SYNOPSIS: Ricky, ancien gangster, Julia, Paige et Zak font partis d’une famille de catcheurs. Les enfants, Paige et Zak, s’inscrivent dans un concours de WWE. Bien que talentueux, les deux jeunes gens vont devoir se battre, au sens propre comme au figuré, afin de devenir des stars de cette pratique.

Les films sur les familles dysfonctionnelles ou extravagantes forment un sous-genre de la comédie dont la qualité est aussi fluctuante que l’humeur de ces personnages hauts en couleur, embrassant une caricature assumée au service d’un humour qui se révèle bien trop souvent prévisible et paresseux. Dans l’absolu, si quelqu’un nous avait parlé d’un projet d’un film mixant ce genre et celui de la succes story sportive, relatant l’histoire vraie d’une famille de catcheurs anglais excentriques dont la fille deviendra une superstar de la principale fédération de catch aux États-Unis, il est probable qu’un long silence gêné aurait suivi et que, même en tombant dessus quelques mois plus tard , dans un bac de dvd soldés, l’idée de voir un tel film ne nous aurait jamais effleurée. Quand l’acolyte de Ricky Gervais et co-créateur notamment de la série The Office est derrière ce projet, tant au scénario qu’à la mise en scène, la donne commence un peu à changer, tant l’écriture de Stephen Merchant a toujours su déjouer les pièges de l’humour bas de gamme et des personnages ne dépassant jamais le stade de la caricature. S’il n’évite pas quelques gros raccourcis scénaristiques qui nuisent un peu à sa progression dramatique, Une Famille sur le Ring s’extrait de la caricature redoutée et arrive étonnamment à émouvoir par la grâce notamment d’un excellent casting, emmené par l’étonnante Florence Pugh, miscast potentiel sur le papier tant elle évoluait très loin de ce registre mais réussite éclatante et enthousiasmante à l’écran.

La famille Knight a plus à offrir que des rires sur leur look, la décoration de leur maison et  leur mode de vie entièrement tourné autour de leur passion, leur métier, le catch. On retrouve la plume de Stephen Merchant, son talent pour nous attacher à ses personnages d’outsiders. Les aspirations, les failles de cette famille sont palpables derrière l’apparente caricature et, hormis peut être le personnage de la mère (si l’idée de caster Lena « Cersei » Headey paraissait excellente, elle est à nos yeux perdue dans ce rôle), chacun a quelque chose à offrir, même si le film tourne principalement autour de Paige (Florence Pugh) et de sa relation avec son frère, Zack (Jack Lowden). Ils partagent tous les deux le même objectif, se faire recruter par la NXT, l’antichambre de la prestigieuse WWE et réaliser ainsi le rêve de toute la famille. Lorsque se dessine le destin qui attend Paige, laissant Zack à la porte de son rêve, au moment où devenu père il voulait plus que jamais s’extraire de sa condition sociale, le film gagne en profondeur dramatique et en enjeux. Arrivé sur ce film, au départ loin de son univers, après que Dwayne « The Rock » Johnson l’ait contacté et fait découvrir le documentaire réalisé en 2012 sur la famille Knight, Stephen Merchant s’est attaché à ces personnages et trouve ainsi un parfait équilibre entre la scène (le parcours de Paige jusqu’au sommet) et le hors-scène (le lien avec sa famille, le parcours de Zack interprété par un excellent Jack Lowden.

On pourra faire à Merchant le reproche d’avoir ainsi sacrifié une partie de la progression dramatique du parcours sportif de Paige dont la montée vers les sommets a été plus longue qu’elle n’est présentée / ressentie dans le film mais ce choix est tout à fait cohérent avec sa sensibilité pour ses personnages, quand d’autres auraient probablement déplacé le curseur différemment. Il n’en reste pas moins que Florence Pugh si elle n’est pas le seul astre du film en est le plus brillant, réussissant déjà l’exploit d’être crédible dans ce rôle que l’on imaginait aux antipodes du tempérament qu’elle avait révélé jusque là. Si Stallone avait dû démonter dans Rocky qu’il pouvait émouvoir, Pugh devait démontrer qu’elle avait le charisme et les capacités physiques de cette jeune catcheuse anglaise partie conquérir les États-Unis. Une fois que cette barrière a été brisée et qu’elle ne fait qu’un avec son personnage, son talent peut s’exprimer parfaitement dans toutes les scènes plus intimes, tant dans un registre dramatique que plus léger, notamment dans la relation avec le coach/recruteur sur lequel repose son avenir, Hutch (Vince Vaughn qui en cette année aura donc une nouvelle fois démontré toute l’étendue de son talent, entre le très noir Dragged Across Concrete et ce rôle de coach aussi cassant que bienveillant).

C’est là aussi, l’une des réussites de Une Famille Sur le Ring, qui présente une galerie de personnages secondaires plus profonds et attachants qu’il n’y parait de prime abord, Merchant s’étant non seulement attaché à cette famille mais aussi à tous ces outsiders évoluant dans l’ombre du sport le plus show off qui soit. Même The Rock, instigateur et producteur du film, star la plus emblématique du catch, était un outsider dans sa jeunesse, puis un jeune homme au rêve de carrière dans la NFL brisé après une blessure à l’épaule qui l’amènera à se reconvertir dans le catch que pratiquait son père et ses grands-parents. Une Famille Sur le Ring rend très bien compte de cela, certes sous un côté que certains qualifieront de convenu mais dont la sincérité ne fait aucun doute à nos yeux et qui suffisent à en faire l’une des meilleures comédies de l’année.

Titre Original: FIGHTING WITH MY FAMILY

Réalisé par: Stephen Merchant