SYNOPSIS: À plus de 80 ans, Earl Stone est aux abois. Il est non seulement fauché et seul, mais son entreprise risque d’être saisie. Il accepte alors un boulot qui – en apparence – ne lui demande que de faire le chauffeur. Sauf que, sans le savoir, il s’est engagé à être passeur de drogue pour un cartel mexicain. Extrêmement performant, il transporte des cargaisons de plus en plus importantes. Ce qui pousse les chefs du cartel, toujours méfiants, à lui imposer un « supérieur » chargé de le surveiller. Mais ils ne sont pas les seuls à s’intéresser à lui : l’agent de la DEA ColinBates est plus qu’intrigué par cette nouvelle « mule ».Entre la police, les hommes de main du cartel et les fantômes du passé menaçant de le rattraper, Earl est désormais lancé dans une vertigineuse course contre la montre…
Le très grand Clint Eastwood alterne depuis maintenant une dizaine d’années et toujours à un rythme effréné, le très bon (American Sniper, Sully) et le moins bon (Au-delà, Le 15h17 pour Paris). Pas revu à l’écran depuis l’oubliable Une Nouvelle Chance en 2012, c’est avec un grand plaisir que nous retrouvons cette légende à la fois devant mais également derrière la caméra, chose qui n’était plus arrivée depuis le fabuleux Gran Torino en 2009. Pour son 36ème long métrage, il retrouve à nouveau Bradley Cooper après American Sniper. Le lien entre Cooper et Eastwood est plus que passager puisque l’octogénaire a produit A Star is Born, la première réalisation de Cooper l’année dernière. Est-ce que les deux compères ont réussi ce nouveau pari ?
Il est difficile d’être véritablement objectif devant un film avec Clint Eastwood puisque son charisme et son regard sont toujours aussi impressionnants 60 ans après ses débuts. Dès sa première apparition à l’écran, on a une empathie immédiate pour cette octogénaire passionné par ses fleurs et au petit soin pour sa communauté. Son personnage est présenté comme un bon père de famille avec son air bon enfant. Bien mal nous en a pris car ce bon vieux Earl a toujours eu des rapports conflictuels avec sa famille. Divorcé, zappant le mariage de sa fille, il a toujours privilégié son travail et ses connaissances. Eastwood a toujours recherché au cours de sa carrière des personnages ambivalents qu’on a envie d’adorer dans un premier temps puis de détester dans la seconde suivante, l’inverse des personnages lisses de l’époque cinématographique. Soyons clairs, le film est vendu sur l’idée d’un polar autour d’un gringo octogénaire faisant la mule pour un cartel de drogues mexicain mais la partie polar n’est pas spécialement ce qui intéresse Eastwood et en cela, La Mule nous rappelle Un Monde Parfait sorti en 1993. Le film ne donnera pas l’occasion au spectateur de ressentir une quelconque pression intrinsèque à ce genre d’histoire car il est centré sur la relation familiale et l’espoir d’une rédemption toujours possible. On est à chaque fois épaté par la force du mélodrame qui sied si bien au réalisateur. Filmé de manière classique, les changements de tons sont comme d’habitude très réussis. On passe d’une scène où le personnage principal va livrer de la drogue à une scène se déroulant chez le parrain du cartel à une scène très intime avec sa femme sans aucune difficulté, Eastwood ne lésinant jamais sur la démonstration des sentiments. On peut légitiment penser que cette histoire de rédemption est un calque de la vie familiale d’Eastwood, la fille d’Earl étant d’ailleurs interprétée par la propre fille du cinéaste.
Il est toujours intéressant de voir Eastwood se dépeindre comme un pourfendeur de la modernité à l’instar de son personnage de Gran Torino. Il se moque à la fois de lui et à la fois de l’époque. Ne prédisant pas un grand avenir à Internet ou ne sachant pas se servir d’un téléphone, l’acteur-metteur en scène refuse de s’adapter au monde dans lequel il vit. Mais la modernité viendra frontalement frapper à sa porte. Avec l’essor d’internet, son petit commerce de fleurs est obligé de fermer, de même qu’il est obligé de se servir d’un smartphone pour communiquer avec ses employeurs trafiquants. L’homme est obligé de s’adapter à son environnement nous rappelle-t-il sous peine de mourir. Cependant et sous forme de clin d’œil, Eastwood n’oublie pas de tacler gentiment cette génération ultra connectée. En témoigne cette scène extrêmement drôle avec ce couple de couleur en panne sur l’autoroute où le mari ne sait pas changer une roue et cherche une vidéo sur YouTube pour réussir la manipulation. Enfin, et là aussi peu de surprises (mais faut-il en attendre chez Eastwood), cette histoire est un nouvel épisode de l’amour du réalisateur pour son pays malgré ses contradictions. A travers ces magnifiques paysages, ce road-movie très musical donne envie de prendre un billet d’avion et de foncer sur ces routes longilignes. Le réalisateur s’amuse du regard que l’on pose sur son personnage public aux Etats-Unis de manière humoristique (la scène des bikers ou de l’appellation « négro » des automobilistes). Il démontre la complexité de l’homme américain de classe moyenne si souvent décrié. Parfois détestable, il sera malgré tout toujours prêt à filer un coup de main à son prochain. Ce film rassemble donc toutes les obsessions du grand Clint pour notre plus grand plaisir.
La Mule sera disponible le 5 juin en DVD (prix de vente constaté : 19,99€), Blu-Ray™ (prix de vente constaté : 24,99€), Steelbook 4K UHD™ (prix de vente constaté : 29.99€) et VOD et es disponible en achat digital depuis le 23 mai.
Titre Original: THE MULE
Réalisé par: Clint Eastwood
Casting : Clint Eastwood, Bradley Cooper, Laurence Fishburne …
Genre: Drame, Biopic
Sortie le: 23 janvier 2019
Distribué par: Warner Bros. France
EXCELLENT
Catégories :Critiques Cinéma
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