SYNOPSIS: Heidi Bergman est une assistante sociale qui aidait des soldats à réintégrer la société pour le compte d’un établissement secret du gouvernement supervisé par un homme ambitieux et peu scrupuleux. Jusqu’à ce qu’elle décide de tout arrêter. Quatre ans plus tard, alors qu’elle vit avec sa mère et qu’elle travaille comme serveuse dans un bar de sa ville natale, un enquêteur du Département de la Défense vient à sa rencontre et lui pose une batterie de questions sur les circonstances de son départ. Elle se rend alors compte qu’une histoire bien plus profonde se cache derrière tout ça…
Sam Esmail débarque, apparemment de nulle part, en 2015, et se taille immédiatement une réputation de génie du petit écran avec Mr. Robot, un thriller extraordinairement bien écrit qui s’impose rapidement comme le nouveau chouchou de la critique et qui fera de Rami Malek une star hollywoodienne en bonne et due forme. Comme les grandes plateformes de streaming se font la course pour dénicher LA prochaine série événement qui rendra les téléspectateurs accros, on se doutait bien que quelqu’un n’allait pas tarder à faire une offre à plusieurs millions de dollars à Esmail. Cette offre, c’est Amazon qui l’a faite, en Juin 2017, et voilà qu’à peine un an plus tard nous arrive Homecoming, un autre thriller psychologique légèrement paranoïaque, tout à fait dans la lignée de Mr. Robot. Même créateur, même pâte, même réalisation un peu nerveuse et suffocante, mais avec une énorme différence, puisqu’on ne confie pas le rôle principal à un inconnu au talent indéniable, mais à l’une des plus grosses stars de Hollywood, la seule et l’unique Julia Roberts.
Le casting de Roberts peut vouloir dire deux choses : ou les studios d’Amazon n’avaient pas tellement confiance dans le script et pensent pouvoir capitaliser sur le charisme de leur star pour séduire le public, ou ils se sont dit qu’avec deux talents d’un tel calibre, l’un à l’écriture et l’autre à l’écran, ils ne pouvaient faire qu’un carton. Le résultat est un peu plus mitigé. Roberts est lumineuse comme jamais dans le rôle de Heidi Bergman, malgré sa coupe de cheveux ordinaire et un éclairage généralement assez peu flatteur. Heidi est la directrice d’un programme destiné à aider les vétérans de l’armée américain à naviguer le retour à la vie civile. Elle y rencontre beaucoup de jeunes hommes qui reviennent du front, parmi eux un certain Walter Cruz (Stephan James), qui semble vraiment vouloir s’en sortir. La série divise son temps entre Heidi, ses entretiens, son patron Colin Belfast (Bobby Cannavale), toujours hyper stressé et ses collègues du programme, dont Craig (Alex Karpovsky). Rien de bien dramatique à priori, jusqu’à ce que l’axe temporel du premier épisode se divise en deux et que l’on se rende compte qu’il y a eu un gros, gros problème. On ne vous en dira pas plus pour ne pas froisser les allergiques du spoiler, mais sachez que les dernière minutes de l’épisode pilote présagent d’un retournement de situation, quelque part au cours des quatre ans qui séparent le moment où l’on rencontre Heidi et la fin de l’épisode.
Esmail n’est pas le seul créateur de la série, puisqu’il partage le crédit avec Micah Bloomberg, plus connu pour son travail d’ingénieur du son, et Eddie Horowitz, un ancien combattant dont le CV comporte un film court en 2012 et un vidéoclip en 2013. Tous deux sont d’ailleurs les créateurs du podcast dont est tirée la série. L’influence de Bloomberg se fait beaucoup entendre, sans mauvais jeux de mots, puisque la musique est une composante primordiale dans la série : ultra-présente, lancinante, elle est là pour vous mettre les nerfs à vifs et vous indiquer que le calme dans lequel semble se dérouler l’intrigue n’est qu’une grande illusion. Roberts utilise son fameux sourire à bon escient, et s’investit à fond dans ce rôle, à contre-courant de ce qu’on a l’habitude de la voir faire. L’histoire est plutôt bien menée dans l’ensemble, et même si le manque de réponses peut s’avérer frustrant, surtout quand il n’est pas directement proportionnel à la montée de tension dans l’atmosphère, on ne peut s’empêcher de se prendre au jeu. Les intentions du programme Homecoming apparaissent tout à fait louables, mais l’articulation de l’intrigue au travers du présent et du futur amènent le spectateur à se poser des questions, surtout quand la protagoniste prend ses distances avec son job de façon aussi catégorique. Dans l’ensemble, Homecoming n’a pas le même impact que Mr. Robot (qui, lui, voulait carrément faire la révolution), mais c’est suffisamment bien écrit et monté pour se ranger parmi les séries à voir.
Crédits: Amazon Prime