SYNOPSIS: Après le triomphe de Midge au Gaslight, le secret de Sophie Lennon qu’elle a exposé est encore très présent, ce qui rend son ascension dans le monde de la comédie encore plus difficile qu’avant. Alors que le prix à payer pour devenir une actrice comique commence à avoir des conséquences sur la vie de Midge, les pressions pour qu’elle avoue la vérité à sa famille pèsent sur elle, particulièrement parce que ses choix ont des répercussions sur tous les gens autour d’elle (sur tous ses proches).
La plus délurée des femmes aux foyer de l’Upper West Side est de retour. Mrs Maisel, Midge pour les intimes, fait son comeback dans les clubs de comédie new-yorkais et sur nos petits écrans, puisque la série adorée d’Amazon lance sa deuxième saison. Après ses multiples Emmys (les premiers pour la plateforme de diffusion qui, malgré ses millions de dollars à la banque, peinait un peu à se faire de la place au sein de la télévision de prestige) n’a rien perdu de son mordant, toujours portée par la plume acérée et inimitable d’Amy Sherman-Palladino, créatrice, productrice, réalisatrice et showrunner, qui tient fermement les rênes de son projet. Inspirée par les screwball comedies des années 40 et 50, The Marvelous Mrs Maisel se présente comme un pétillant tourbillon d’humour et de couleurs, et cette année, le ton de la série s’éloigne quelque peu de la comédie pure pour se rapprocher de la comédie musicale. Un retour aux sources pour Sherman-Palladino, qui a passé sa jeunesse à hésiter entre les théâtres de Broadway et les writer’s room de Hollywood, et qui permet à cette nouvelle saison de s’envoler encore plus haut, encore plus loin et avec encore plus de style. La saison deux fait un petit détour par Paris, pour une peinture très stéréotypée de la vie dans la capitale française (béret, cafés, Rodin, vous voyez le genre) où heureusement, on ne s’attarde pas et l’on abandonne vite la vision bourrée de clichés pour retrouver celle, beaucoup plus aiguisée et beaucoup plus familière aux scénaristes, du New York des années 50.
Si les images bigarrées et les petites étoiles du titre vous font peur, gardez-vous bien de juger le moine par l’habit, ou dans le cas présent, la série par le travail de son directeur de la photographie. The Marvelous Mrs Maisel ne se contente pas d’être une gentille bluette sur les déboires d’une femme au foyer pas comme les autres, et assume carrément une idéologie féministe hilarante. Midge (Rachel Brosnahan) a beau venir d’une famille très en vue de la haute société new-yorkaise, ça ne l’empêche pas de jurer comme un charretier et d’avoir un don inné pour transformer les moments éprouvants de sa vie en anecdotes humoristiques à pleurer de rire. Peu de femmes avaient accès au monde la comédie dans les années 50 (il y a eu des exceptions naturellement : Lucille Ball, Phyllis Diller, Moms Mabley, et bien d’autres), mais elles se heurtent, comme dans bien d’autres domaines à un plafond de verre et à une hostilité marquée de la part de leurs collègues masculins. Aux US, il parait que les femmes ne sont pas drôles (« Women aren’t funny », assenait Jerry Lewis lors d’une interview au festival d’Aspen en l’an 2000), un adage sexiste que Sherman-Palladino a bien l’intention de contredire, à coup de jeux de mots, blagues et références littéraires qui fusent de tous côtés. Brosnahan est excellente dans son rôle de poupée de porcelaine qui cache un manque total d’inhibitions, mais soyons justes, Midge Maisel ne serait rien sans Susie Myerson (Alex Borstein), son manager à la langue bien pendue.
Amateurs de beaux dialogues, réjouissez-vous, puisque The Marvelous Mrs Maisel n’a rien perdu de sa verve. On pourrait facilement épiloguer pendant des heures sur le fait que Sherman-Palladino est l’une des meilleures dialoguistes de sa génération, mais ça, tous les fans de Gilmore Girls le savent déjà. La distribution est au top, comme toujours, et on prendra le temps de noter la performance de Tony Shalhoub dans le rôle d’Abe Weissman, le père de Midge, un homme très instruit pourtant complètement dépassé par le monde qui change trop rapidement autour de lui, ainsi que celle de Michael Zegen, qui interprète Joel Maisel, le mari de la dame du titre. Midge n’a pas du tout l’intention de ralentir sa marche vers le succès, la gloire et les projecteurs, et le reste du casting va bien devoir ou la suivre, ou rester en arrière, au risque de tomber dans l’oubli. La deuxième saison tient toutes les promesses de la première, évitant la perte d’énergie qui atteint tellement de séries qui se voient renouvelées. C’est drôle, c’est fin, c’est merveilleusement bien écrit et ça mérite tous les éloges que vous pourrez en lire. A voir absolument.
Crédits: Amazon Prime