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I KNOW THIS MUCH IS TRUE (Critique Mini-Série) Extrêmement sombre et désespéré…


SYNOPSIS: Après que le schizophrène paranoïaque Thomas Birdsey (Mark Ruffalo) a eu une violente crise en public, Dominick Birdsey (Mark Ruffalo) se retrouve à défendre son frère jumeau de manière inattendue. Alors qu’il se replonge dans les répercussions des actions de Thomas, Dominick réfléchit à leur enfance sous la tyrannie de leur beau-père lunatique, Ray (John Procaccino), et à leur désir persistant de connaître l’identité de leur père biologique. Dominick croise la route de la susceptible Nedra Frank (Juliette Lewis) alors qu’il tente de faire traduire le manuscrit de son grand-père de l’italien vers l’anglais en guise de cadeau pour sa mère malade.

Déjà quatre ans que l’on était sans nouvelles de Derek Cianfrance, et le flop de son mélo injustement sous-estimé Une Lumière entre Deux Océans avec Michael Fassbender et Alicia Vikander. Retour par la case télévision pour le réalisateur américain, qui adapte pour HBO le roman I Know This Much Is True avec un casting impressionnant composé entre autres de Mark Ruffalo, Kathryn Hahn, Juliette Lewis, Melissa Leo et bien d’autres. Le résultat, à défaut d’être mauvais, brille, si l’on peut dire, par son désespoir et son fatalisme à toute épreuve. L’introduction de la série donne d’ailleurs le ton avec un événement extrêmement choquant se déroulant dans une bibliothèque municipale remplie d’enfants. Si on retrouve bien d’emblée la mise en scène très naturaliste de Cianfrance, ce dernier ne semble pas avoir adapté quoi que ce soit de sa grammaire cinématographique pour sa transition à la télévision. Un choix aussi discutable (visuellement, la série est très sombre et grisâtre, rendant certains plans par moments difficiles à décrypter) que louable, dans la mesure où l’on reconnaît immédiatement sa patte déjà vue dans Blue Valentine ou même The Place Beyond the Pines. L’immersion qu’il propose reste saisissante à plusieurs moments-clés du récit.


L’histoire de I Know... impose aussi clairement son âpreté : dans les années 90, deux frères jumeaux (chacun joués par Mark Ruffalo, donc), vivent des moments très sombres lorsque, après le décès de leur mère, le frangin diagnostiqué comme schizophrène se fait interner dans une institution psychiatrique après un incident très grave. Rarement Cianfrance aura filmé des personnages aussi misérables, et quitte à rester dans ces termes, à les filmer de manière aussi misérabiliste. C’est un écueil dans lequel la série plonge hélas assez vite, chaque personnage n’ayant pas un seul rayon de soleil à offrir.C’est extrêmement sombre, désespéré, et pour tout dire, le moment printanier mais confiné pendant lequel HBO et OCS diffusent cette série semble être un timing peu amène. On ressort de chaque épisode lessivé moralement, après avoir passé une heure dans un environnement aussi pessimiste, peu éclairé. Au-delà de la schizophrénie et de la maladie mentale, ce sont aussi les thèmes du cancer, de la mort, de la religion qui sont évoqués dans des arcs scénaristiques convenablement écrits mais qui pêchent par lenteur à certains moments. Même la quête paternelle entamée par le personnage principal, passant notamment par un manuscrit, reste assez convenue, même si intrigante sur la durée.


On se rattrape alors avec la double-performance titanesque de Mark Ruffalo, en grande forme après le passionnant Dark Waters sorti en début d’année. Dans la peau de ces jumeaux très différents, Ruffalo le joue avec son intensité habituelle. Et lorsqu’il endosse le rôle du frère schizophrène, la fragilité enfantine que cela lui permet d’explorer reste inédite pour lui, et le rend réellement touchant. Point de pitié ou de fantasme ici (un piège récurrent dès lors que le cinéma ou les séries parlent de troubles mentaux) mais plutôt de l’empathie. Pour le reste du casting, Kathryn Hahn est aussi formidable qu’à son habitude. En revanche, pouce rouge pour Juliette Lewis qui en fait trop dans un rôle certes pas évident, mais qui confine à la caricature… Alors il est difficile de mettre des mots sur une telle expérience que celle de I Know This Much is True, parce qu’au-delà des belles performances d’acteurs, du score musical sublime et de la mise en scène de Derek Cianfrance, la série nous met un sale goût dans la bouche, qui met du temps à partir. Certains diront que le pari est réussi, d’autres que se complaire dans une telle morosité sans espoir mais avec une dureté aussi consistante reste un procédé trop facile. Les deux auront raison.

Crédits: HBO / OCS

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