, Dani ou l’immense Claudia Cardinale n’ont que peu l’occasion d’exprimer leurs talent, on ne peut que se réjouir de les retrouver dans un univers où elles ne sont pas que fonctionnelles. Toujours épaulé pour la chorégraphie des cascades par son complice Alain Figlarz (également au générique dans la peau d’un salaud comme il les joue parfaitement), Olivier Marchal réussit avec Bronx un film violent et percutant qui réjouira les amateurs. Avec ce film qui devrait de plus toucher un large public en étant proposé sur Netflix, Olivier Marchal devrait se trouver de nouveaux admirateurs lui qui expliquait: “J’ai réalisé Bronx avec beaucoup de passion et d’ambition aux côtés de Gaumont, je suis heureux du coup de cœur de Netflix pour le film, et qu’il puisse ainsi voyager et être découvert par un très large public ! Nous sommes, mes enfants et moi fans de Netflix, nous y regardons souvent films et séries. Je suis donc fier que Bronx rejoigne cette famille” (au site du Film Français). N’en déplaise à ceux qui  trouvent que son cinéma bégaye, il parvient une nouvelle fois à se renouveler dans la continuité. Il s’inscrit définitivement dans le sillage de ces cinéastes qu’il affectionne, les Giovanni, Lautner, Melville ou Verneuil qui faisaient un cinéma d’hommes qui parlait au plus grand nombre. Avec cette fresque policière âpre, sombre et désespérée qui décrit la corruption et les différentes mafias qui gravitent autour des forces de l’ordre obligées parfois de composer, il parvient à mixer la tradition et la modernité et à nous faire attendre avec une impatience accrue l’un des nouveaux projets qu’il sortira de sa manche.

Titre Original: BRONX

Réalisé par: Olivier Marchal

Casting : Lannick Gautry, Stanislas Merhar, Jean Reno, Kaaris…

Genre: Policier, Action, Drame

Date de sortie : 28 octobre 2020

Distribué par: Netflix France

TRES BIEN

 

 

 

 

 

 

 

1 réponse »

  1. j ai beaucoup aimé le Film « Bronx »,car OUI…c’est un film qui maintient en éveil,comme tous les films d’Olivier Marchal,et nos bluettes policières actuelles devraient en prendre de la graine,car on s’ennuie beaucoup,.
    Merci Mr Marchal

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