SYNOPSIS: Le vol Montego 828 à destination de New York disparaît des radars sans laisser de traces, avant de réapparaître cinq ans plus tard sans aucune explication. Pour les 191 passagers à bord, le temps ne s’est pas écoulé. Mais pour leurs proches, ces cinq années ont été éprouvantes… Que s’est-il réellement passé ? Comment les revenants vont-ils parvenir à s’adapter ? Sont-ils revenus changés ?
Nouvelle série de Jeff Rake (Les Mystères de Laura, The Tomorrow People) pour NBC, Manifest s’est vite fait une place au soleil sur la chaîne du paon (ainsi surnommée à cause de son logo multicolore). Si la critique reste dans l’ensemble plutôt dubitative, le public lui, répond présent avec plus de 10 millions de téléspectateurs pour le premier épisode aux États-Unis. Des chiffres plutôt impressionnants pour une série dite “de network”, c’est-à-dire n’étant pas diffusée sur une chaîne privée telle qu’AMC, HBO, Netflix ou Hulu. Bref, c’est une victoire pour NBC qui a en général plutôt du mal à s’imposer dans le monde des séries dite de genre. Midnight Texas et Timeless n’ont tenu que deux saisons, et Heroes Reborn, l’une des séries fantastiques les plus prestigieuses de la chaîne, n’aura eu que treize épisodes avant de passer à la casse. Tout ça pour dire que les attentes étaient très modérées pour Manifest et qu’ils ont certainement dû sabrer le champagne dans leurs bureaux de Los Angeles en voyant ces ratings. A la croisée des genres, le script de Jeff Rake se focalise surtout sur la famille Stone : Michaela (Melissa Roxburgh) et son frère Ben (Josh Dallas) rentrent de vacances en Jamaïque avec leurs parents, Grace (Athena Karkanis), la femme de Ben, et les deux enfants de ces derniers : les jumeaux Cal (Jack Messina), atteint de leucémie et Olive (Luna Blaise). Lorsqu’on leur annonce que leur vol est plein, Michaela, Ben et Cal décident d’attendre le prochain avion en partance pour New York, et laissent donc le reste de la famille partir d’abord. Sauf que, lorsque notre trio arrive enfin sur la côte Est, cinq ans se sont écoulés et tous les passagers du vol qu’ils viennent de prendre sont portés disparus ou présumés morts. Une prémisse qui donne à réfléchir donc, et qui va avoir un effet ricochet sur la vie de tous ces inconnus qui ont eu la malchance de prendre l’avion. Et le mystère s’épaissit encore davantage lorsque certains d’entre eux commencent à entendre des voix qui les poussent à faire le bien.
Sous son aspect à priori un peu traditionnel, la série parvient à combiner les genres et les mécanismes qui vont avec, d’une main sûre et élégante. On retrouve les influences des séries passées bien sûr, mais modernisées avec brio. Il y a un peu de Lost naturellement, ne serait-ce que parce qu’on parle des passagers d’un avion, mais la ressemblance avec la série de JJ Abrams ne se borne pas à une unité de lieu, elle se retrouve également dans la structure de la saison qui se focalise sur un passager différent lors de chaque épisode. Il y a aussi un peu de Heroes, dû principalement au fait que vingt de ces passagers se découvrent de nouveaux dons qu’il va leur falloir apprendre à maîtriser. Et enfin, Manifest est également construite comme une bonne vieille série procédurale ; Michaela étant agent de police, sa vie se structure d’affaire en affaire : un kidnapping cette semaine, un vol à main armée la semaine d’après et un meurtre la semaine suivante. C’est sans doute grâce à cette facilité du script de s’adapter aux exigences différentes imposées par les genres auxquels il appartient que la série connaît un tel succès. Le mélange des genres permet à l’intrigue de rebondir, sans jamais se laisser alourdir par une construction trop répétitive ou prévisible. Naturellement, le mystère qui entoure la disparition des passagers fait figure de moteur qui pousse la série vers l’avant, mais comme on sait que les réponses ne seront divulguées qu’à la toute fin de la série, c’est plutôt rafraîchissant d’avoir d’autres histoires à suivre entre-temps. Manifest aurait certainement beaucoup plus d’impact si son budget était revu à la hausse, mais on ne peut nier que la série est incroyablement efficace, en dépit de son image tamisée et de sa réalisation tristement conventionnelle. On vous la recommande cependant, ne serait-ce que parce que Manifest, en dépit de sa propension à thésauriser les informations et à abuser de la moralité chrétienne pour encadrer son propos, fait un honnête effort pour se différencier de toutes les séries procédurales qui pullulent sur les ondes. Un fait peut-être peu remarquable en soi, mais qui mérite d’être salué.
Crédits: NBC
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