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PROFILAGE (Critique Saison 9) Une référence en la matière…

SYNOPSIS: Cinq années ont passé depuis l’enlèvement d’Adèle. Sauvée in extremis, elle a refait sa vie loin de Paris, loin de la police, avec son fils Ulysse. Mais sa nature de psycho-criminologue, son empathie sans borne pour les victimes et sa capacité à sonder les recoins les plus sombres de l’esprit humain ne tardent pas à la ramener vers les enquêtes troublantes et passionnantes de la DPJ, auprès du Commandant Rocher. Libérée des démons de son passé, Adèle se sent enfin prête à vivre leur histoire d’amour… Mais elle ignore que le Commandant porte un terrible secret : il fait face au plus grand défi qu’il n’a jamais connu, qui pourrait changer leur vie à tous pour toujours…

On avait laissé Adèle (Juliette Roudet) à la fin de la saison 8 de Profilage dans une situation désespérée qui permettait à la série d’atteindre des sommets qu’elle n’avait, à nos yeux, tutoyer dans de telles proportions qu’à l’issue de la saison 5. Nous disions l’an passé que cette séquence finale présageait d’une saison 9 dont nous étions bien en peine de savoir comment elle parviendrait à raccrocher les wagons. Et bien en fait, elle ne les raccroche pas vraiment, car les auteurs ont une nouvelle fois décidé de céder à la tendance du time jump et de faire cette fois-ci carrément un bon de cinq ans dans le temps. Ce stratagème, aussi efficace soit t-il (et il l’est parfois) a aussi le don d’être utilisé de plus en plus fréquemment dans les séries françaises et d’agir comme un appel d’air donnant la sensation que les auteurs n’ont pas su/pu/voulu approfondir le cliffhanger ultra sophistiqué qu’ils avaient imaginé. C’est à notre avis vraiment dommage d’utiliser cette technique de façon aussi récurrente que le fait Profilage même si une fois l’amertume passée d’une résolution à notre sens par trop expédiée, la série reprend tout son sens et ses qualités.

Après le départ d’Odile Vuillemin et l’intégration définitive de Juliette Roudet en saison 7, après la résolution du cas Argos en saison 8, Profilage s’avance en saison 9 avec une certitude, c’est que Juliette Roudet quittera l’aventure à l’issue de celle-ci. La surprise de cette annonce et la crainte que la série peine à se réinventer à nouveau ne doit pas occulter les dernières apparitions de celle qui a fait montre d’un jeu étincelant depuis ses premiers instants jusqu’à ses ultimes minutes. La comédienne a permis à Profilage de continuer à creuser son sillon de grande série noire et populaire à la fois et les auteurs lui ont offert un écrin qu’elle a magnifié. Maxime Berthemy qui supervise désormais l’écriture (Sophie Lebarbier et Fanny Robert restant productrices artistiques) réussissent encore de grandes choses dans cette saison, à la différence que les fils rouges d’habitude toujours très élaborés laissent cette fois-ci la place à une histoire en filigrane un peu moins aboutie. Le personnage de Gabriel joué par le toujours excellent Jérôme Robart n’est  par exemple pas suffisamment exploité à des fins purement dramatiques mais plus comme un élément d’un triangle amoureux un peu trop souvent anecdotique. Car Profilage se recentre plus sur des enquêtes bouclées et sur les interactions entre les différents membres de l’équipe, mettant la narration sophistiquée, qui était son apanage ces dernières saisons, de côté.

Au delà des relations sentimentales qui lient les héros (l’histoire difficile Adèle – Rocher étant contrebalancée par celle des désormais époux Hippo – Jess) Profilage conserve son ADN. Des enquêtes sombres, des meurtres insoutenables, une action récurrente et extrêmement bien exécutée et une production léchée qui en font toujours un must-see de la fiction française. Raphaël Ferret et Diane Dassigny forment un duo dont la complicité s’affine et l’humour qui imprègne leurs échanges est par moments irrésistibles. Diane Dassigny est par ailleurs très convaincante l’arme à la main même si on passera sur les incohérences temporelles liées au destin professionnel de son personnage. Emma (Sophie de Fürst) ne fait qu’une brève apparition ce qui permet en cours de saison, l’arrivée d’un nouveau personnage, un peu tendre mais extrêmement doué, Olivia, une jeune étudiante d’Adèle, incarnée par Nilusi Nissanka. Si l’on s’est avoué sceptique devant l’intérêt d’un tel ajout, la jeune comédienne, qui fait très bien le job, éteint peu à peu nos réserves. Les épisodes de cette saison 9, si ils ne connaissent pas tous la même réussite, nous réservent malgré tout des enquêtes intenses et des intrigues et sous-intrigues qui explorent toujours la psyché de ses héros. C’est surtout Rocher qui est au centre de l’arc le plus passionnant de cette saison, autour d’un drame marquant de son passé et qui impulse tout le dernier tiers de la saison. Philippe Bas, dont on dit trop peu qu’il est impeccable dans le peau de Rocher a l’occasion d’explorer des facettes de son personnage que l’on ne connaissait pas et il y parvient parfaitement, dévoilant d’autres facettes, qu’une imposante présence physique et un charisme impérial. Juliette Roudet a elle l’occasion de réaliser un festival pour ses adieux (elle réalise aussi un épisode), réussissant par d’infimes variations à proposer une palette de jeu toujours plus large. La porte de sortie offerte à la comédienne est plutôt bien trouvée même si on aurait souhaité une fin plus tranchée. Profitant de la caractérisation impeccable de ses personnages, de l’imagination fertile de ses auteurs et d’une distribution qui sait restituer les nuances lui permettant d’éviter les stéréotypes, Profilage reste une grande série dramatique qui devrait ravir ses afficionados, lesquels attendront le cœur battant de savoir comment la série va encore pouvoir se renouveler en saison 10 et rester ce qu’elle est depuis neuf saisons, à savoir, une référence en la matière.

Crédits: BEAUBOURG AUDIOVISUEL / TF1

1 réponse »

  1. J’ai acheté le coffret de la saison 9 pour avoir la suite de mon intégrale et je suis effectivement très très déçu de ce bon dans le temps. Il n’y a aucun risque pris par les scénaristes. C’est de la facilité digne d’une sitcom très mauvaise.
    Bref je reste sur ma faim c’est regrettable

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