SYNOPSIS: Inspiré de la saga littéraire fantastique à succès, The Witcher est un conte épique portant sur le destin et la famille. C’est l’histoire du destin entrelacé de trois individus dans le vaste monde du Continent où humains, elfes, sorciers, gnomes et monstres se battent pour survivre et prospérer, et où le bien et le mal peinent à se différencier.
Dans le milieu télévisuel, il y a définitivement eu un avant et un après la diffusion de la série phénomène Game of Thrones sur la chaîne HBO. Et bien que ce changement drastique de la manière de produire les séries télévisées n’affecte pas seulement les œuvres d’Héroïc Fantasy, elles ont bien évidemment connu un regain de popularité. Si la série de Benioff et Weiss a autant bouleversé le genre, c’est qu’elle a montré au public et aux studios que la fantasy ne faisait que renaître, se posant ainsi en digne successeur des univers de Tolkien, pour ne citer que lui. On le voit, les chaînes de télévision commencent à doucement explorer les univers riches et variés que peuvent leur offrir la pop-culture. Rien que cette année, Netflix a déjà mis un pas dans l’aventure en relançant le monde de Thra en signant un préquel dépoussiéré et terriblement dans l’air du temps du film culte de 1982 Dark Crystal, sous-titré Le Temps de la Résistance. Et les mêmes aventuriers de Netflix s’attaquent désormais à une œuvre majeure de la littérature fantastique contemporaine en adaptant la saga du Sorceleur de l’écrivain polonais Andrzej Sapkowski sous le titre The Witcher.
The Witcher raconte les histoires croisées de trois personnages hauts en couleur. D’abord, c’est le récit de Géralt de Riv, le « Witcher » du titre, un Sorceleur. Il est un mutant puissant physiquement et habile en combat rapproché, un chasseur de monstre qu’on dit apathique. Allant d’aventure en aventure, il rencontrera bien des situations monstrueuses, toujours guidé par sa morale et son sens de la justice. En bref, un chevalier aussi blanc que ses cheveux. Puis, on suit la vie de Yennefer de Vengerberg, une jeune femme malformée, maltraitée par ses paires avant d’être vendue par son père à une sorcière qui va lui enseigner les bases de la magie, et qui va devenir à la suite de transformations radicales une magicienne magnétique puissante à la beauté fatale. Et enfin, on retrouve Cirilla de Cintra, une jeune princesse contrainte de fuir son royaume à la suite d’une attaque ennemie. En fuite, elle se découvrira liée d’une manière inexpliquée à Géralt de Riv, dont elle ne connaît que le nom, et qu’elle recherchera afin de faire la lumière sur ce qu’elle est.
La série est tenue par Lauren Schmidt Hissrich, une habituée des productions Netflix, ayant été scénariste sur plusieurs épisodes de Daredevil, The Defenders ou encore Umbrella Academy. Et l’adaptation d’une saga comme The Witcher est particulièrement ardue, car elle a acquit ces dernières années une popularité grandissante aussi due en partie à l’adaptation des écrits en jeu vidéo. La proposition de Netflix se doit alors d’être assez juste pour satisfaire les fans de la première heure, autant que pour parler suffisamment aux néophytes et ne pas les laisser sur le bord de la route. Et c’est ce qui se remarque dans ces cinq premiers épisodes : l’approche de l’univers est assez travaillée pour ne perdre personne, même si le rythme en pâtit parfois. Car cette saison 1 prend la forme d’une introduction à l’univers de Sapkowski, en adaptant les premières nouvelles de la saga littéraire The Witcher. Ainsi, chaque épisode semble presque détaché des autres, comme si chaque histoire était indépendante. Et l’on voit que la série se resserre au fur et à mesure des épisodes alors que les personnages se rapprochent, mais dans cette construction sérielle, on s’éloigne de tout ce que peuvent faire d’autres séries de ce type. Ici, le point d’honneur est mis sur la fidélité par rapport au matériau de base. Il y a un vrai soin apporté aux détails de l’univers et aux principaux événements fondateurs des romans.
D’un point de vue visuel, The Witcher se pose dans la lignée de Game of Thrones, posant des designs soignés. Les effets spéciaux constituent un gros point positif de la série, et chaque monstre paraît crédible. Cependant, la photographie paraît bien terne à certains instants, jouant sur des nuances de gris qui finissent par devenir monotones à un moment. Il faut attendre certains décors majestueux ou certaines scènes d’action pour avoir des touches de couleur. Mais le tout constitue un univers visuel assumé, et l’on sent l’effort apporté à la retranscription sur petit écran des récits. L’ensemble est solide, et les scènes d’action sont très bien chorégraphiées. Elles frappent fort, peut-être même trop, étant donné que le reste des scènes semble un peu moins en deçà. C’est de là que provient le manque de rythme qui noircit ces épisodes et on peut se retrouver un peu perdu dans la narration à certains instants.
Mais malgré ces points négatifs, The Witcher est une jolie réussite d’adaptation et de série de medieval fantasy. Et c’est surtout dû à un casting très efficace. En premier lieu, on retrouve Henry Cavill dans le rôle principal du Sorceleur Géralt de Riv. Il est épatant, se munissant de sa voix la plus caverneuse pour nourrir un rôle périlleux mais redoutablement bien assuré. Il est le Witcher, transférant son charisme et sa puissance corporelle au service d’un personnage solide et entier. Il est accompagné par le personnage de Jaskier, un barde à l’humour discutable, interprété justement par Joey Batey. Pour ses deux protagonistes féminins principaux, The Witcher se dote de deux interprètes inconnues du grand public (comme Game of Thrones a pu le faire, révélant de nombreux talents dans ses rangs au fur et à mesure des saisons). Dans les rôles de Ciri et de Yennefer, on retrouve respectivement Freya Allan et Anya Chalotra. Elles sont elles aussi surprenantes et justes, conférent un charisme et une puissance aux deux personnages. Ciri a le rôle de l’adolescente encore innocente, et en quête de vérité. Yennefer déploie ses charmes vénéneux après avoir montré sa vulnérabilité profondément humaine dans les premiers épisodes. Chaque comédien.ne a de quoi briller ne serait-ce que quelques instants, et nourrissent un univers riche et aux multiples dimensions thématiques.
The Witcher est donc une réussite, qui évite habilement les pièges dans lesquels ce genre de production aurait pu très facilement tomber. L’univers des romans de Sapkowski est fidèlement adapté, et la série parvient à servir de lien entre les aficionados des écrits et les néophytes pour lesquels le terme « Sorceleur » reste obscur. The Witcher débarque sur Netflix en cette fin d’année, déversant ses créatures monstrueuses, ses complots sanguinaires et ses charmes viscéraux sur la plateforme. Dotée d’un rythme et d’une narration atypique, The Witcher saura aisément trouver son public, celui qui est en manque d’héroïc fantasy depuis la fin (controversée) de Game Of Thrones cette année. Une série héritière ? Seul le temps et les saisons futures nous le diront…
Crédits: Netflix