SYNOPSIS: Bruno et Malik vivent depuis 20 ans dans un monde à part, celui des enfants et adolescents autistes. Au sein de leurs deux associations respectives, ils forment des jeunes issus des quartiers difficiles pour encadrer ces cas qualifiés « d’hyper complexes ». Une alliance hors du commun pour des personnalités hors normes.

Il y a deux veines dans le cinéma d’Olivier Nakache et Eric Toledano qui coexistent en parallèle puis s’entrecroisent parfois au confluent de leurs sujets. Un cinéma de comédie pure où ils grattent par le rire le vernis de nos sociétés et un cinéma social et émouvant dans lequel ils explorent des problématiques sociétales par le biais d’un traitement universel. Que ce soit avec Intouchables qui leur a valu un succès stratosphérique ou avec Samba ils sont parvenus à parler du handicap ou des sans-papiers avec justesse et subtilité sans jamais renier sur le cinéma populaire et exigeant qui est leur apanage. Pour leur septième long métrage, Hors Normes, deux ans après l’irrésistible Le Sens de la Fête, les deux cinéastes embrassent une thématique qui leur tient à cœur puisqu’ils en avaient déjà tiré un documentaire pour Canal+ (On devrait en faire un film) : La prise en charge de cas autistiques graves par deux associations parisiennes dont l’une ne possède aucun agrément officiel si ce n’est la confiance des hôpitaux et des familles. Tiré d’une réalité que les deux réalisateurs connaissent parfaitement depuis 20 ans, Hors Normes s’inspire de la vie de Stéphane Benhamou, le créateur de l’association Le Silence des Justes, spécialisée dans l’accueil et l’insertion des enfants et adolescents autistes et de celle de Daoud Tatou directeur du relais IDF qui prend en charge de jeunes autistes mais travaille également sur la réinsertion sociale et professionnelle des jeunes des quartiers difficiles. En synthétisant dans ce film toutes les préoccupations qui traversent leur cinéma, du travail de groupe au « buddy movie » en passant par leur connaissance du milieu associatif, ils proposent une œuvre qui est tout à la fois un plaidoyer pour le vivre ensemble qu’un film résolument humaniste.

Ce qui transpire notamment de Hors Normes, c’est un sentiment empreint de vérité et d’urgence, sentiment renforcé lorsque l’on sait que les deux cinéastes se sont immergés deux ans durant au sein des deux associations dont ils parlent, racontant dans des scènes vécues réellement, la vie de tous ces « acteurs » -autistes, parents, référents, médecins, inspection des Affaires Sociales- dont on a l’impression de partager le quotidien. Des séquences dont le duo de réalisateurs parvient à restituer la substantifique moelle et desquelles on ne ressent ni distance avec ce que l’on ne doute pas être la réalité, ni approximations tant ils semblent embrasser totalement leur sujet. En faisant s’entremêler le réel et la fiction, en nous permettant d’entrer dans la vie quotidienne des personnages dans leur ensemble et en appréhendant ainsi totalement les enjeux qui sont les leurs -financiers, humains, personnels-, Hors Normes est un concentré d’humanisme qui nous étreint et nous bouleverse dans un mouvement de balancier régulier grâce à une justesse de chaque instant.

Avec deux personnages centraux constamment dans l’urgence et le mouvement, Eric Toledano et Olivier Nakache donnent le rythme parfait pour que le film trouve sa respiration et nous emporte naturellement dans son sillage. En nous confrontant immédiatement à la violence et à la crudité des situations que vivent leurs deux protagonistes principaux, ils nous plongent au cœur d’un tourbillon qui ne connaîtra que peu d’accalmies au cours des deux heures de film, montrant parfaitement que travailler dans ces associations est un vrai sacerdoce et que la vie familiale, quand elle existe, ne peut pas y être prépondérante. Les personnages sont caractérisés par leur engagement total et leur humanité, leurs religions et leurs possibles différences n’étant jamais au centre du récit. Dans ce travail associatif, le regard ne juge jamais et seule compte l’amélioration des conditions de vie de ces êtres vulnérables. Hors Normes est un film qui veut rassembler et pas diviser ce qui est totalement en adéquation avec le propos.

Associer le feu de Vincent Cassel et la zénithude apparente de Reda Kateb n’était pas forcément évident de prime abord. Ils sont pourtant absolument formidables tous les deux, l’un étant parfois dans le registre que l’on aurait pu imaginer pour l’autre et s’avérant au final un duo extrêmement complémentaire. Autour d’eux, Hélène Vincent campe une mère courage bouleversante et Alban Ivanov nous régale avec un rôle inattendu. tandis que les comédiens qui interprètent les patients sont tellement parfaits qu’on ne se pose jamais la question de savoir si ils sont justes. Ils sont juste vrais. On rit, on pleure, on a le cœur qui palpite dans nos poitrines au fil d’un récit qui ne verse jamais dans le catalogue des figures imposées. Hors Normes fera sans doute fuir les cyniques mais pour ceux qui aiment ce cinéma drôle et émouvant qui vous met du baume au cœur tout en vous sensibilisant à une cause nécessaire, vous pouvez foncer sans hésitation. Sans didactisme, ni angélisme,Eric Toledano et Olivier Nakache ont avec Hors Normes un geste de cinéastes citoyens qui transpire l’humanité et la bienveillance. Émotion à tous les étages pour un film d’une justesse infinie où Vincent Cassel et Reda Kateb forment un merveilleux tandem.

Titre Original: HORS NORMES

Réalisé par: Éric Toledano & Olivier Nakache

Casting : Vincent Cassel,  Reda Kateb, Alban Ivanov …