SYNOPSIS: Février 1939. Submergé par le flot de Républicains fuyant la dictature franquiste, le gouvernement français les parque dans des camps. Deux hommes séparés par les barbelés vont se lier d’amitié. L’un est gendarme, l’autre est dessinateur. De Barcelone à New York, l’histoire vraie de Josep Bartolí, combattant antifranquiste et artiste d’exception.
Le dessinateur Josep aura marqué de ses dessins l’histoire du dessin de presse. Passé par Annecy et labelisé Cannes 2020, le biopic du dessinateur Aurel lui rend hommage tout en dessin et en retraçant la terrible période de son emprisonnement dans les camps de concentration sous le régime de Franco à la fin des années 30, alors que la Seconde Guerre Mondiale est sur le point de commencer. Une période douloureuse que Josep Bartoli de son vrai nom aura illustré avec son matériel et que le livre Campos de concentracion retrace, source principale du film d’Aurel. Jouant sur plusieurs époques avec des styles de dessins et de couleurs différents à chaque fois, Josep prend le parti de raconter l’horreur des camps via le prisme de l’amitié entre Josep et un jeune gendarme de son camp de concentration, qui fera preuve d’humanité contrairement aux autres gardes, d’une cruauté malheureusement peu surprenante. C’est grâce à ce gendarme notamment, que Josep aura pu se fournir en matériel de dessin, pour restituer les visions de cauchemar comme les rares moments de grâce qu’il a traversés.
Et si le parti-pris est louable, Josep finit à long terme par ressembler davantage à un biopic du gendarme en question qu’à celui de Josep lui-même. En tentant de raconter le dessinateur via d’autres personnes, le film se prend les pieds dans le tapis de l’histoire et fait de son héros un personnage de second plan, qui finit par s’effacer au profit des autres personnages du récit. Marchant sur des œufs dès lors que l’on aborde les sujets les plus sensibles (la mort, la torture, le viol notamment), le film ne sait pas sur quel pied danser, et finit par ne pas aller au fond des choses, se révélant malheureusement très superficiel sur le finish là où plusieurs scènes promettaient une vision des choses plus onirique par moments, notamment avec les rares séquences impliquant Frida Kahlo et qui possèdent un vrai charme de mise en scène.
Et côté dessin, il faut plusieurs minutes pour assimiler le style d’Aurel, plus ou moins rapidement animé et coloré selon les époques. Le temps d’adaptation est un peu long, mais lorsqu’on s’y fait, on peut admirer le très beau style du dessin, simple mais jamais simpliste. Le doublage en revanche, s’il est mené avec douceur par la voix de Sergi Lopez, est très approximatif selon les personnages, et certains acteurs n’arrivent pas à offrir les bonnes intonations à leurs rôles, rendant le résultat final quelque peu désincarné selon leurs scènes. Le tout est heureusement compensé par la jolie bande-originale, en espagnol dans le texte, composée par Silvia Perez Cruz. Malgré ses très belles intentions et son message politique plus que jamais d’actualité, Josep se loupe sur trop d’aspects importants, rendant de facto le film assez décevant voire même trop long par moments malgré sa courte durée d’1h10. Cela étant, on ne saurait que trop vous recommander de vous faire une idée par vous-même du résultat final, tant il se révèle tout de même instructif et poétique, à sa manière.
Titre Original: JOSEP
Réalisé par: Aurel
Casting : Sergi López, Gérard Hernandez, Bruno Solo …
Genre: Animation, Historique
Sortie le: 30 Septembre 2020
Distribué par: Sophie Dulac Distribution
PAS GÉNIAL
Catégories :Critiques Cinéma