Critiques Cinéma

LES TRADUCTEURS (Critique)

SYNOPSIS: Isolés dans une luxueuse demeure sans aucun contact possible avec l’extérieur, neuf traducteurs sont rassemblés pour traduire le dernier tome d’un des plus grands succès de la littérature mondiale. Mais lorsque les dix premières pages du roman sont publiées sur internet et qu’un pirate menace de dévoiler la suite si on ne lui verse pas une rançon colossale, une question devient obsédante : d’où vient la fuite ? 

On était sans nouvelles du réalisateur Régis Roinsard depuis 2012 et la sortie de son premier long-métrage, Populaire. Réunissant un couple glamour avec Romain Duris et Déborah François, cette proposition singulière, entre comédie romantique, film de sport (si taper sur une machine à écrire est considéré comme tel) et retour aux années 60, avait pour elle quelques qualités, mais aussi quelques défauts. Près de huit ans plus tard, le réalisateur revient dans un tout autre registre avec Les Traducteurs, thriller se déroulant dans le milieu de la traduction et des interprètes. Casting international et intrigue bourrée de twists pour une question ou deux : qui a fait fuiter le manuscrit du tome final de la saga à succès Dedalus, et qui fait chanter le strict directeur de sa maison d’édition ? Évidemment, à cette question, la réponse ne se trouvera pas ici. Alain Attal, le producteur du film, a expressément demandé à la presse de ne pas spoiler le contenu des rebondissements et révélations du film dans leurs critiques, afin de préserver la surprise et l’expérience du spectateur. Une demande qui n’est pas sans rappeler les récentes supplications de Marvel, avec les frères Russo sur les derniers films Avengers, ou même, encore plus loin en arrière, un certain Alfred Hitchcock, à l’époque de Psychose… On respectera évidemment la volonté des producteurs de conserver le mystère du film. Pour autant, on peut se demander si tout ce chambardement n’a pas pour objectif d’être l’arbre qui cache la forêt. Et très vite malheureusement, cette impression ne fait que se confirmer.

Si Roinsard confirme son amour du dialogue et du verbe dans sa première partie, il faut reconnaître qu’elle est très didactique, prenant son temps pour poser quelques personnages, instaurer quelques mystères. Bref, cela fait beaucoup de « quelques », au lieu d’un ensemble qui pose plus globalement ses personnages. On comprend très vite quels sont ceux qui auront de l’importance, ceux en embuscade, et ceux qui, cruellement, finissent par ne servir à rien. De manière générale, si le film se veut à tiroirs, un spectateur avisé pourra vite comprendre la plupart des tenants et aboutissants des Traducteurs. Est-ce que tout deviner à l’avance nuit à la qualité de l’ensemble ? Non, et un Knives Out récent a confirmé que même si un whodunit – en l’occurence, un whydunit, était prévisible, le plaisir du spectateur pouvait se trouver ailleurs, et tout de même passer un excellent moment.

Le véritable problème des Traducteurs, au-delà de ses twists indigents qu’on voit venir une heure à l’avance, c’est la difficulté avec laquelle Roinsard tente de perdre le spectateur, multipliant les fausses pistes inutiles qui rallongent la durée du film de manière artificielle, provoquant un certain ennui lorsque le ventre mou s’amorce. Même sa mise en scène censée être fine et intelligente devient faiblarde, cachant ce qu’on devine déjà, pas aidée par un montage qui rend l’ensemble beaucoup trop lent pour ce que ça tente de raconter. Et si on comptait sur le casting cinq étoiles pour sauver les meubles, le script ne rend justice à aucun d’entre eux. On pense notamment, sans trop spoiler, à Frederic Chau (pourtant chouette, loin des comédies identitaires dans lesquelles il atterrit ces derniers temps), ou même Riccardo Scarmacio, en roue libre à la moindre de ses interventions. Quant à Lambert Wilson, dans un rôle pourtant taillé sur mesure pour lui, la mayonnaise ne prend pas, et son personnage n’arrive à aucun moment à être un vecteur de la panique de la maison d’édition de Dedalus.

Parce qu’avec tout ça, on oublierait presque que le cœur du film, c’est ce fameux livre, objet de toutes les convoitises, et de toutes les traductions. On aurait pu s’attendre, peut-être, à une réflexion plus poussée sur l’acte de traduction (après tout, n’est-elle pas une forme de trahison?), mais à l’exception d’un ou deux dialogues et du personnage complètement raté d‘Olga Kurylenko, il est impossible pour le spectateur de comprendre l’importance de cette saga, censée être digne d’Harry Potter ou Millenium. Le postulat de base est excellent, et cette idée de traduction simultanée, loin de voir les différents langages comme des tours de Babel, est une idée de génie. Mais comme toutes les bonnes idées du film, elle finit rapidement par montrer un visage plus cynique et intéressé. En conclusion, on a le sentiment avec Les Traducteurs d’un vrai rendez-vous manqué pour quelqu’un qui ne manque pas de talent comme Régis Roinsard. Mou, prévisible et pas franchement bien joué, c’est une petite déception pour un pitch aussi prometteur que celui-là.

Titre Original: LES TRADUCTEURS

Réalisé par: Régis Roinsard

Casting : Lambert Wilson, Olga Kurylenko, Riccardo Scamarcio …

Genre: Thriller

Sortie le: 29 janvier 2020

Distribué par: Trésor Cinéma / Mars Films

PAS GÉNIAL

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